Le quotidien des stomisés

80 000 personnes en France sont stomisées, c’est à dire qu’elles ont subi une opération chirurgicale consistant à faire affleurer, à la surface du ventre, l’intestin ou les uretères pour permettre l’évacuation à l’extérieur des selles ou des urines qui sont alors recueillies dans une poche externe. La plupart du temps, cela a lieu à la suite de cancers ou de maladies inflammatoires telles que la maladie de Crohn, ou à cause d’une incontinence. Les stomies digestives sont majoritairement provisoires pour un minimum de 3 mois, et les patients apprennent souvent à être autonomes pour les soins d’hygiène de cette poche qui est à changer et à vider le cas échéant.
La plus grande crainte des patients stomisés est d’être « odorants » ou de devoir faire face à des fuites, ce qui a pour conséquence, pour beaucoup d’entre eux, de s’isoler.  Une fois éloignées de la chirurgie et des traitements, les personnes stomisées qui sont en bonne forme, peuvent tout à fait travailler, avoir une vie sociale et des loisirs, comme le relatent les témoignages du quotidien de personnes stomisées, que nous avons recueillis sur 66 Millions d’Impatients.

Un(e) stomathérapeute aide les patients à accepter la poche et devenir autonomes rapidement

« Le plus difficile à vivre pour les patients c’est l’annonce de la stomie, même quand elle est a priori provisoire, et lorsque qu’ils voient la poche à leur réveil de la chirurgie et l’intestin qui affleure au niveau du ventre. Les premiers jours sont toujours très impressionnants. Les patients redoutent souvent de faire eux-mêmes leurs soins, mais en général, ils y arrivent tous. C’est en réalité un soin basique d’hygiène, qui n’est évidemment pas agréable car il s’agit de poches de selles ou d’urine mais ce sont des soins rapides à effectuer une fois que l’on a appris les bons gestes. », explique Marie-Claude Ligier, infirmière stomathérapeute au CHU Jean-Minjoz à Besançon. Toutes ces étapes méritent, en effet, une attention particulière et la prise en charge des patients par un(e) stomathérapeute qui accompagne l’équipe de chirurgie est essentielle. Dans les grands établissements, en général, la stomathérapie est correctement mise en place et le stomathérapeute travaille toujours de façon pluridisciplinaire avec les chirurgiens, les infirmier(e)s, les aides-soignant(e)s à l’éducation du patient, afin qu’il devienne autonome le plus rapidement possible. Il reste cependant des efforts à faire pour que partout en France, les personnes stomisés puissent toutes être pris en charge par un(e) stomathérapeute, à l’hôpital, en cliniques privées et en EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes).
Le protocole idéal, lorsqu’il s’agit d’une opération programmée, consiste donc en une consultation préopératoire avec un(e) stomathérapeute qui vérifie avec le patient s’il a bien compris la procédure expliquée par le chirurgien et la réexplique si nécessaire. Durant cette consultation, on montre le matériel, dont la poche, et on explique en quoi consisteront les soins. Les patients sont généralement rassurés par la « discrétion » des poches. Les questions sont toujours nombreuses, et le rôle du stomathérapeute est également de diminuer l’angoisse du patient. C’est également lors de cette consultation que l’on fait le repérage pour le chirurgien afin qu’il sache où effectuer la stomie. En effet, il faut éviter que la stomie soit placée dans le pli entre deux « bourrelets », afin de prévenir un décollement éventuel de l’appareillage et donc de « fuites ». Or la pire angoisse pour un stomisé est évidemment de subir des fuites fécales ou urinaires au niveau de leur stomie. Ne pas avoir confiance en son appareillage risque de provoquer l’isolement d’un patient qui n’osera plus sortir, ni voir personne. Après l’intervention chirurgicale, le stomathérapeute travaille avec le patient sur l’éducation des soins et aucun patient ne sort du service avant d’être autonome, sauf en cas de situation de handicap où le patient pourra alors bénéficier d’aide pour ses soins, si nécessaire.

