COVID-19 : à Montreuil, le lien social en première ligne

À Montreuil, une commune de près de 110 000 habitants limitrophe de Paris en Seine-Saint-Denis, les services municipaux se sont réorganisés très rapidement et ont travaillé avec l’aide de la population à maintenir un lien social, coûte que coûte, avec les plus vulnérables, les plus isolés, et en premier lieu les personnes âgées.

Un dispositif de soutien aux aînés a pu être déclenché très rapidement grâce aux leçons tirées suite à la canicule de 2003 et qui avait permis d’activer la mise en place d’un réseau d’entraide associé à un repérage des personnes âgées désireuses de faire partie du « fichier canicule » de la commune.

À ce dispositif s’ajoutent petit à petit de nouvelles actions de solidarité en faveur des publics les plus fragiles. Ce maintien du lien social et le réseau d’entraide est orchestré par le centre communal d’action sociale et largement soutenu par de nombreux habitants bénévoles.

Un soutien en urgence aux personnes âgées les plus fragiles

Le « fichier canicule » de la ville de Montreuil a permis de réagir rapidement dès les premières annonces du gouvernement en mars dernier, mais, ainsi que l’explique Nora Saint Gal, directrice générale adjointe des services de la Ville de Montreuil, il était nécessaire d’actualiser efficacement ce fichier pour être certain de n’oublier personne. Un formulaire de lien social a donc été mis en ligne pour permettre aux personnes isolées ou à leurs proches de signaler qu’ils ont besoin de soutien.

En parallèle, une semaine après le début du confinement, le recoupement de certains fichiers municipaux a également permis d’établir une liste de plus de 5000 personnes de plus de 70 ans, vivant à Montreuil, seules ou en couple et qui ont toutes été contactées par téléphone, grâce à un contingent d’agents municipaux volontaires et à des habitants bénévoles.

Identifier les principaux besoins des personnes les plus fragiles

Cette grande opération de contact téléphonique a permis de déterminer les besoins les plus urgents pour les personnes âgées. Pour eux, le plus compliqué à gérer depuis le début du confinement est de faire leurs courses, d’aller chercher leurs médicaments et, certains d’entre eux, souhaitent recevoir des appels réguliers pour garder un lien social. Au total, 450 personnes sont devenues bénéficiaires de ce que la mairie de Montreuil appelle un dispositif de lien social.

Les interventions d’aide aux personnes vulnérables à leur domicile ont évidemment été maintenues mais il a malheureusement fallu les prioriser un peu car les effectifs d’agents municipaux ont baissé, soit parce qu’ils ont des enfants à garder, soit parce qu’ils sont touchés par le COVID-19.

Cela n’a pourtant pas empêché la mise en place de nouveaux services comme la distribution de repas à domicile gratuits pour les personnes isolées, fragiles et en grande précarité, grâce à des conventions passées avec des prestataires extérieurs.

Élargir la liste des personnes les plus vulnérables

Alors que ce premier dispositif fonctionne désormais bien, les services de la municipalité s’interrogent aujourd’hui sur la mise en place d’un même modèle pour les personnes en situation de handicap. La mission handicap de la ville est évidemment en contact avec certaines familles mais dans l’ensemble, le repérage des personnes en situation en handicap et de leurs besoins spécifiques est plus difficile à établir, car la mairie ne peut pas se fier à un critère unique, comme celui de l’âge.

« Il faudrait également pouvoir identifier et aider par exemple les familles, notamment les familles monoparentales, avec peu de revenus. Parfois dans ces familles, le repas de la cantine peut représenter le seul vrai repas de la journée pour les enfants. Nous voudrions pouvoir apporter une aide alimentaire à ces familles. Une deuxième vague de besoins dans le cadre de la crise sanitaire est clairement entrain de s’exprimer. »

– Nora Saint Gal, directrice générale adjointe des services de la Ville de Montreuil

Une importante mobilisation bénévole sur la commune

850 habitants se sont portées volontaires à Montreuil. Tous ne sont pas encore affectés à des missions à ce jour, d’autant qu’il faut s’assurer de ne pas les mettre en danger en accomplissant certaines missions, et pour cela, il est essentiel de pouvoir mettre en place toutes les précautions nécessaires à leur sécurité, comme à celle des agents salariés.

Assez naturellement, ce sont les plus jeunes qui participent aux actions qui nécessitent d’être en contact direct avec d’autres personnes, comme, par exemple, la collecte alimentaire. Les bénévoles les plus âgés étaient contents de prendre en charge les appels téléphoniques aux plus vulnérables, depuis chez eux. Sur chacune des actions, la mairie veille au respect de l’application des gestes barrières et heureusement, l’étau se desserre petit à petit sur le sujet des masques puisque la ville réussit à s’en procurer davantage aujourd’hui et donc à envisager la mise en place de nouvelles actions.

Répondre aux besoins des plus vulnérables pendant la crise sanitaire : un coût important pour la collectivité ?

La mairie de Montreuil a encore du mal à faire des projections précises quant aux coûts de fonctionnement des actions mises en place durant la crise du COVID-19, car des dépenses spécifiques sont évidemment apparues, mais d’un autre côté, certaines dépenses habituelles ou liées à des actions qui n’auront finalement pas lieu, sont suspendues. Par exemple, les dépenses concernant la restauration scolaire ont beaucoup diminué et une réflexion est en cours pour réattribuer ces sommes économisées sous forme d’aide alimentaire. Cela dit, le plus gros poste de dépenses est lié aux salaires des agents municipaux et même si certains sont en arrêt pendant la crise sanitaire, les salaires doivent être maintenus. Dans la mesure du possible, les agents qui ne peuvent pas télé-travailler sont réaffectés sur des missions de solidarité, à condition de pouvoir assurer leur sécurité.

Santé en ville : comment la mairie s’organise-t-elle ?

Montreuil dispose de 4 centres municipaux de santé. Dans un premier temps, 2 centres seulement ont été maintenus ouverts, sur lesquels les équipes ont concentré leurs forces. Les consultations programmées non urgentes ont alors toutes été annulées. Cependant, peu à peu, le constat a été qu’il y avait assez peu de patients venant pour une suspicion de COVID-19, par rapport à la déferlante qui avait été anticipée et que les téléconsultations se mettaient également bien en place. Il a donc été décidé de donner la consigne aux médecins de rappeler leurs patients, notamment ceux qui souffrent de maladies chroniques, pour éviter des ruptures de soins. Il y a un vrai risque à la sortie du confinement de devoir rattraper toutes ces consultations et examens non effectués durant plusieurs semaines et de manquer de place pour tous en temps voulu.

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