Consommation de viande : moins et mieux

Partout, dans les médias, à la cantine, ou en famille, l’incitation à consommer moins et mieux de viande et de produits d’origine animale nous rattrape. Il n’est pourtant pas si simple de modifier nos habitudes alimentaires, qui jusqu’ici faisaient de la protéine animale la star des assiettes. Certains s’inquiètent également du devenir des éleveurs. Pourtant, les chiffres montrent que la consommation de viande des Français baisse petit à petit.
Par ailleurs, les scientifiques et les chercheurs sont unanimes, l’élevage, plus particulièrement intensif, met en danger notre environnement et notre santé.
Pour autant, il n’est pas forcément question de diaboliser la filière de l’élevage, ni d’arrêter de produire, ou de consommer de la viande et des produits d’origine animale. Ainsi que le propose le Réseau Action Climat, il suffirait simplement de repenser le système pour produire et consommer « moins et mieux ».
Leurs arguments et solutions vous intéressent ? Chez 66 Millions d’Impatients, nous avons engagé le dialogue avec eux sur le sujet en nous focalisant sur les enjeux de santé que soulève le débat… Et nous sommes également curieux de recueillir vos avis, si vous avez le temps de nous laisser un commentaire en fin d’article !

 

Quelques chiffres pour commencer
Les chiffres de l’Agreste font état d’une baisse de la consommation de viande pour la deuxième année consécutive. Elle passe entre 2019 et 2020 de 86kg/personne/an à 84,5kg. Dans l’ensemble, ces dernières années, la viande reine de nos assiettes reste le porc et nous avons consommé de moins en moins de bœuf et de veau mais de plus en plus de volaille. A titre de comparaison, nous consommons moins de viande que les Espagnols et un peu plus que les Italiens, pour nous hisser autour de la 20ème place dans le monde (rapport FranceAgrimer 2019).
Une enquête menée par le Réseau Action Climat et Harris Interactive nous en dit davantage sur les habitudes de consommation de viande des Français et corrobore la baisse constatée par l’Agreste. Elle indique notamment qu’environ la moitié des Français dit avoir réduit sa consommation de viande ces 3 dernières années et que 30% voudrait continuer sur cette voie au cours des 3 prochaines années. La santé arrive en tête des motivations qui incitent les Français à réduire leur consommation de viande (43%), devant le souci du bien-être animal (36%), les préoccupations environnementales (33%), ou le fait de vouloir réaliser des économies financières (33%). Et vous, quelle est ou quelle serait votre principale motivation ?
Autre chiffre éloquent : parmi les secteurs les plus polluants, l’agriculture est l’un des plus néfastes. En effet, en France, en 2019, 19% des émissions de gaz à effet de serre, en partie responsables du réchauffement climatique, étaient dues au secteur agricole, à la deuxième place derrière les transports (responsables à 31% – Chiffres issus du rapport sur l’état de l’environnement). Cela peut paraître étonnant, injuste, car il s’agit de nourrir la population mais c’est bel et bien une réalité et c’est pourquoi l’un des objectifs de la Stratégie nationale bas-carbone (SNBC) adoptée en 2020, est de diminuer les émissions du secteur agricole de 19% d’ici à 2030 et de 46% d’ici à 2050. En s’appuyant sur la compatibilité nationale, le Réseau Action Climat précise par ailleurs que 80% des émissions de l’agriculture française sont générées par l’élevage (voir la position Moins et Mieux du Réseau Action Climat).

 

