Des impacts du rythme circadien sur la santé

Fréquence cardiaque, température corporelle, pression artérielle, production hormonale, sommeil, digestion mais aussi capacités cognitives, mémoire ou encore humeur : ces activités sont toutes gouvernées par des variations cycliques régulées par notre horloge biologique. Calée sur un cycle d’environ 24 heures appelé rythme circadien (du latin circa diem, « presque un jour »), cette horloge se situe au cœur de notre cerveau, dans l’hypothalamus.

Plusieurs indicateurs extérieurs agissent simultanément et permettent à notre horloge interne de se resynchroniser en permanence sur ce cycle journalier, comme l’exposition à la lumière, la température extérieure, l’alimentation ou encore l’exercice physique. Une partie importante des recherches en chronobiologie s’intéresse au rôle majeur du rythme circadien sur le bon fonctionnement de notre organisme et les conséquences possibles sur notre santé.

Troubles de l’humeur et dépression saisonnière

De nombreuses études ont démontré que les dérèglements du rythme circadien influent grandement sur le déclin cognitif, la dépression (saisonnière ou non), les troubles anxieux, le stress et plus généralement sur les troubles de l’humeur. L’exposition à la lumière ou à l’obscurité permet à nos yeux de transmettre un signal vers notre cerveau pour activer la sécrétion de diverses hormones.

Pendant l’hiver par exemple, la lumière du jour se fait plus rare et il est fréquent de constater un déséquilibre du métabolisme lié à une élévation de la mélatonine (connue sous le nom d’« hormone du sommeil ») durant la journée et qui peut engendrer un sentiment accru de fatigue, d’irritabilité ou encore d’appétit. C’est ce qu’on appelle les troubles affectifs saisonniers (TAS). S’exposer à la lumière du jour dès le matin permet une meilleure synchronisation avec son horloge biologique interne pour optimiser notamment la production de sérotonine qui intervient dans la régulation de l’humeur.

Dérèglement des horloges périphériques et obésité

Une désynchronisation du rythme circadien peut perturber notre métabolisme au point de favoriser l’obésité et détériorer la tolérance au glucose. Si la lumière constitue le synchroniseur de notre horloge principale, l’heure des repas est « un synchroniseur efficace des horloges périphériques. Des repas pris à des heures inhabituelles peuvent induire un état de désynchronisation interne », souligne Étienne Challet, chronobiologiste et directeur de recherche au CNRS de Strasbourg. Ainsi, des repas pris à heures fixes participent à la synchronisation de nombreuses horloges secondaires et aident à maintenir une balance énergétique stable.

Traitement de la maladie de Parkinson

Très perturbés par cette maladie, les cycles circadiens peuvent se resynchroniser en partie par une exposition biquotidienne des malades à une forte lumière comme l’ont démontré des recherches américaines. Cela permettrait de réduire la somnolence diurne excessive particulièrement fréquente dans cette pathologie, de diminuer les troubles du sommeil et d’améliorer l’état général des malades. Dans un article de 66 Millions d’Impatients consacré à l’activité physique adaptée des personnes atteintes de cette pathologie, Denis Obert, médecin spécialiste en médecine de réadaptation au Centre Gustave Zander, avait déjà expliqué que « notre système dopaminergique se met en route le matin avec l’exposition lumineuse [et qu’il] est donc fondamental, avant même d’envisager la pratique d’une activité physique, que les malades reprennent l’habitude de sortir chaque matin ».

Implication du sommeil dans l’apparition de diabète de type 2

Des recherches du CNRS ont établi l’implication du récepteur de la mélatonine, gène clé de la synchronisation du rythme biologique, dans le diabète de type 2. Ils ont constaté que certaines personnes présentaient des mutations rares qui modifiaient la structure du récepteur de la mélatonine et le rendaient ainsi non fonctionnel, avec un risque presque 7 fois plus élevé de développer un diabète.

Ces travaux pourraient mener à de nouveaux traitements du diabète ciblant l’activité de ce récepteur et le contrôle associé de l’insuline. Ils permettent également de mieux comprendre l’importance, pour prévenir ou contrôler le diabète, de respecter les rythmes circadiens naturels, de dormir suffisamment et de manger le jour plutôt que la nuit.

Chronothérapie et prise en charge du cancer

Si l’horloge centrale qui régule les activités de l’organisme est basée sur un cycle circadien, chacune des nos cellules possède également sa propre horloge interne. Or, selon une étude canadienne, les cellules cancéreuses n’ont pas une bonne horloge et les « resynchroniser » permettrait de ralentir leur progression. D’autres études ont démontré le rôle clé des horloges biologiques internes dans les traitements anti-cancéreux. Ainsi, certains médicaments inhibiteurs n’ont pas la même efficacité en fonction de l’heure où ils sont pris. C’est le principe de la chronothérapie et plus précisément de la chronopharmacologie qui étudient les effets des médicaments en fonction du moment de leur prise, pour optimiser leur efficacité.

Maladies inflammatoires et régulation de l’horloge biologique

Des chercheurs français ont mis en en évidence le fait que le mécanisme inflammatoire suivait un rythme circadien. En observant que les fonctions immunitaires de l’organisme varient en fonction du moment de la journée, les chercheurs se sont penchés sur l’implication d’une protéine spécifique de l’horloge biologique, la « Rev-erbα », dans la régulation de l’inflammation. Cette protéine joue un rôle essentiel dans le fonctionnement et la régulation du rythme circadien du cerveau, des tissus adipeux, des cellules du foie ou encore des muscles squelettiques. Cette découverte pourrait concerner d’autres pathologies et être utilisée par exemple dans le traitement de la péritonite, du diabète ou encore l’athérosclérose. Hélène Duez, chercheuse à l’Inserm souligne ainsi que « les résultats de cette étude pourraient ouvrir de nouvelles perspectives dans la prévention de ces pathologies. Ils offrent également des pistes inédites pour les chercheurs, notamment sur de potentielles améliorations de la qualité de vie et de la longévité des patients atteints par des maladies inflammatoires chroniques. »

Laisser un commentaire public

Votre commentaire sera visible par tous. Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Logo Santé Info Droits

Partager sur

Copier le lien

Copier