« J’ai été accompagnée avant et après l’opération par une stomathérapeute. Cela m’a mise en confiance et je m’attendais à ce qui allait m’arriver mais le réveil a été quand même compliqué. Entre ce qu’on imagine et la réalité, il y a une grande différence. », témoigne Josette, 67 ans, de Besançon, stomisée depuis 10 ans suite à un cancer.
Retrouvez son témoignage en intégralité ici

 

Organiser sa vie avec une poche qui recueille les selles ou les urines, c’est le quotidien des stomisés

Toutes les poches en digestif ont désormais un filtre qui dure environ 12 heures et qui filtre les gaz et les odeurs. Cela signifie que si la poche est changée ou vidée correctement, la personne stomisée ne dégagera aucune odeur autour d’elle.
Selon l’endroit où la stomie est placée, les selles sont plus ou moins liquides, ce qui déterminera le type d’appareillage choisi. Selon les cas, les personnes stomisées changent ou vident leur poche plusieurs fois par jour. Par exemple, lorsque les selles sont moulées, il s’agit de changer la poche, en moyenne 2 ou 3 fois par jour. C’est un geste simple qui dure environ 5 minutes. En revanche, lorsque la poche est placée au niveau de l’intestin grêle, il s’agit de selles liquides pour lesquelles on utilise des poches à vider aux toilettes plusieurs fois par jour et qu’il faut changer quotidiennement. Les poches à vider sont conçues de telle façon que cela reste une opération propre et simple à effectuer.
Certaines stomies sont plus complexes que d’autres. Par exemple, si l’appareillage se décolle alors qu’il est posé sur une stomie effectuée sur l’intestin grêle, le patient souffrira de brûlures dues aux selles qui, à cet endroit de l’intestin, sont très liquides et irritantes. Heureusement, depuis que la stomathérapie se développe dans les services hospitaliers en France, il y a de moins en moins de cas de brûlures et de patients qui reviennent en urgence à l’hôpital à ce sujet, ce qui améliore évidemment beaucoup le quotidien des stomisés.
Avec une stomie, on peut se doucher, travailler, conduire sa voiture, nager (c’est évidemment plus discret pour les femmes qui peuvent facilement mettre un maillot de bain 1 pièce), skier, etc… Il vaut mieux cependant éviter de faire un sport violent et de risquer de prendre un coup sur la stomie qui reste une muqueuse et peut saigner facilement. Bien évidemment, l’intérêt d’être rapidement autonome par rapport à ses soins joue sur la qualité de vie des patients et leur capacité ou leur envie de reprendre leur vie comme elle était avant l’opération. Il peut arriver en effet que la stomie « lâche » et que l’appareillage se décolle. La fréquence du décollement de l’appareillage va en réalité varier selon les cas, c’est à dire selon la pathologie, l’anatomie du patient, l’endroit où a été effectuée la stomie, le type d’appareillage, la dextérité du patient à faire ses soins, etc. Certains patients auront très rarement des fuites et d’autres en vivent régulièrement. Il est donc très important d’être bien conseillé par un(e) stomathérapeute sur le choix de l’appareillage et pour prendre confiance par rapport à la gestion de sa stomie.

« J’évite les voyages en bus ou en avion qui sont, par stress interposé, créateurs de troubles intestinaux, mais malgré les diarrhées modérées, conjurées, où pas, je sors, je vais au cinéma, je vois mes amis, ma famille et je m’occupe de l’association. », explique Elisabeth, 73 ans, stomisée depuis 12 ans suite à un cancer et présidente de l’association URILCO, Les stomisés de Franche-Comté.
Retrouvez son témoignage en intégralité ici.

 

EN SAVOIR PLUS SUR LE QUOTIDIEN DES STOMISÉS AVEC :

10 commentaires

  • rocher véronique dit :

    Bonjour,

    Je suis formatrice dans une école d’auxiliaire de puériculture en Haute-loire.
    Dans le cadre de la formation nous faisons des ateliers pratiques.
    Afin de mettre mes étudiants en condition de travail, j’aurai besoin d’échantillons et ou de matériel de démonstration.

