Rester positif en confinement

Voici plus 3 semaines que de très nombreux Français vivent en confinement. Une situation inédite et très impressionnante, que l’on vive seul, en couple ou en famille et qui nous oblige à réorganiser nos journées, revoir nos priorités, gérer notre stress, l’inconnu et les multiples informations, parfois contradictoires que nous recevons de toute part.
Et si malgré cela, on réussissait à rester positif et serein ? Voici quelques conseils pour y parvenir, prodiguées par le docteur Laurence Cécile Gozlan, médecin spécialiste et psychanalyste et également Secrétaire Générale Adjointe de l’Association des Psychanalystes Européens (APE).

SE TENIR À UN PROGRAMME QUOTIDIEN EN CONFINEMENT
vs LÂCHER PRISE

Les deux peuvent être utiles dans une telle période et il pourrait s’avérer très intéressant de faire ce que l’on n’a jamais fait dans sa vie, par manque de temps, comme de se mettre à pratiquer une activité physique le matin puisque l’on n’a plus à se précipiter pour déposer les enfants à l’école et arriver à l’heure au travail. Choisir une pratique qui met en avant la respiration comme le yoga, le tai chi, le Qi Gong, est d’autant plus intéressante si l’on est anxieux de façon générale et en ce moment en particulier.

De façon générale, c’est l’occasion d’essayer de nouvelles choses, de bousculer ses habitudes et ses certitudes, donc finalement de lâcher prise, même si on peut apprécier de garder des journées assez structurées. Notre chance avec internet est que nous avons accès à de nombreux savoirs et cours en ligne. Profitons-en !

RESTER LE OU LA MÊME
vs SE REMETTRE EN CAUSE PENDANT LE CONFINEMENT

Une telle situation est propice à des remises en cause. Cela ne veut pas dire que l’on rejette ce que l’on a été mais c’est une occasion de réfléchir à ses choix de vie et prendre le temps de leur donner un sens plus positif, voire de les réorienter le cas échéant. Cela peut sembler angoissant sur le moment car on peut être amené à prendre diverses résolutions pour la sortie de la crise avec la crainte de ne finalement pas oser les appliquer le moment venu. Cependant, combien de fois dans nos vies a-t-on une telle opportunité de réfléchir à nos choix de vie ? Il y aura de toute évidence un « avant » et un « après » par rapport à cette crise. C’est valable sur le plan collectif mais aussi sur le plan individuel.

SE REPLIER SUR SOI-MÊME
vs PROFITER DE SON CLAN (MÊME VIRTUELLEMENT SI ON VIT SEUL)

C’est très différent selon que l’on vit seul ou non. Une personne vivant seule est évidemment confrontée à sa solitude, parfois pesante, mais en cette période exceptionnelle, elle a finalement peu de contraintes par rapport à d’habitude et peut vivre les éventuelles remises en cause avec une grande souplesse et liberté, en se connectant à ses proches uniquement quand elle en ressent le besoin.

Quand on vit en couple, cette situation hors du commun peut faire ressortir des conflits sous-jacents car on vit en « frottements » permanents, là où d’ordinaire il y avait la soupape des activités extérieures. Mais on peut aussi prendre les choses de façon positive et décider ensemble d’apprendre à se découvrir ou se redécouvrir et faire de nouveaux projets pour le futur.

Enfin quand on vit en famille, finalement on peut être très occupé, entre l’école à la maison, le télétravail parfois très prenant, la gestion des courses, des repas, etc. ! Ce n’est pas si simple d’avoir le temps de se remettre en question. Mais là encore certaines familles, si leur emploi du temps le permet, peuvent réinventer leur mode de fonctionnement, prendre l’habitude de faire plus d’activités ou de jeux ensemble, répartir les tâches de la maison pour plus de solidarité, peut-être plus de conscience écologique, et bien sûr aussi, faire des projets de famille pour les mois à venir.

