Handicap : les consultations blanches enfin remboursées en chirurgie-dentaire

Alors que la mesure est appliquée en médecine libérale depuis bientôt deux ans, le remboursement des consultations blanches chez les chirurgiens-dentistes n’est effectif que depuis ce 25 février 2024. Prévues pour les personnes en situation de handicap, ces consultations visent à rassurer les patients avant d’entreprendre des soins. 

Une visite chez le dentiste peut générer beaucoup d’appréhension, tout particulièrement chez les personnes présentant des troubles cognitifs et/ou de la communication. Pour elles, des consultations d’habituation dites « blanches » sont particulièrement indiquées afin de ne pas se retrouver en situation d’échec face aux soins. « En cabinet dentaire, les séances blanches consistent à fractionner les étapes intermédiaires avant l’acte en lui-même, et à prévoir plusieurs séances pour que le patient doucement s’habitue aux temps d’attente, puis à prendre place dans le fauteuil du praticien, à ouvrir la bouche, à laisser le dentiste y introduire un miroir, une brosse à dent, etc. », précise Aude Monnier da Costa, chirurgien-dentiste et présidente du réseau RHAPSOD’IF, qui coordonne l’accès aux soins dentaires pour les personnes en situation de handicap en Île-de-France. A compter de ce 25 février 2024, ces étapes seront valorisées à hauteur de 23€, dans la limite de 5 consultations blanches par patient pour une même séquence de soins préétablie. Avant cette date, RHAPSOD’IF, par exemple, finançait des consultations blanches à hauteur de 60€ et à raison de 2 par an et par patient, grâce à des subventions de l’ARS d’Île-de-France.

A noter que ces consultations blanches peuvent être associées à des dispositifs déjà existants, tels que la consultation complexe réservée aux personnes en situation de handicap sévère et valorisée à 46€, ainsi que le « forfait handicap » de 100€, applicable autant de fois que nécessaire dès lors qu’un acte est effectué. L’APF France Handicap se félicite de cette nouvelle tarification. Sa conseillère nationale santé, Karine Pouchain-Grépinet : « Cela va grandement améliorer l’accès aux soins dentaires pour les personnes en situation de handicap, quand on sait toute l’importance que revêtent ces soins. Une mauvaise santé bucco-dentaire a des retentissements importants sur la qualité de vie au quotidien, en particulier des personnes en situation de handicap : perte de goût, dénutrition, douleurs, baisse de l’estime de soi, repli social… ».

23€ par consultation blanche, est-ce suffisant ?

Certes, ces consultations concernent des patients qui nécessitent un accompagnement particulier et de prendre son temps (lire notre article sur le sujet). Le tarif de 23€ peut donc sembler insuffisant pour encourager les chirurgiens-dentistes à bien organiser des consultations blanches. La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) établit que 12 % des personnes en situation de handicap déclarent avoir renoncé à voir un dentiste alors qu’elles avaient besoin de soins, contre 8 % dans le reste de la population. Cependant, le tarif décidé par le législateur est à mettre en regard du déploiement actuel, dans chaque établissement médico-social, de référents dentaires, qui auront notamment pour mission de préparer les patients à leur venue dans les cabinets dentaires avec des séances d’habituation réalisées dans les établissements.

« Ce plan d’action prévu par l’ARS est ambitieux, et des moyens adaptés ont été mis sur la table. Si l’objectif est atteint, probablement les dentistes n’auront même pas besoin d’utiliser leurs cinq séances à 23€ », précise le Dr Monnier da Costa. Karine Pouchain-Grépinet ponctue cette bonne volonté d’un léger bémol, en notant que les ARS demandent désormais de désigner des « référents » dans les établissements médico-sociaux pour toute sorte de thématiques. Il y a des référents « dentaire », « vie intime, affective et sexuelle », « qualité », etc. Cela peut constituer un levier d’attractivité et de valorisation des métiers du médico-social, mais bien souvent, il est difficile de mobiliser des candidats car ces missions ne sont pas particulièrement rémunérées.

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