« La parole des personnes souffrant de troubles psychiques ou psychiatriques est facilement disqualifiée lorsque leurs droits ne sont pas respectés. », déplore Clément Bailleul, chargé de mission à France Assos Santé dans les Hauts-de-France.
Le respect des droits en santé mentale est un sujet trop souvent recalé mais qui, cette année, est bien heureusement mis en lumière au cours des Semaines d’Information sur la santé mentale (SISM), pour leur 32ème édition, qui se déroule du 4 au 17 octobre 2021.
Plusieurs délégations régionales de France Assos Santé se sont alors mobilisées autour de ce thème en s’associant à cet événement. « La santé mentale n’est pas un gros mot. Cela nous concerne tous et cela peut tous nous toucher. », rappelle Fanny Montant, chargée de mission chez France Assos Santé Occitanie. Effectivement, ainsi que le mentionne l’observatoire 2021 sur la santé mentale de la Mutualité Française, 64% des Français déclarent avoir déjà ressenti un trouble ou une souffrance psychique. Ce sont autant de personnes dont les droits doivent être respectés, même s’ils traversent une période où prendre des décisions médicales justes pour eux-mêmes devient parfois difficile.
Trois délégations particulièrement mobilisées autour des SISM cette année : Occitanie, PACA et Hauts-de-France
En Occitanie, où la santé mentale fait partie d’une orientation stratégique au sein de la délégation régionale de France Assos Santé, l’équipe a justement décidé, cette année, de communiquer sur les SISM via leur site et leurs newsletters. Dans le cadre de l’événement, et par le biais d’un groupe de travail en santé mentale qui se forme au sein de la délégation, deux dispositifs seront particulièrement mis en avant : les GEM (Groupe d’Entraide Mutuelle) et un service de l’ADAPEI65 qui travaille sur l’innovation en santé mentale.
La santé mentale fait également partie de l’orientation stratégique de la délégation de France Assos Santé en PACA, qui anime d’ailleurs aussi un groupe de travail sur le sujet, au sein duquel se regroupent l’UNAFAM, Famille de France, la FNAR, France Parkinson, l’AFPric, ou encore l’URAF PACA. « Pour toutes ces associations, il est évident que la santé mentale est un thème transversal qui touche tout le monde. En outre, puisque cette année, les SISM mettaient en valeur le respect des droits en santé mentale, France Assos Santé avait une belle occasion d’agir. », explique Thomas Roux, coordinateur régional de la délégation PACA. Il a donc été décidé de travailler à l’organisation d’une journée, gratuite, ouverte à tous, qui se déroulera le 12 octobre 2021 à La Coque à Marseille, uniquement en présentiel. Imaginée sous la forme de conférences, elle suivra un fil rouge très romanesque autour de 4 protagonistes, tous nés le même jour, à la même heure et qui, au cours de leur vie, vont rencontrer des « comètes » qui chambouleront leur vie du point de vue de la santé mentale. Une facilitatrice graphique synthétisera en image tout ce qui se dira au cours de l’évènement pour en faire une restitution en fin de journée. Il est également prévu deux outils d’animation, à savoir un arbre à idées Psycom sur les préjugés concernant la santé mentale ainsi qu’une boîte anonyme de témoignages. Un « after movie » (film court) sur la journée avec ses temps forts, les outils participatifs et les réflexions du groupe de travail seront mis en ligne par la suite.
Enfin, la délégation de France Assos Santé dans les Hauts-de-France qui anime une commission sur la santé mentale a également souhaité se mobiliser à l’occasion des SISM. Clément Bailleul, chargé de mission France Assos Santé dans la région précise que les représentants d’usagers concernés par la santé mentale demandaient depuis quelques temps de connaître davantage le secteur psychiatrique afin de mieux assurer leurs mandats et que les associations avaient également besoin d’informations sur le sujet pour répondre à leurs adhérents. Un café-rencontre est donc programmé le 15 octobre 2021 dans l’après-midi, au siège régional de France Assos Santé. Il est ouvert à tous, en présentiel et en distanciel et annoncé dans le programme officiel des SISM. Il est prévu d’y présenter le témoignage d’un usager qui été soigné dans différents services de psychiatrie et donnera son ressenti par rapport à ses droits, ainsi qu’un rappel sur les droits généraux des usagers qui évidemment s’appliquent en premier lieu aux usagers de la psychiatrie et sur les quelques points de droits un peu plus particuliers les concernant.
Santé mentale et stigmatisation
La santé mentale concerne tout le monde, directement ou indirectement, car au cours d’une vie, il n’est pas rare que tout un chacun traverse un trouble dépressif, des crises d’angoisses, suite, par exemple, à un deuil, un épuisement au travail, une maladie, etc. Or la stigmatisation des personnes qui sont dans une souffrance au niveau mental se met en place très rapidement. Nous vivons dans une société où l’on pense souvent qu’il faut privilégier la performance, le maintien des règles, et qu’il faut suivre le mouvement. C’est d’autant plus vrai dans le monde du travail. Pour preuve, souvent les médecins du travail recommandent aux patients qui ont traversé un épisode dépressif de ne pas l’évoquer sur leur lieu de travail !
Même en dehors du monde du travail, les troubles de santé mentale sont très souvent mal perçus. Citons l’exemple des personnes souffrant de douleurs chroniques, suivies en centre antidouleur avec une démarche pluri-professionnelle. On leur propose alors un suivi avec un psychologue car on sait que la douleur chronique peut entrainer une souffrance sur le plan psychologique. Cependant, très souvent, les patients répondent qu’ils n’en ont pas besoin parce qu’ils ne sont pas « fous ». Il faut pourtant bien comprendre que la santé mentale ne concerne pas seulement les personnes qui souffrent de maladies psychiatriques lourdes. La bonne santé inclut le bien-être qui implique de se sentir bien dans son corps et dans sa tête. On a tous une santé mentale particulière qui n’est pas forcément pathologique, mais qui mérite autant d’attention que la santé physique.
La stigmatisation quand on parle de santé mentale reste donc très forte, et c’est d’autant plus vrai pour les personnes qui souffrent de pathologies psychiatriques sévères. Malgré des progrès, le manque de personnel et de structure adaptée dans le domaine de la psychiatrie entraine encore trop de mépris face à la parole des malades, trop peu d’attention portée à leurs conditions de vie, de non-respect de leurs droits, voire de maltraitance. La décision médicale partagée et souvent négligée et même s’ils sont de moins en moins fréquents, les internements abusifs ont toujours cours et restent très tabous.
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