    Poches de stomies,
    supports,
    anneaux de protection

    Merci de votre aide potentielle, cela est très important afin de former de futurs professionnels compétents.
    Bien cordialement

    mes coordonnées
    ESCY – Véronique ROCHER
    16 bis, rue traversière. 43200 YSSINGEAUX

    • Admin France Assos Santé dit :

      Bonjour Madame, merci de votre commentaire.
      En tant que fédération d’associations agréées de santé, nous ne disposons pas de dispositifs médicaux destinés aux patients.
      Nous vous recommandons de contacter les pharmacies autour de chez vous, ou bien encore directement les industriels producteurs de dispositifs médicaux qui peuvent prévoir l’envoi d’échantillons.
      Bonne journée à vous.
      L’équipe de France Assos Santé

  • Calderini dit :

    C’est quand même l’enfer de vivre avec une poche . J’ai un cancer de la vessie , et je vais bientôt avoir une poche urinaire. Je vie plus , le moral dans les chaussettes .
    Il est impossibles de s’habiller correctement, de faire de la moto de vivre ….
    Bonne journée à vous

  • Muriel dit :

    très compliqué de vivre cela ..mon mari a une poche stomacale depuis une semaine et à vraiment du mal  » à l’accepter « …. il faisait de la moto , et était plutôt sportif , il n’a plus de force et est fatigué et démoralisé, j’essaie de le  » booster  » mais c’est vraiment compliqué !

  • Philippe dit :

    Bonjour Calderini
    Je me présente Murielle vivant à Marseille et j ai moi aussi un cancer à la vessie . Je dois suivre un protocole 8 instilations vesicales mais j ai la trouille vous souhaite une belle journée Murielle

  • SD dit :

    Octobre 2023, après des pertes de sang en allant à la selle et un scanner injecté, on m’annonce que j’ai un cancer de phase 3 au rectum.
    Neuf mois plus tard, après 10 séances de chimio (épuisantes) et 25 de radiothérapie, on m’annonce qu’il faut m’opérer et créer une stomie, la meilleure des choses pour moi, selon le chirurgien.
    J’ai néanmoins espoir en la radiothérapie de contact, même si ça doit passer par des phases douloureuses (rectum). Mais je n’y suis pas éligible à cause de ganglions qui résistent.
    Un mois après l’annonce, je suis opéré et me réveille avec un « sac » sur l’abdomen. C’est dorénavant comme ça que je vais devoir vivre. Et on repart pour 6 séances supplémentaires de chimio…
    6 mois après, dur de vivre avec une stomie. Crainte permanente de flux trop importants, renflement visible sous les vêtements, passages très fréquents aux toilettes, odeurs et le sentiment permanent d’avoir les mains dans la m… .
    J’ai très mal vécu l’annonce de la part d’un radiothérapeute, alors que je pensais être éligible à la radiothérapie de contact. J’avoue que ma première intention, sur le coup, a été de me suicider, mais la pensée envers ma famille et surtout la prise en charge psychlogique par une merveilleuse stomathérapeute m’en ont détourné.

    Je vis depuis avec, en me disant que c’est grâce à « ça » que je peux encore voir grandir mes petits enfants, mais la tristesse est là, celle de ne plus être comme j’étais avant, ou tout simplement pas comme les autres.
    Ma compagne est admirable, elle n’y prête pas attention, même lors de nos rapprochements sensuels et lorsqu’un gaz sort sans prévenir alors que nous sommes à table. Ma famille et mes amis m’encouragent, mais leur solidarité ne me touche pas.
    Pour moi, cette situation est difficile, très difficile…

    • Admin France Assos Santé dit :

      Bonjour et merci pour votre témoignage.
      Si vous recherchez du soutien et souhaitez partager votre expérience, nous vous invitons à vous tourner vers les associations spécialisées, notamment l’union nationale des stomisés.
      Bon courage à vous,
      Bonne journée
      L’équipe France Assos Santé

  • Salsano dit :

    Bonjour je suis porteuse d une stomie depuis 3 ans suite a un cancer canal anal je le vis très mal je ne sort plus seule juste pour mes rdv médicaux et même ça deviens de plus en plus dur je suis suivie par un psychiatre mais rien n y fais je cherche quel q un qui pourrait sortir avec moi la journée ( petite sortie faire le marché faire les boutiques ect ect ) je ne trouve pas d associations sur Marseille pour pouvoir rencontré des personnes dans la mème situation que moi

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