« Les médicaments ne sont pas des produits ordinaires, ne les prenons pas à la légère. »

L’agence nationale de sécurité des médicaments (ANSM) lance une campagne d’information pour rappeler au grand public les risques associés au mésusage des médicaments et les règles à respecter pour qu’un traitement soit efficace. Catherine Simonin, Administratrice de France Assos Santé et de La Ligue contre le cancer, alerte sur l’importance de cette campagne.

Alors que la France est dans le peloton de tête des pays consommateurs de médicaments en Europe, une étude menée en 2022 par l’ANSM sur les « Usages et comportements relatifs à la prescription, la délivrance et la prises de médicaments » montre qu’ils sont trop souvent considérés comme un produit ordinaire.

Ainsi, selon cette étude, 3 Français sur 10 adaptent, par eux-mêmes, la dose ou la durée des médicaments qui leur ont été prescrits et 1 Français sur 5 prend des doses plus fortes ou prend plusieurs médicaments en même temps pour soulager plus vite les symptômes. Pourtant, pris ensemble sans l’avis d’un professionnel de santé, les médicaments peuvent interagir et avoir des conséquences graves pour la santé.

Bien que les médicaments soient prescrits ou conseillés pour une personne et puissent se révéler inutiles ou dangereux pour une autre, près d’un Français sur 2 donne un médicament à un proche car il a les mêmes symptômes. C’est même 1 sur 10 qui le fait systématiquement ou souvent.

Cette étude révèle également que 34 % des Français considèrent comme plutôt pas risqué ou pas du tout risqué de prendre un médicament périmé. Cependant, une fois périmé ou mal conservé, il peut perdre en efficacité ou être contaminé par des bactéries.

De fait, cette campagne, qui vise à nous interpeller sur l’usage de nos médicaments, rappelle 4 règles simples à observer impérativement :

  • Respecter la prescription ou le conseil du professionnel de santé (dose, fréquence, durée, etc.).
  • Utiliser uniquement des médicaments prescrits ou conseillés par un professionnel de santé, et non par un de ses proches.
  • Ne pas prendre plusieurs médicaments en même temps sans l’avis d’un professionnel de santé.
  • Faire attention aux modalités et à la durée de conservation des médicaments.

La campagne d’information lancée cette semaine par l’ANSM décline des messages qui paraissent évidents. Pourquoi est-elle importante pour les usagers de santé ?

Cette campagne est importante car en France nous avons banalisé le médicament. D’ailleurs, pendant la Covid, nous avons vu que les personnes exigeaient que le vaccin anti Covid soit efficace à 100 % sans effets indésirables. Aucun médicament ne peut répondre à cette exigence.

Cette campagne servira à montrer aux usagers de la santé qu’un médicament n’est pas un produit de consommation comme un autre. En effet, il sert à soigner les personnes malades dans le respect des recommandations qui comprennent les doses prescrites et la durée du traitement. S’il n’est pas pris dans le respect de la prescription, il peut devenir toxique ou bien inefficace.

Les professionnels de santé sont responsables de leurs prescriptions. Ils doivent donc donner une information complète aux patients en vérifiant que cette information est bien comprise, c’est un droit des patients.

Être bien informé nécessite d’obtenir un rendez-vous chez le médecin, or l’accès au système de santé est très difficile pour de nombreux usagers.

En effet, 11 % environ n’ont plus de médecin généraliste et consultent en urgence avec de grandes difficultés pour obtenir un rendez-vous. Cette situation ne facilite pas ce temps d’explication.

Quand les traitements sont prescrits pour soigner une maladie grave, les professionnels de santé devraient prévoir un temps d’éducation thérapeutique pour les patients afin de leur donner toutes les explications nécessaires : comment et quand prendre leurs médicaments et quels sont les effets indésirables possibles.

Les médecins en France prescrivent plus de médicaments que nos voisins européens et notamment des antibiotiques. Les patients ou les parents d’enfants malades sont demandeurs d’une ordonnance à chaque consultation. Quand une prescription n’est pas nécessaire, le médecin devrait l’expliquer aux patients. C’est lui qui est responsable de sa prescription.

Quels médicaments, considérés comme des produits de consommation ordinaire, sont délétères pour la santé en cas de surdosage ?

Le paracétamol est un médicament accessible sans ordonnance en pharmacie, alors qu’un surdosage peut entraîner la destruction du foie. Le pharmacien doit expliquer ce risque aux personnes qui en achètent sans ordonnance et rappeler la dose à ne pas dépasser. Sur les boîtes de Doliprane® un message d’alerte est mis en évidence en rouge : surdosage = Danger Risque de destruction du foie.

Mais tous les médicaments deviennent dangereux en cas de surdosage. Dans le cas des antibiotiques, si les doses et la longueur du traitement ne sont pas respectées, des bactéries deviennent résistantes aux antibiotiques. C’est un problème de santé publique. Pour cette raison il faudrait réaliser des tests rapides validés (TRODS) chez le médecin ou chez le pharmacien avant de délivrer des antibiotiques afin de réduire ce risque collectif.

Autre exemple : les compléments alimentaires. Achetés directement en pharmacie, ils peuvent être contre-indiqués avec d’autres traitements. Un des messages de la nouvelle campagne de l’ANSM est « Les épices ça marche bien quand on les mélange, pas les médicaments ». En effet, avant toute prescription, les usagers devraient donner la liste de tous les médicaments pris en automédication pour éviter tous les risques.

Quelles actions mènent France Assos Santé dans le domaine du médicament ?

Au sein de France Assos Santé, des membres des associations agréées et des représentants des usagers, siégeant dans des instances comme la Haute Autorité de Santé (HAS) ou l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament (ANSM), travaillent à la diffusion d’informations sur le bon usage du médicament. Ils défendent également son accès quand il présente un intérêt pour les patients, c’est-à-dire quand il est efficace, bien toléré et qu’il préserve la qualité de vie des patients.

Les médicaments ne sont pas des produits de consommation comme les autres, les professionnels de santé doivent les prescrire dans le cadre de recommandations validées scientifiquement et dans le respect des indications. Nous défendons la pertinence des prescriptions pour ne pas générer des effets indésirables graves, qu’ils soient individuels ou collectifs.

Liens utiles :

La base de données publique des médicaments permet au grand public et aux professionnels de santé d’accéder à des données et documents de référence sur les médicaments commercialisés ou ayant été commercialisés durant les trois dernières années en France. : https://base-donnees-publique.medicaments.gouv.fr

Les médicaments peuvent provoquer des effets indésirables. Pour en améliorer la prescription et protéger les autres patients, il est essentiel de déclarer ses effets indésirables à son médecin ou sur le portail des événements sanitaires indésirables : https://signalement.social-sante.gouv.fr/

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