Pénurie d’amoxicilline et pénuries de médicaments à intérêt thérapeutique majeur : dernière occasion d’agir pour le gouvernement avec le projet de loi de financement de la sécurité sociale !

L’Assemblée nationale examine actuellement en seconde lecture le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2023. France Assos Santé appelle le gouvernement à réintroduire urgemment une mesure visant à sécuriser l’approvisionnement de médicaments anciens. Le contexte marqué par une pénurie majeure d’Amoxicilline destinée à une population pédiatrique rappelle de nouveau l’urgence à agir.

Bientôt à court d’amoxicilline, du nom de cet antibiotique le plus prescrit en France, et particulièrement chez les enfants ? C’est le scénario qui se confirme alors que l’épidémie de bronchiolite chez les nourrissons atteint des niveaux sans précédent depuis dix ans, ayant motivé le déclenchement du plan ORSAN EPI-Clim, le 9 novembre dernier par le ministère de la Santé.

Ce vendredi 18 novembre, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), qui avait déjà communiqué sur « les fortes tensions d’approvisionnement, prévues jusqu’en mars 2023 » de l’amoxicilline, notamment dans sa forme buvable, a émis de nouvelles recommandations. L’agence appelle carrément à limiter les prescriptions à cinq jours, contre dix habituellement, permettant ainsi de soigner non pas un mais deux enfants, et à donner des comprimés à dissoudre dans l’eau. Et même « à prioriser la dispensation à l’unité des spécialités dès que cela est possible ».

Dans les indications pédiatriques, l’amoxicilline représente 80 % de l’ensemble des prescriptions. Question : comment a-t-on pu en arriver là ? D’autant que cette pénurie affecte toute l’Europe, et même l’international. Pire, certaines alternatives thérapeutiques sont déjà signalées en rupture, comme c’est le cas en Belgique avec  ces pénuries concernant les médicaments anciens, dans lesquels se rangent les antibiotiques, sont de plus en plus fréquentes. Deux chiffres : les médicaments anciens représentent plus de 60 % des pénuries et, selon l’ANSM, le nombre de signalements de ruptures de stock, ou de risque de ruptures de stock pour les seuls médicaments d’intérêt thérapeutique majeur (MITM) est passé de 1 504 en 2019 à 2 446, l’année suivante.

Depuis le 30 mars 2021, la législation prévoit pourtant pour les industriels l’obligation de constituer des stocks de sécurité de leurs produits de quatre mois pour les MITM ayant fait l’objet de pénuries les deux années précédentes – l’amoxicilline est précisément dans ce cas. Nous sommes aujourd’hui face à un mur. Qu’en est-il ?

Engagé depuis plus de dix ans dans la lutte contre ces problèmes d’approvisionnement, France Assos Santé – le CISS, anciennement – appelle le gouvernement à réintroduire en seconde lecture, une des mesures de l’article 30 du PLFSS 2023, initialement prévue par l’exécutif, visant à « inciter les industriels qui disposent de produits remboursés matures et de produits plus récents à maintenir l’accès à leurs médicaments anciens ».

En effet, les revendications de prix élevés sur les nouveaux produits peuvent par ailleurs être accompagnées par des choix stratégiques de certains laboratoires pharmaceutiques de concentrer leur activité sur de nouveaux produits à forte marge et donc d’abandonner l’exploitation d’autres produits matures moins rentables. Une large étude effectuée sur la période 2012-2018 confirme que les médicaments anciens sont en effet les plus affectés par ces pénuries.

Tous les leviers doivent être activés pour limiter les pénuries et leurs conséquences individuelles et collectives. Cette fenêtre parlementaire est une occasion de dire haut et fort qu’il n’est plus possible de continuer à mettre en danger la santé de milliers de patients et qu’il est urgent de substituer à une politique de rationnement des médicaments une politique volontariste de lutte contre les pénuries.

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