Fin du défi 2025 : Et maintenant ?

Durant un mois, on a fait le maximum. Parfois peut-être calé ou dérapé, mais on a plutôt tenu le défi, et déjà observé qu’on ne s’en portait pas plus mal. Se pose la question de la suite. Si plusieurs options s’offrent à vous, il y a au moins une certitude : cette pause aura été bénéfique.

Point (temporairement) final ou point d’étape, quelle que soit votre décision à l’heure de lâcher janvier, et son défi, le solde de cette pause d’un mois dans votre consommation d’alcool est d’ores et déjà largement positif. « Nous savons que celles et ceux qui ont relevé le Défi de janvier en consommeront désormais, pour la majorité d’entre eux, à un moindre niveau qu’avant. Ils auront à la fois éprouvé les bienfaits de ne pas consommer d’alcool, ou moins, durant le mois, et boiront moins, ce qui protégera leur santé pour le futur », affirme Bernard Basset, le président d’Association Addictions France. Constat que partage le Pr Pascal Perney, chef de l’unité d’addictologie du CHU de Nîmes et coconcepteur de l’application Mydéfi, en s’appuyant sur les premiers résultats issus de l’analyse des données du défi de 2024 : « Les nouvelles habitudes prises pendant le mois de janvier sont conservées, au moins en partie, pendant les 4 à 5 mois qui suivent le défi ».

Contrairement à bien des régimes alimentaires, la pause d’alcool n’induit pas, une fois cette dernière levée, d’effet rebond. Exit ce risque, non seulement décourageant, mais délétère. « Ce n’est pas parce qu’on fait une pause en janvier qu’on va doubler ses consommations en février, assure Bernard Basset. Cet enseignement des études françaises confirme celui des études menées au Royaume Uni. » Meilleur sommeil, plus grande concentration, en premier lieu, mais aussi moindre stress, perte de poids, effet protecteur sur la tension artérielle qui baisse de 1 à 2 points : « Il y a des effets positifs à réduire sa consommation d’alcool, pas de négatifs », résume le président d’Association Addictions France.

En finir avec les clichés et la stigmatisation

Et même si les chiffres peuvent paraître abstraits, il convient, souligne le Pr Mickaël Naassila, addictologue au CHU d’Amiens et président de la Société Française d’alcoologie (SFA), d’en rappeler au moins deux. « L’alcool est impliqué dans plus de 200 maladies chroniques et est devenu la première cause d’hospitalisations », insiste l’auteur de J’arrête de boire sans devenir chiant, publié le 2 janvier dernier aux éditions Solar. Titre comme un programme, voire un (nouveau) défi quand on sait l’image qui est généralement associée à l’alcool, sous toutes ses formes, en l’occurrence celle du plaisir.

Fête et boissons alcoolisées vont de pair. Les publicités en faveur de ces dernières en sont l’accablante illustration, qui valorisent systématiquement leur côté gai et convivial, voire excitant et/ou aventureux, selon le taux d’alcool qu’elles affichent. Si l’on ajoute à ce matraquage l’identité culturelle liées à certains alcools, comme le vin et les spiritueux, et une indéniable tolérance sociale, il n’est pas toujours facile d’assumer un goût modéré pour ce type de boisson, sauf à prendre le risque de se faire taxé d’intrus, par le serveur, ou de bonnet de nuit, par les proches. C’est d’ailleurs ce qui a amené le Pr Naassila à prendre à nouveau la plume. « Je n’en peux plus d’entendre tous ces discours, y compris de la part de responsables politiques ou de personnalités médiatiques, qui contribuent à normaliser la consommation d’alcool, explique-t-il. Le stéréotype français selon lequel ne pas boire fait de vous un rabat-joie est très puissant. Mon livre, comme la rubrique Alcool Conso Sciences sur le site internet de la SFA, vise à diffuser plein d’informations scientifiquement validées destinées aux médecins, mais accessibles aussi au public. Contrer les fake news passe aussi par l’éducation. »

La vogue du « sans alcool »

Même si l’on n’a pas encore assez l’habitude d’entendre celles et ceux qui n’ont pas envie de boire de l’alcool, la mode du NoLo, qui désigne les boissons sans alcool ou à faible teneur en alcool, ouvre la voie à de nouveaux usages, en transformant les préférences des consommateurs. En vingt ans, l’offre alternative a d’ailleurs notablement progressé. « Aujourd’hui, entre 15 et 20 % des jeunes de 17 ans déclarent ne pas expérimenter l’alcool, contre 4,4 % en 2002 », déclare le Pr Mickaël Naassila, citant une étude de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), publiée en 2023. Les éditeurs ne s’y trompent pas, si l’on en juge par la foultitude de livres, aux couvertures et illustrations vives et joyeuses, qui sortent, proposant bonnes adresses sans alcool, mais « friendly », recettes de cocktails et accords plats et boissons 0 %, « pour un nouvel art de vivre », en osmose avec la tendance du moment portée sur le bien-être et la découverte de nouvelles sensations gustatives. Les alcooliers eux-mêmes s’engouffrent dans la brèche, en proposant désormais des boissons sans alcool. Vers un cercle vertueux ? Prudence, car ces alternatives nourrissent toujours le désir et/ou le besoin de boire, notamment chez les jeunes et les personnes alcoolodépendantes.

L’occasion de rappeler qu’une boisson sans alcool doit contenir moins de 1,2° d’alcool, ce qui signifie que certaines boissons étiquetées « sans alcool » peuvent en contenir un peu. « C’est le cas de certaines infusions comme le Kombucha, de même que les boissons à faible teneur en alcool (« Low alcool »), détaille Bernard Basset. Les boissons réellement sans alcool ne doivent contenir aucun alcool, à l’instar des bières 0.0. Mais c’est surtout le cas de l’eau du robinet ou minérale, ou de variantes avec un arôme qu’il faut préférer, en cas de doute. » A cet égard, attention avec les hard seltzer, ou eaux alcoolisées aromatisées, qui contiennent toujours de l’alcool.

Aller au bout du programme Mydéfi

Dans l’immédiat, une dernière option : pour les participants au défi qui souhaiteraient continuer à suivre le programme de coaching, via l’appli Mydéfi, « c’est possible, celui-ci étant d’une durée totale de trois mois », encourage le Pr Pascal Perney, son coconcepteur. Et, à vrai dire, il peut être intéressant de poursuivre au-delà de la limite du programme, juste pour tenir son journal de bord, tant en termes de consommation que de ressenti, pour mieux apprécier les bénéfices qui, au fil du temps, ne manqueront pas de s’additionner. « Les personnes ne bénéficieront plus du coaching, indique l’addictologue. Mais si elles veulent vraiment mesurer leurs progrès, elles peuvent aussi désinstaller le programme, puis le réinstaller et repartir ainsi du niveau de consommation où elles étaient arrivées. Elles recevront d’autres conseils et idées pour aller plus loin encore. » L’occasion de rappeler que ce programme reste disponible toute l’année. Défi de janvier ou non, il n’y a pas de bonne date pour le commencer.

La sobriété érigée en nouveau modèle ? On n’y est pas, mais il est toutefois possible, au soir du Défi de janvier, d’entretenir durablement les bénéfices que l’on a pu retirer de sa participation à l’édition 2025. Et de rappeler que l’eau reste idéale pour ne pas prendre de poids et conduire en toute sécurité, tout en faisant de réelles économies.

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