Depuis 2019, suite à la signature par les représentants des médecins et l’Assurance Maladie de l’avenant 7 à la convention médicale, on assiste au déploiement d’un nouveau métier dans le domaine de la santé : celui d’assistant(e) médical(e).
Son rôle est d’épauler le médecin, généraliste ou spécialiste, selon ses besoins, dans les tâches administratives, en le secondant lors des consultations ou dans la coordination du suivi des patients avec d’autres acteurs de santé.
En partie financés, sous certaines conditions, par l’Assurance maladie, ces postes ont pour principal objectif de permettre aux médecins de libérer du temps médical afin de recevoir leurs patients dans de meilleures conditions, de mieux organiser la coordination de leurs soins et également d’améliorer l’accès et les délais pour les rendez-vous médicaux, notamment dans les zones où la démographie médicale est en tension.
Qui peut devenir assistant(e) médical(e) et quelles sont leurs missions ?
Le métier d’assistant médical est ouvert à des professionnels soignants, comme les titulaires d’un DEI (Diplôme d’État d’Infirmier) ou d’un DEAS (Diplôme d’État d’Aide-Soignant) ou encore d’un DEAP (Diplôme d’État d’Auxiliaire de Puériculture), ainsi qu’à des personnes qui n’exercent pas comme soignants, parmi lesquelles on trouve notamment des secrétaires médicaux, qui sont assez nombreux à évoluer vers ce nouveau métier. Ces profils non soignants doivent alors passer le CQPAM (Certificat de Qualification Professionnelle d’Assistant Médical), dans les 3 ans qui suivent leur prise de poste.
Cette formation doit permettre aux futurs assistants médicaux d’acquérir les compétences nécessaires pour assurer par exemple :
- Des tâches administratives
- L’accueil des patients
- La création et la mise à jour des dossiers médicaux
- L’organisation de la télémédecine au sein du cabinet
- Une aide à la consultation pour effectuer par exemple le déshabillage des patients, la prise des constantes, etc.
- Un suivi de prévention concernant les dépistages ou les vaccinations
- La préparation ou la réalisation de certains actes techniques
- La coordination du suivi des patients avec d’autres acteurs de santé
J’ai été rappelée par le docteur Vincens pour qui j’ai été secrétaire médicale durant 7 ans, avant de prendre un congé parental. Elle m’a alors proposé un nouveau poste d’assistante médicale. Je ne connaissais pas ce métier, mais l’idée de me former, de me lancer dans une nouvelle aventure m’a tout de suite plu. En 10 mois de formation, à raison de 2 journées par semaine, j’ai pu renforcer mes connaissances sur le plan administratif et acquérir des compétences pour assister un médecin sur le plan médical. C’est vraiment bien plus stimulant que mon ancien travail de secrétaire médicale. Avant je me contentais de scanner les documents pour les ajouter au dossier médical, mais désormais je prends réellement connaissance des dossiers, je mets à jour les antécédents, je créé des alertes pour le suivi des patients, etc. Pour l’instant nous manquons de place pour que je puisse réellement recevoir en toute confidentialité les patients et « préparer » les consultations du Dr Vincens, mais nous cherchons à nous organiser dans ce sens. En outre, mon salaire a été revalorisé grâce à cette évolution professionnelle.
J’avais entendu parler du métier d’assistant(e) médical(e) dans des réunions entre collègues et des réunions syndicales et comme je savais que Fouzia avait envie d’évoluer dans sa carrière, qu’elle avait des diplômes universitaires non reconnus en France et un parcours professionnel hospitalier, je me suis dit qu’elle avait le profil pour ce poste.
Je me suis décidée à travailler en collaboration avec une assistante médicale car je m’installais dans un nouveau cabinet dans lequel je n’avais plus trop la main sur le secrétariat médical et parce que j’avais besoin de retrouver du temps directement consacré à mes patients. Aujourd’hui, malgré l’aide de Fouzia à mi-temps, je fais encore au moins une heure de travail administratif par jour. J’ai cependant pu réellement accueillir de nouveaux patients, dont certains qui n’avaient parfois plus de médecin traitant depuis plusieurs mois, voire plusieurs années. Je tiens aussi à ce que Fouzia puisse mettre en application ce qu’elle a appris en formation sur le plan médical et nous avons déjà pu organiser sa présence lors des consultations pour les enfants pour aborder les sujets de prévention, notamment les vaccins. J’aimerais qu’elle puisse également me seconder lors des consultations avec les malades chroniques ou lors des toutes premières consultations pour bien connaître ces dossiers.
Après une période d’alternance d’un an dans un cabinet médical parisien, alors qu’elle préparait un diplôme de secrétaire médicale, Karine est finalement restée dans le même cabinet, en basculant sur un poste d’assistante médicale. Elle a ainsi rejoint une équipe d’une dizaine d’assistants médicaux qui partagent leur temps pour épauler une trentaine de praticiens. Les assistants médicaux sont eux-mêmes secondés par un secrétariat médical qui filtre les nombreux appels quotidiens et permet aux assistants médicaux de mieux se consacrer sur les demandes plus « complexes » de certains patients. Karine n’a pas encore pu faire sa formation mais déjà elle apprécie les responsabilités qui lui sont confiées. Elle explique : « Au cabinet, nous recevons une formation solide sur notre poste qui m’a permis de diversifier mes fonctions par rapport au métier de secrétaire médicale. Nous assurons l’accueil et la sortie des consultations d’un point de vue administratif, ce qui représente une dizaine d’heures sur nos 35 heures de travail hebdomadaires mais cela s’opère dans un contexte de véritable écoute des patients. On s’occupe également des stocks du cabinet, de la coordination avec la sécurité sociale, etc. En fait ce sont les assistants médicaux qui gèrent le fonctionnement général du cabinet ! ».
