Journée Mondiale sans tabac oblige, focus en ce 31 mai sur l’Escape game tabac proposé par le Comité de Paris de la Ligue contre le cancer. Un espace game version jeu de cartes. Si le public visé est plutôt celui de jeunes fumeurs, principalement des lycéens et des étudiants, le format plaît aussi au public adulte. Le jeu connaît d’ailleurs un tel succès que les premiers 1 000 exemplaires du jeu ont déjà tous été distribués et qu’une seconde édition vient de sortir !
Pourquoi un Escape game sous forme de jeu de cartes ?
Très à la mode depuis quelques années, l’Escape game est un jeu d’évasion. Il se joue en équipes et consiste à sortir d’un lieu clos à l’intérieur duquel on devra résoudre des énigmes ou remplir des missions. Ce format de jeu est donc idéal pour être adapté à des fins pédagogiques. C’est exactement l’aventure dans laquelle s’est lancé, en 2018, le Comité de Paris de la Ligue contre le cancer pour imaginer un outil d’aide à l’arrêt du tabac. Sa première version est un escape game classique, qui se joue en salle et qui a vu le jour, après plusieurs mois de développement, grâce au soutien de la Cité de la Santé, située au sein de la Cité des Sciences et de l’Industrie à Paris, qui avait mis un espace à disposition de la Ligue pour recevoir les joueurs. A cette occasion, de nombreux partenaires de la Ligue sont venus tester le jeu et ont désiré pouvoir le dupliquer un peu partout en France.
« D’un point de vue logistique, dupliquer un tel jeu est assez compliqué. C’est pourquoi que nous avons eu l’idée de le transposer en jeu de cartes. Le Covid, malgré nous, nous a offert le temps nécessaire pour développer cette version de cartes à jouer », relate Florine Douay, coordinatrice au Comité parisien de la Ligue. Dans le format jeu de cartes, il s’agit d’avancer dans la partie, non plus en évoluant dans une salle avec des objets, mais en piochant des cartes qui donnent finalement le même type d’instructions, d’indices ou d’énigmes que ceux que l’on trouve dans l’escape game qui se déroule en salle. Le jeu à lui seul ne suffit évidemment pas à arrêter de fumer, mais il s’inscrit dans un ensemble d’outils d’aide, de prise de conscience sur le cheminement vers l’arrêt du tabac. Il a été validé par le Pr Bertrand Dautzenberg, pneumologue et auteur de nombreux ouvrages sur le tabac, et l’addictologue Anne Borgne. Plusieurs phases de test ont également été organisées, notamment avec la participation du collectif associatif du Mois sans tabac. Beaucoup d’addictologues et de tabacologues l’utilisent et son succès auprès des professionnels de santé est un bon indicateur sur sa légitimité à faire partie des outils d’aide à l’arrêt du tabac.
Un beau succès
La version en salle de l’Escape game avait déjà remporté un joli succès, mais le jeu de cartes fait l’unanimité ! Une seconde édition vient de sortir puisque les 1 000 premiers exemplaires ont déjà tous été distribués gratuitement à divers partenaires de la Ligue, dont ses Comités départementaux, mais également à des professionnels de santé en addictologie ou à des professionnels de la prévention du champ médico-social. Le jeu sert aussi volontiers de support lors des interventions de la Ligue en milieu scolaire et il devient un incontournable durant le mois de novembre dit « Sans tabac ». S’il est bien plus simple à dupliquer que la version en salle, la Ligue insiste sur le fait que le jeu doit absolument être animé par un game master, spécifiquement formé. Elle propose donc des formations gratuites, avec le soutien de l’ARS Ile-de-France et forme en premier lieu ses Comités départementaux qui, à leur tour, forment les personnes intéressées à proposer le jeu. « Nous formons des personnes qui ont déjà des bases en tabacologie, car le jeu en lui-même est un prétexte pour faire de la prévention et ponctuer la partie d’informations pertinentes, de messages percutants. Il est surtout essentiel de savoir comment générer des échanges avec et entre les joueurs au sujet du tabac », reprend explique Florine Douay. En effet, le game master devra savoir s’adapter à son public. En milieu scolaire, dans une classe où aucun élève ne fume, on abordera l’utilisation de la chicha ou de la puff, par exemple. Cependant, face à un groupe de joueurs tous fumeurs et désireux d’arrêter, on pourra mettre davantage en avant les substituts nicotiniques.
Le scénario du jeu
La partie, qui nécessite de 2 à 6 joueurs et dure 45 minutes, consiste à suivre Justine, une jeune femme qui prépare un marathon, voudrait se sentir moins essoufflée et envisage pour cela d’arrêter de fumer… Le jeu propose un plan de l’appartement de Justine où des indices, tels que des chiffres, des symboles, des énigmes, nous permettent de déterminer si sa motivation est suffisante, combien de cigarettes fume-t-elle par jour et ce qui pourrait l’aider à arrêter… On peut notamment compter sur le soutien de son colocataire Tiago, qui est parvenu à se sevrer un an auparavant lors du Mois sans tabac. Au fil de l’histoire, on égrène les bénéfices, mais aussi les craintes liées à l’arrêt du tabac ainsi que les méthodes pour y parvenir. Dans la mesure où le jeu s’adresse plutôt un à jeune public, les bienfaits mis en avant sont ceux qui vont le plus les toucher : avoir des dents plus blanches, une meilleure haleine, plus de souffle pour faire du sport, faire des économies, etc. Calculer ce que coûte l’achat des cigarettes à l’année ou parler des performances sportives des athlètes célèbres ont plutôt toujours de l’impact chez les jeunes. « On sait que la prévention avec des messages anxiogènes sur la santé ne fonctionnent pas, quels que soient les publics. A un moment de la partie, on propose quand même le visuel d’une cigarette en détails que l’on appelle l’autopsie d’un meurtrier, pour rappeler que la fumée de cigarette contient plus de 4 000 substances, souvent toxiques, dont au moins 70 connues pour être cancérigènes. Cependant, au cours du jeu, on ne déroule pas une liste exhaustive des problèmes de santé engendrés par le tabac », précise notre interlocutrice.
A différentes étapes, le jeu deviendra un prétexte pour découvrir par exemple le Kit du Mois sans tabac ou proposer de faire le test de Fagerström qui permet d’évaluer en six questions simples, sa dépendance physique à la nicotine. Dans tous les cas, l’objectif est toujours de susciter de l’échange. C’est d’ailleurs pourquoi une phase de « debrief » est vraiment indispensable à la fin d’une partie. Elle permet de revenir sur les moments-clés de l’Escape game et de laisser la parole aux participants pour exprimer leur ressenti et leurs expériences, qui pourront sans aucun doute servir à l’ensemble du groupe. Pour finir, l’animateur fera le point sur les dispositifs existants pour se faire accompagner à l’arrêt du tabac.
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