Faire front, tous ensemble, contre l’antibiorésistance

Le ministère des solidarités et de la santé a dévoilé le mois dernier sa stratégie nationale 2022-2025 de prévention des infections et de l’antibiorésistance.

L’antibiorésistance se traduit par le fait qu’une bactérie devient résistante aux antibiotiques, c’est à dire que ces derniers ne sont tout simplement plus efficaces contre certaines bactéries. Ce phénomène s’est accéléré avec l’utilisation massive des antibiotiques au point que désormais, la lutte contre l’antibiorésistance est devenue un enjeu de santé publique majeur à l’échelle mondiale.

Bon à savoir

La résistance aux antibiotiques est un phénomène naturel. En effet, certaines bactéries sont résistantes à certains antibiotiques de manière innée. D’autres, en revanche, échappent, par des modifications génétiques, à l’action d’antibiotiques auxquels elles étaient jusqu’alors sensibles. On parle alors de résistance acquise. Elle s’acquiert par une mauvaise consommation d’antibiotiques notamment une surconsommation. C’est ce dont il s’agit dans la lutte contre la résistance bactérienne aux antibiotiques.

En France malheureusement, étant les 4ème plus grands consommateurs d’antibiotiques au niveau européen, il est essentiel de nous responsabiliser face à ce fléau qui représentait en 2015, 125 000 cas d’infections à bactéries multi-résistantes et 5500 décès dans notre pays.

En tant qu’usagers, il n’est plus seulement temps d’attendre que le corps médical et les pouvoirs publics résolvent le problème. Ce problème est devenu celui de chaque citoyen, et nous pouvons agir chacun à notre niveau, car peu à peu, les infections contrôlées au cours du siècle dernier grâce à l’amélioration des mesures d’hygiène, à la vaccination et aux antibiotiques, sont à nouveau d’actualité.

Réduire les infections courantes pour réduire la consommation d’antibiotiques

La Covid-19 nous a appris les gestes barrière, il est indispensable de continuer à nous en servir pour lutter contre les infections courantes. En effet, moins il y aura d’infections, moins on utilisera d’antibiotiques. Le cas de la prescription inadaptées d’antibiotiques pour traiter l’angine est un sujet que nous avons abordé plusieurs fois dans nos colonnes (lire cet article par exemple), car la majorité des angines étant d’origine virale, les antibiotiques ne sont pas efficaces pour la traiter. Ils ne le sont que dans les cas d’angines plus rares (moins de 20%) lorsqu’elles sont d’origine bactérienne. Il existe un test rapide d’orientation diagnostique (TROD) pour savoir de quel type d’angine on souffre, disponible en pharmacie ou réalisé par son médecin généraliste, mais il n’est pas systématisé et malheureusement, dans le doute, il arrive encore trop souvent que des antibiotiques soient prescrits en première intention pour des angines virales. Précisons que le lavage régulier des mains est un des gestes les plus efficaces pour éviter la propagation des angines.

Ainsi, à l’instar de l’exemple de l’angine, rappelons que les antibiotiques ne sont pas efficaces sur les infections virales. Il est cependant important de lutter efficacement contre tous les types d’infection, même les infections virales comme la grippe, notamment grâce au vaccin, d’une part car il y a encore trop d’usage inapproprié d’antibiotiques pour ces maladies, d’autre part, car elles peuvent se compliquer avec des surinfections, bactériennes cette fois-ci, et qui nécessiteront alors une prise d’antibiotiques qui aurait pu être évitée.

Précisons que l’on peut être infecté par une bactérie résistante aux antibiotiques même si l’on est en bonne santé et même s’il l’on n’a jamais pris d’antibiotique de sa vie.

Tout faire pour éviter l’automédication avec les antibiotiques

Il est en outre important de ne jamais prendre d’antibiotiques en automédication ou de les conseiller à un proche, en terminant des boîtes qui resteraient d’une ancienne prescription. Il vaut mieux toujours les ramener à la pharmacie une fois son traitement terminé.

Notons à ce sujet, que parmi les actions proposées par la stratégie 2022-2025, l’une d’elles va changer les pratiques de délivrance des antibiotiques en pharmacie de ville afin d’éviter des consommations inutiles mais aussi pour réduire les risques de pollution de l’environnement et des eaux par des dispersions de déchets dans la nature. Désormais les pharmaciens pourront délivrer la quantité prescrite à l’unité, par exemple uniquement le nombre de comprimés ou gélules d’antibiotiques prescrites, et non à la boîte.

Bon à savoir

Le site Antibio’Malin est un excellent outil d’informations pour mieux connaître les infections et le bon usage des antibiotiques.

Antibio'Malin

Lutter contre les risques d’infections associées aux soins

1 patient hospitalisé sur 20 présente au moins une infection nosocomiale et 3% des résidents en EHPAD souffrent d’une infection associée aux soins. Ces infections sont la 4ème cause la plus fréquente de décès à l’hôpital et peuvent engendrer de graves séquelles pour les malades, sans compter les nombreux allongements des durées d’hospitalisations et examens qui en découlent, et qui génèrent un coût important pour la collectivité.

En outre, on estime que 63,5 % des infections à bactéries multi-résistantes sont des infections associées aux soins, c’est pourquoi ce type d’infections doit faire l’objet d’une attention soutenue.

En savoir plus sur la prévention des maladies nosocomiales

Bien sûr, la stratégie proposée pour les 4 ans à venir implique également, à tous les niveaux, les professionnels de santé, que cela soit en s’appuyant sur la formation initiale et la formation continue, la mise en place d’outils et le renforcement des bonnes pratiques dans les établissements de santé et médico-sociaux, afin d’améliorer significativement la prévention des infections et la lutte contre l’antibiorésistance.

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