Le Dr de Chanaud fait partie des médecins qui travaillent dans le même cabinet médical que Karine. Il commente : « Avant je travaillais seul avec un secrétariat à distance et je devais m’occuper de ma comptabilité, de préparer la salle de consultation, de faire le ménage… Depuis que j’ai rejoint le cabinet et grâce à cette organisation structurée avec des assistants médicaux spécifiquement formés, mon temps est uniquement consacré à la pratique de la médecine. A l’ouverture du cabinet, nous imaginions que les assistants médicaux pourraient nous aider en préparant les consultations (déshabillage, prise de tension, etc.) mais économiquement à Paris, ce n’est pas viable de bloquer deux salles pour un seul praticien. En outre, la valeur ajoutée pour le patient était faible car en médecine générale, les causes de consultations sont si nombreuses qu’on ne peut pas standardiser une « pré-consultation ». Il y a des situations où un déshabillage n’est pas utile par exemple. ».
Alice, patiente depuis plusieurs années au cabinet où travaillent Karine et le Dr de Chanaud note : « à quel point les orientations au niveau de l’accueil sont toujours très satisfaisantes. Les assistants médicaux connaissent parfaitement le fonctionnement du centre et peuvent répondre à beaucoup de mes questions. Il me semble d’ailleurs que c’est tout à fait pertinent que les médecins puissent être secondés par des assistants médicaux, comme c’est le cas depuis de très nombreuses années par exemple pour les dentistes avec les assistants dentaires. J’y suis très favorable. Cela se traduit par un confort global des usagers. J’ai accès rapidement à des consultations physiques ou en téléconsultation, il n’y a pas d’attente quand je viens, j’ai rapidement les réponses à toutes mes questions car la communication est fluide au sein du cabinet. Je n’ai jamais de doute sur le fait que la personne à qui je m’adresse soit qualifiée ou non. ».
Un financement de l’Assurance Maladie, sous conditions, notamment d’augmenter sa patientèle…
Il y a un certain nombre de conditions pour bénéficier de l’aide financière dégressive sur 5 ans et renouvelables, à l’embauche d’un assistant médical. Elle concerne tous les médecins libéraux (et désormais également les centres de santé), généralistes ou spécialistes (hormis quelques spécialités uniquement éligibles sur les 30 % du territoire où l’offre de soins est insuffisante), exerçant en secteur 1 ou 2, avec engagements de modérations tarifaires, pratiquant de manière regroupée ou dans une démarche d’exercice coordonné, à partir d’un certain niveau d’activité. L’objectif affiché étant de faciliter l’accès aux soins, le dispositif est renforcé dans les zones sous-denses sur le plan de l’offre médicale.
En contrepartie, et pour répondre clairement à cet objectif, les médecins qui signent avec leur Caisse Primaire d’Assurance Maladie un contrat d’aide financière au recrutement d’un assistant médical, s’engagent, pour les généralistes à augmenter le nombre de leurs patients qui demandent à les déclarer comme médecins traitants ainsi que leur file active (le nombre de patients vus dans l’année), et pour les spécialistes à augmenter leur file active. Les objectifs sont déterminés en fonction de la taille de la patientèle ou de la file active des médecins au moment de la signature de l’accord.
Les derniers chiffres de l’Assurance Maladie (mars 2022) au niveau national, pour l’aide au recrutement d’un assistant médical, font état de 2974 contrats signés (2340 généralistes, 634 spécialistes) et de 111 contrats en cours de signature.
Certains détracteurs s’inquiètent d’un financement de secrétariat médical déguisé. Cependant si un médecin veut faire évoluer sa ou son secrétaire médical vers la fonction d’assistant médical, il doit alors procéder au remplacement de son secrétariat médical.
En savoir plus sur le dispositif d’aide financière par l’Assurance Maladie : https://www.ameli.fr/paris/medecin/exercice-liberal/vie-cabinet/aides-financieres/aide-embauche-assistants-medicaux
L’exemple encourageant de la Seine-Saint-Denis
Marie Lafage Directrice de la gestion du risque à la CPAM de Seine-Saint-Denis, se félicite que la CPAM du 93 ait fait la promotion du dispositif dans leur département dès l’entrée en vigueur de l’avenant. Elle déclare : « La CPAM du 93 compte aujourd’hui 110 contrats en cours d’aide au recrutement d’un(e) assistant(e) médical(e), avec 90 généralistes et 20 spécialistes. Les retombées sont très positives puisque pour les 50 premiers médecins ayant recruté un(e) assistant(e) médical(e), en 2019 et 2020, nous avons calculé qu’il y avait eu une augmentation de 15 000 patients qui ont pu déclarer un médecin traitant. ». Ces chiffres placent la CPAM de Seine-Saint-Denis en tête des départements pour le nombre de contrats signés mais avec plus de 1 000 médecins éligibles au dispositif dans un département qui souffre de désertification médicale et d’indicateurs de santé très dégradés, la CPAM du 93 espère que plus de médecins encore seront intéressés. La CPAM continue d’ailleurs d’assurer la promotion du dispositif auprès des Maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP) et des Centres de santé, désormais éligibles au financement des assistants médicaux.
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