Évaluez vos connaissances sur la recherche, le développement, l’accès et le remboursement des produits de santé

La Fédération Française des Diabétiques (FFD), via son Diabète LAB, propose, jusqu’à la fin du mois de septembre, une enquête en ligne sur les procédures concernant la recherche, le développement, l’accès et le remboursement des produits de santé, qu’il s’agisse des dispositifs médicaux et des médicaments, toutes pathologies confondues.

Savez-vous pourquoi les délais d’accès aux innovations sont si longs, comment leur sécurité est-elle évaluée, qui décide s’ils seront remboursés ou non ? La Fédération a décidé de s’emparer de ce sujet complexe pour évaluer le niveau des connaissances du grand public sur ce thème et propose en parallèle des outils pédagogiques pour une meilleure compréhension de ces procédures.

Manon Soggiu, Responsable des affaires publiques à la Fédération Française des Diabétiques répond à nos questions sur la mise en place de cette enquête quantitative et ludique, qui ne se contente pas de récolter des données, puisqu’elle dévoile aussi des explications au fur et à mesure du questionnaire, sous forme d’infographies.

Comment est née l’idée de ce projet ?

Manon Soggiu, Responsable des affaires publiques à la FFD : Ce projet, financé en partie par le fonds national pour la démocratie sanitaire, est né de la volonté de réconcilier deux aspirations parfois contradictoires. En effet, Il y a d’un côté, les patients qui portent le fardeau de la pathologie et ne visualisent pas très bien comment se passent les étapes de la recherche et du développement des produits de santé, ainsi que les décisions liées à leur remboursement et à leurs conditions d’accès. Ils sont lassés de devoir attendre parfois très longtemps pour avoir accès aux innovations.

De l’autre côté, se placent les régulateurs, à savoir l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), la Haute Autorité Santé (HAS), le Comité économique des Produits de Santé, ou encore la Caisse Nationale d’Assurance Maladie, qui veillent à ce que toutes ces procédures soient le plus sécurisées possibles pour les patients ainsi qu’à l’équilibre des dépenses du système de solidarité, et sont donc très exigeants dans les processus qui permettent d’entériner ou non les remboursements des produits de santé.

Entre ces deux groupes, les associations de patients interviennent pour vulgariser les informations et plaider pour l’accès aux innovations.

L’enquête est ouverte à qui et pour quels types de produits de santé ?

Manon Soggiu : L’enquête n’est pas réservée aux personnes diabétiques, elle est ouverte à tous, quelle que soit la pathologie qui l’intéresse ou le concerne, puisque ces procédures sont les mêmes pour tous les produits de santé. Par produits de santé, nous parlons ici aussi bien des dispositifs médicaux que des médicaments.

Nous avons parfois illustré l’enquête avec des exemples sur le diabète mais les questions posées et les informations que nous donnons tout au long de l’enquête, sans être exhaustives, sont applicables à d’autres maladies.

Effectivement, il ne s’agit pas d’une simple enquête mais également d’un outil pédagogique ?

Manon Soggiu : Tout à fait. L’enquête a une particularité, puisqu’au fil du questionnaire, où l’on pose un certain nombre de questions très concrètes et assez précises sur toutes ces procédures, on tente d’apporter, en parallèle, un maximum d’explications, sous forme d’infographies, aux personnes qui se prêtent à l’exercice. Peu importe que les participants répondent correctement ou non, sur la page suivante, ils ont accès à ces informations et également aux tendances des réponses des autres personnes sondées.

En complément, nous développons déjà d’autres outils pédagogiques pour expliquer au grand public toutes ces étapes et procédures. Il y aura ainsi deux vidéos, l’une sur la recherche et le développement et l’autre sur le remboursement et l’évaluation des produits de santé, ainsi qu’un rendez-vous en visioconférence autour de ces thématiques.

Il est vrai qu’en tant que patient, on a parfois l’impression d’être suspendus aux décisions des régulateurs…

Manon Soggiu : L’enquête révèlera à quel point les patients peuvent trouver ces procédures longues, fastidieuses, opaques, et dans certains cas même ont démissionné d’avance à l’idée de s’y intéresser tant cela est complexe. C’est effectivement sûrement le cas, car même si nous avons presque 1500 répondants à l’heure actuelle, la participation à cette enquête reste relativement faible comparativement à celles que nous menons d’ordinaire. Bien entendu, les résultats de cette enquête seront partagés avec les régulateurs pour espérer travailler ensuite ensemble sur une meilleure transparence et plus de pédagogie, si le besoin s’en fait sentir.

En ce qui concerne le diabète par exemple, de nombreux parents ne comprennent pas pourquoi les enfants, la plupart du temps en dessous de 6 ans, n’ont pas accès à certaines innovations. Là encore, nous leur expliquons qu’il n’y a pas forcément eu de travaux de recherche chez les moins de 6 ans, et que dès lors, rien ne prouve que les produits soient sécurisés pour eux. Il n’y a ainsi pas d’autorisation à les utiliser dans cette tranche d’âge. Davantage de pédagogie, de transparence permet à chacun de comprendre le pourquoi du comment et d’apaiser les frustrations, souvent nombreuses lorsque l’on est malade.

A l’inverse, souvent, la Fédération monte au créneau pour que les régulateurs écoutent davantage les patients ?

Manon Soggiu : Il est vrai que notre Fédération se bat très régulièrement, par exemple, pour faire en sorte que les innovations thérapeutiques soient remboursées aussitôt qu’elles sont disponibles sur notre territoire. On explique aussi au cours de l’enquête, comment la Fédération, et les associations de patients de façon générale, peuvent contribuer aux évaluations et au remboursement des produits de santé. Le Diabète LAB notamment participe grandement au recueil de l’expérience des patients sur l’utilisation des produits de santé, qui font ensuite l’objet de contributions écrites envoyées à la Haute Autorité de Santé, afin que cette dernière sache, par exemple, dans quelle mesure, tel ou tel dispositif améliore la qualité de vie des malades. Cela peut avoir un impact sur leur remboursement.

Il faut bien comprendre qu’une personne diabétique peut devoir mesurer sa glycémie, en piquant le bout de son doigt pour récupérer une goutte de sang, au moins 3 à 4 fois par jour, et de se faire autant d’injections d’insuline. Ainsi, si des appareils qui permettent d’alléger chacun de ces gestes quotidiens sont développés, même s’ils sont plus chers que les dispositifs existants initialement, ils améliorent considérablement la charge mentale, le confort, la qualité de vie des patients. Cela a été le cas pour un système qui est un petit capteur que l’on colle sur son bras pour 15 jours, qui est connecté soit à un petit appareil portatif, soit directement à son smartphone et qui permet de vérifier son taux de sucre en un instant, sans avoir à se piquer le bout du doigt. Ce dispositif avait été mis sur le marché en France sans être remboursé au départ, et la Fédération ainsi que d’autres acteurs à l’époque s’étaient fortement engagés pour encourager à y répondre et mobiliser les troupes.

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