Conséquences du cancer : les inégalités de prise en charge et de suivi persistent, dénonce la Ligue contre le cancer

Publication ce mardi 20 septembre 2022 de l’Observatoire sociétal annuel de la Ligue contre le cancer. Cette nouvelle édition s’intéresse à la prise en charge des conséquences d’un cancer ou de ses traitements. Le constat est sans appel : d’importantes inégalités subsistent face aux soins de support, qui ont pourtant fait leur preuve dans la prévention du risque de rechute, et l’accompagnement en général. Etat des lieux.

Quelle prise en charge et quel suivi chez les personnes qui vivent avec les conséquences d’un cancer ou des traitements, qu’elles soient physiques, psychologiques ou sociales ? C’est à cette double question que répond la Ligue contre le cancer dans l’édition 2022 de son Observatoire sociétal. Le résultat est édifiant, qui décrit un tableau pour le moins contrasté et inquiétant. Car si l’accompagnement, à la fois social (droits, aides financières, travail…) et non médicamenteux, qui regroupe l’ensemble des soins dits de support, comme l’activité physique adaptée, les thérapies comportementales et cognitives, la diététique, l’hypnose, l’acupuncture ou encore la kinésithérapie, est préconisé par les autorités de santé, ce soutien, donc, reste très aléatoire et loin d’être systématiquement proposé.

Le sport sur ordonnance trop peu diffusé   

Près d’un quart des patients (24 %) n’ont jamais été orientés vers des soins de support, malgré leurs séquelles, et parmi ceux qui le sont, 19 % ont dû y renoncer pour des raisons financières, d’accessibilité géographique ou de manque d’effectifs ou d’offre. Et si l’on s’en tient au seul exercice physique, dont on sait qu’il prévient jusqu’à plus de 30 % du risque de récidive, il n’est conseillé et prescrit que chez 26 % des personnes souffrant de fatigue chronique. « C’est pourtant le meilleur traitement recommandé », souligne la Ligue contre le cancer. Or ces inégalités, déjà dénoncées à maintes reprises, ne devraient pas s’améliorer avec le vieillissement de la population, qui plus est, ajoute Daniel Nizri, le président national de la Ligue contre le cancer, « dans un contexte de crise majeure de l’hôpital et de désertification médicale dans certains territoires ».

En termes d’accompagnement social, le constat est tout autant alarmant, sinon plus. « Parmi les personnes qui témoignent de craintes vis-à-vis de leur emploi ou de leur budget, plus de la moitié (51 %) n’ont pas été orientées vers un médecin du travail, un travailleur social ou un professionnel médico-social », note le rapport.

Un manque de continuité dans le parcours de soins

Le patient serait-il livré à lui-même ? L’image n’est pas si caricaturale si l’on prend en compte l’autre point noir mis en lumière par cet observatoire 2022, à savoir le manque de coordination entre les professionnels de santé – entre l’hôpital et la ville –, et son corollaire, à savoir la dégradation de la qualité de la prise en charge, alors même que ces personnes ont besoin d’être soutenues. Elles sont 53 %, selon l’étude menée par la Ligue contre le cancer, à avoir ressenti « au moins un manque de coordination entre les professionnels qui les accompagnent ». Et bien sûr, ces dysfonctionnements font le lit du renoncement aux soins de support, surtout chez les patients qui rencontrent par ailleurs des difficultés d’accessibilité financière et/ou sociale. Plus les professionnels de santé sont nombreux et coordonnés entre eux, plus le patient a de chance d’être orienté au mieux et de bénéficier de soins justes et adéquats. Sans surprise, là où ils sont en sous-effectifs, les conseils font défaut, creusant un peu plus les inégalités entre les usagers du système de santé.

Pour mémoire : 84 % des personnes ayant eu un cancer, quelle que soit son ancienneté, ressentent au moins une conséquence physique (douleurs, neuropathies…) ou psychologique (troubles de l’humeur, anxiété…) en lien avec la maladie ou ses traitements. Et parmi celles-ci, on trouve des profils plus récurrents que d’autres, à l’instar des femmes, des individus aux revenus les moins élevés ou dont le parcours de soins a été complexe. Dans ses conclusions, la Ligue contre le cancer demande aux pouvoirs publics « d’agir pour garantir à tous à l’égalité de soin et d’accompagnement ». Une requête qui, si elle n’est pas inédite, vient opportunément rappeler que les disparités ne se démodent pas et, qu’à ce titre, l’urgence à les corriger demeure d’une brûlante actualité.

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