Consommer moins et mieux de viande pour préserver des ressources vitales saines
Une bonne partie de l’enjeu de la réduction de notre consommation de viande et de produits d’origine animale consiste effectivement à prévenir le réchauffement climatique qui entraine dès aujourd’hui des catastrophes environnementales, dont la fréquence et l’intensité devraient encore s’aggraver à l’avenir. Cela dit, dans une perspective peut-être plus tangible, travailler sur une mutation vertueuse du secteur agricole peut sans aucun doute avoir des bénéfices sur notre santé.
Pour commencer, prenons un sujet que nous avons souvent mis en avant dans 66 Millions d’Impatients, à savoir la lutte contre l’antibiorésistance. En effet, bien que dans l’ensemble, le plan EcoAntibio mis en place en 2012 et renouvelé en 2017 ait permis une diminution générale du recours aux antibiotiques à usage vétérinaire, ce dernier a pourtant augmenté pour les volailles (lire notre article et l’article de l’ANSES sur le sujet), que nous consommons de plus en plus. Les conditions d’élevage intensif des volailles, entassées dans des hangars explique, en partie, le maintien de l’usage d’antibiotiques pour leur permettre de survivre.
En outre, réduire les cheptels permettrait également de limiter les cultures qui servent à les nourrir. Cela pourrait alors diminuer l’utilisation de pesticides, herbicides, fongicides, qui polluent les terres, l’eau, appauvrissent les sols, et mettent en danger la biodiversité, indispensable à la préservation de nos ressources vitales. Cette biodiversité est par ailleurs fortement malmenée en Amérique latine qui subit les ravages de la déforestation pour produire le soja qui sert à l’alimentation des volailles élevées notamment en France et dont la consommation, rappelons-le continue d’augmenter.
Benoit Granier, Responsable Alimentation au Réseau Action Climat, souligne que réduire les cheptels ne signifie pas qu’il faille mettre en danger les éleveurs : « Nous militons pour qu’il y ait toujours autant d’éleveurs, mais moins d’animaux, et avant tout moins d’élevages industriels. L’idée est de produire de la viande de meilleure qualité dans des élevages plus durables et extensifs, avec notamment du pâturage extensif pour les ruminants et du plein air pour les volailles. Pour maintenir des prix accessibles tout en rémunérant correctement les éleveurs, il faut revoir le système des aides accordées au modèle agricole puisqu’elles sont aujourd’hui largement au bénéfice des modèles de production intensive. ».

 

Consommer moins et mieux de viande pour préserver sa santé
Ainsi, le Réseau Action Climat ne plaide pas spécialement en faveur des régimes végétarien ou végétalien, mais propose simplement de consommer moins et mieux de viande et de produits d’origine animale. Or, il se trouve que cela va aussi dans le sens des recommandations de santé de l’OMS ou de l’ANSES qui ont mis en lumière des liens de cause à effet entre la consommation de viande rouge et de viandes transformées et le risque de développer certains cancers. Cependant remplacer la viande rouge par des viandes blanches n’est pas non plus une bonne solution puisque, la demande augmentant, ce sont de fait les élevages intensifs de volailles qui augmentent, offrant au consommateurs une viande de piètre qualité.
Pour manger moins et mieux de viande, il faut évidemment remplacer les protéines animales par des protéines végétales et en profiter pour augmenter la part de fruits et légumes frais. Précisons cependant pour ceux qui seraient radicalement convaincus par tous ces arguments, que se passer complètement de protéines animales suppose de compenser avec un nouveau régime alimentaire équilibré et d’envisager des apports en vitamine B12 (lire notre article : Peut-on devenir végétarien du jour au lendemain ?).

 

EN SAVOIR PLUS

Position Réseau Action Climat : Moins et Mieux : Un élevage et une consommation de produits animaux respectueux de la planète

2 commentaires

  • Faverjon dit :

    Quel serait le poids maximal de protéines animales par jour ? Meme question pour les proteines végétales ?

    Est ce que les études comportent des dosages des acides aminés pour vérifier les éventuelles carences ?

    Bcp de personnes sont dénutries : par manque d’argent, par choix. Comment leur apporter des proteines ?

    • Admin France Assos Santé dit :

      Bonjour, et merci pour votre commentaire.
      Il est difficile de répondre par des données exactes, les études suggérant parfois des chiffres différents. Notre conseil est de rechercher des conseils adaptés à chaque personne auprès des professionnels de santé, comme les nutritionnistes.
      Sur les chiffres liés à la durabilité environnementale, vous pouvez également contacter la personne du Réseau Action Climat, interviewée dans cet article, qui pourra vous conseiller.
      Très bonne journée,
      L’équipe France Assos Santé

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