S’INFORMER TOUS LES JOURS
vs FAIRE DES DIÈTES NUMÉRIQUES ET MÉDIATIQUES

Il faut éviter de passer sa journée devant les chaînes d’information en continu qui ressassent finalement les mêmes contenus, parfois anxiogènes ou contradictoires plusieurs fois de suite. Si certains parviennent à garder du détachement face à des nouvelles inquiétantes, chez les sujets fragiles, cela peut augmenter l’anxiété générée face à la maladie et au confinement. Cela n’empêche pas de faire un point sur l’information une fois dans la journée évidemment pour se tenir au courant des nouvelles directives notamment. Mais là encore, on peut aussi profiter de cette « pause » collective pour couper quelques heures, voire, 1, 2 ou 3 jours, sa télévision, sa radio et ses réseaux sociaux et privilégier un bon livre, un bon film ou des activités manuelles. Cela permet de se laisser aussi du temps pour travailler sur soi et sur ses relations aux autres, au lieu de se laisser submerger par des informations répétitives. Si des événements importants doivent avoir lieu, nos proches pourront toujours nous en faire part.

ÊTRE TRÈS PRÉSENT AUPRÈS DE SES ENFANTS ADOLESCENTS
vs LAISSER LES ADOLESCENTS VIVRE LEUR VIE PENDANT CE CONFINEMENT

Relâchement scolaire, grignotage, boulimie d’écrans, c’est très difficile de gérer des adolescents en confinement. On sait que l’adolescence est une période où ils ont besoin d’être en lien avec leurs amis. De fait, il est sûrement préférable de lâcher un peu de lest en ce moment sur l’utilisation des réseaux sociaux pour leur permettre d’échanger entre eux. Peut-être auront-ils besoin de communiquer davantage avec leurs parents, mais si ce n’est pas le cas, il ne faut pas les priver de relations sociales pour autant. Et pourquoi pas les laisser organiser, comme le font les adultes, des soirées en visio-conférence avec leurs amis, en leur laissant de l’intimité. Ils peuvent aussi participer, par exemple, avec leurs amis, à des concerts virtuels sur internet.

VRAIES VACANCES SCOLAIRES POUR LES ENFANTS EN CONFINEMENT
vs MAINTIEN DE DEVOIRS QUOTIDIENS PENDANT LES VACANCES

Les enfants attendent avec impatience les vacances, d’autant que certains ont des journées de travail structurées et intenses en faisant l’école à la maison pendant le confinement. Il n’est pas question de les priver de vacances. C’est certain cependant que les activités scolaires permettent « d’occuper » les enfants intelligemment dans la journée. Les plus grands d’entre eux, qui ont des examens à la fin de l’année, continueront sûrement à travailler un peu chaque jour. Pour les autres, on pourra proposer quelques devoirs, raccourcir un peu la durée officielle des vacances, mais c’est important aussi de marquer une vraie pause, sans contrainte scolaire, pendant quelques jours. Lors de ces vacances, c’est important également que les parents libèrent du temps exclusivement pour leurs enfants et partager des moments légers en famille. C’est aussi l’occasion d’expliquer que l’on se fera de vraies belles vacances plus tard dans l’année et peut-être de réfléchir ensemble à de futurs projets de voyage.

MALGRÉ TOUS CES CONSEILS, COMMENT GÉRER LA MONTÉE D’UNE ANGOISSE PENDANT LE CONFINEMENT ?

Il peut être utile de s’y préparer et de réfléchir en amont à un petit rituel simple, basé sur une action agréable, à faire immédiatement si l’on sent que l’angoisse monte. Cela peut-être de prendre un bon bain chaud, de pratiquer une activité physique pour se défouler, d’appeler un ami toujours rassurant, de boire une boisson chaude réconfortante, de regarder son film préféré, de faire une méditation, de danser, de chanter, etc. L’important est de contrecarrer immédiatement l’anxiété naissante et ne pas la laisser s’installer.

De nombreuses lignes d’écoute associatives et institutionnelles restent plus que jamais actives ou se sont récemment constituées durant cette période de confinement.

France Assos Santé en a répertorié un certain nombre, classées par thèmes et également par pathologies, pour répondre aux questions spécifiques des malades chroniques durant cette période de crise sanitaire : https://www.france-assos-sante.org/actualite/lignes-decoute/.

 

Photo by Filiz Mehmed on Unsplash

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