Grossesse : prévenir certaines malformations avec la vitamine B9

Il naît chaque année, en France, 8000 enfants lourdement handicapés sur près de 800 000 naissances environ. Pourtant, la prise de vitamine B9 (ou folate), pourrait faire notablement fléchir cette tendance puisque cette vitamine participe au bon développement des cellules. Entendons-nous parler en France de ce sujet ? Bien trop peu. Et c’est ce que déplore un grand nombre de professionnels de santé, qui ont récemment fait entendre leur voix à travers celles de médecins spécialistes de la périnatalité et du handicap, signataires d’une tribune parue dans le Figaro du 5 octobre 2020. François Haffner, président de l’ASBH (Association nationale Spina Bifida et Handicaps associés) a également co-signé cette tribune. En effet, le spina bifida est l’une des malformations dont la prévalence pourrait diminuer jusqu’à plus de 70% en cas de prise de vitamine B9, au moins un mois avant la conception d’un enfant et durant les 3 premiers mois de grossesse (Etude The Lancet).

 

« La prévention n’intéresse pas les pouvoirs publics »

C’est le constat désolant que fait François Haffner qui se bat depuis 40 ans maintenant pour inciter à la prévention des risques de malformations fœtales par la simple prise de vitamine B9. Il constate que mis à part le rapport du ministère de la santé sur les 1000 premiers jours de la vie, qui évoque la consultation préconceptionnelle et la supplémentation en folate (p.48), il n’y a aucune campagne de communication ambitieuse envers les femmes en âge de procréer. Selon lui, il est essentiel d’informer, dès le lycée, les jeunes filles, sur la supplémentation en vitamine B9, afin qu’elles y pensent dès qu’elles ont un projet d’enfant. Le Dr Thierry Harvey, chef de service Maternité au Groupe Hospitalier des Diaconesses, Paris ajoute à ce propos que : « Les jeunes femmes et filles en âge d’avoir une vie sexuelle pourraient être sensibilisées aux risques notamment lors des séances de vaccination HPV ».

Pourquoi prendre de la vitamine B9 au moins un mois avant de tomber enceinte ?

L’idéal est de commencer à prendre de la vitamine B9 avant de tomber enceinte et pendant les 3 premiers mois de grossesse, car cette vitamine agit sur le développement des cellules. Cela permettrait de prévenir certaines malformations qui se produisent in utero, comme des cardiopathies congénitales, des malformations palatines et de la mâchoire, et bien sûr une grande partie des anomalies de la fermeture du tube neural chez le fœtus, qui ont lieu en tout début de grossesse et entrainent alors une malformation au niveau de la colonne vertébrale. Cette malformation appelée « spina bifida » s’accompagne souvent de lourdes séquelles, principalement neurologiques (Lire notre article sur le sujet).
La situation idéale, qui consiste à commencer à prendre de la vitamine B9 quelques semaines au moins avant de tomber enceinte, est très difficile à mettre en place, car dans les faits, une femme sur deux ne planifie pas vraiment sa grossesse. Pour celles qui ne l’ont pas prévue et dont l’enfant sera touché par le spina bifida, il est trop tard quand elle apprend sa grossesse. La malformation s’est sûrement déjà produite puisqu’elle a lieu entre le 21ème et le 28ème jour de grossesse. Le diagnostic ne tombera en général qu’autour de la 18ème semaine de grossesse.

A l’étranger, le message sur la vitamine B9 est pourtant bien passé !

Les Etats-Unis ont pallié à ce problème en ajoutant de la vitamine B9, depuis 20 ans, dans le blé et le riz. L’impact est efficace puisque le taux d’anomalies de la fermeture du tube neural est tombé là-bas à 0,3% pour 1000 naissances, contre un peu plus de 1 naissance sur 1000 chez nous. Mais en France, une telle pratique n’est pas envisagée par principe de précaution, même s’il n’y a aucun risque d’overdose avérée avec la vitamine B9.
D’ailleurs sans aller jusqu’à supplémenter le blé et le riz dans notre pays, on pourrait déjà imaginer s’inspirer des modèles de nos voisins européens. Ainsi que l’ont rappelé les signataires de la tribune parue du Figaro du 5 octobre dernier, en France, « seules 23% des femmes prennent de la vitamine B9 avant leur grossesse, indiquait l’enquête nationale périnatale de 2016, contre 45% au Royaume-Uni et 54% aux Pays-Bas, selon le registre Eurocat. ». Qu’est-ce qu’on attend pour se mettre enfin au diapason ?

Même le prix de la vitamine B9 n’est pas un frein

Aujourd’hui en France, sur prescription médicale, la vitamine B9 est remboursée à 65% par l’Assurance maladie. Selon François Haffner, passer ce remboursement à 100% serait un message fort envoyé par les pouvoirs publics, pour montrer qu’ils s’emparent enfin du sujet. Cela dit, le prix d’une supplémentation en vitamine B9 pour les femmes désirant un enfant n’explique pas la position de mauvaise élève de la France, puisqu’une cure de 4 mois coûte une quinzaine d’euros, et qu’étant remboursé à 65%, le traitement pour ces 4 mois ne revient donc pas à plus de 5€.

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