Des patients en faculté de médecine qui enseignent aux étudiants

Corinne, 58 ans, souffre du syndrome de fatigue chronique depuis une dizaine d’années. Elle participe depuis 2018, en tant que patiente, à la formation des étudiants en médecine de la faculté de Lyon. Pour elle, ce type d’initiative, désormais inscrite dans la loi santé 2022, est porteur d’espoir pour les malades et devrait favoriser une meilleure écoute et une meilleure compréhension de leur quotidien par les futurs médecins, en dépassant le simple cadre de la théorie.

« Cela a été un nouveau défi pour moi, à travers lequel j’ai pu transformer ma maladie en moteur, en opportunité de participer à l’amélioration de la formation des futurs médecins. », déclare Corinne. Déjà bénévole au sein de l’Association du syndrome de fatigue chronique (ASFC), Corinne a repris il y a quelques mois le chemin de la faculté pour devenir une patiente-formatrice, toujours bénévolement, à la faculté de médecine.

C’est en assistant à une conférence sur les maladies invisibles en 2018 qu’elle a découvert que l’université de médecine Claude Bernard Lyon 1 avait besoin de patients pour les impliquer dans le cursus de formation des étudiants. Elle s’est alors immédiatement portée candidate et a commencé à intervenir à l’université de médecine de Lyon en 2018.

Il se trouve en effet que l’université Claude Bernard Lyon 1 avait pris les devants par rapport à la loi santé 2022, qui favorise justement l’implication des patients dans les facultés de médecine. À Lyon 1, un projet de recherche-action baptisé PACTEM pour « Patients Acteurs de l’Éducation Médicale » avait déjà été mis en place depuis plusieurs années. Pour préparer son intervention en amont, Corinne a reçu des consignes lui permettant d’appréhender comment elle allait participer à un TD proposé aux étudiants de 3ème année. « J’intervenais avec mon expérience de patient de manière générale, non pas en tant que patiente souffrant du syndrome de fatigue chronique uniquement, mais comme patiente souffrant de plusieurs pathologies. », précise Corinne. Dans un premier temps, les étudiants de 3ème année devaient donc réaliser un entretien avec une personne souffrant de maladie chronique puis transcrire cet entretien en un exposé oral. L’intervention de Corinne a consisté à assister à cet exposé, en un co-enseignement avec un professeur de la faculté de médecine, et à l’issue duquel elle et le professeur ont posé des questions aux étudiants pour les amener à faire avancer leur réflexion sur le sujet. Pour conclure, les étudiants devaient rendre un texte libre écrit qui a été relu et commenté par les patients-formateurs, dont Corinne, les professeurs et les étudiants.

Lors de ces travaux dirigés, Corinne est intervenue 4 demi-journées en 2018 et autant en 2019. Son état d’épuisement et sa fatigabilité liés à sa maladie ne lui permettent pas d’y consacrer davantage de temps, mais selon les cas, certains patients interviennent la journée entière, voire toute une semaine. Corinne est également intervenue auprès de futurs médecins généralistes. C’est un module qui leur permet de mieux appréhender une approche centrée sur le patient. L’intervention a toujours lieu sur le principe du co-enseignement avec un médecin enseignant de la faculté et le but est d’amener les étudiants à apprendre à remettre le patient au centre de la consultation et plus généralement de la relation, ainsi que de développer de l’empathie et une alliance avec son patient. Des jeux de rôles sont mis en place sur la base de situations réelles vécues par les étudiants.

Corinne précise : « Ce travail auprès des étudiants sur la relation patient-médecin me semble important. Le fait de leur parler de ma propre expérience, avec mes propres mots, permet peut-être de les sensibiliser sur des points concrets comme l’importance de l’écoute et du dialogue dans la relation patient-médecin, la prise en compte du ressenti du patient au-delà des aspects médicaux d’une maladie, et enfin l’intérêt d’amener le patient à être acteur de ses soins et de créer un partenariat patient-médecin où le patient puisse prendre du recul par rapport aux éventuelles injonctions dictées par son médecin. »

Toutes les facultés de médecine n’ont pas encore mis en place de tels programmes d’intervention des patients dans la formation de leurs étudiants, mais la loi santé 2022 doit à priori améliorer ce dispositif. Certaines facultés proposent des formations et une rémunération des patients-formateurs, ce n’est pas encore le cas à Lyon. « Ce dispositif a le mérite d’exister. Et au delà de l’intérêt pour la formation du personnel médical, il a l’avantage de permettre aux patients de donner un sens à leurs pathologies et de retrouver une place dans la société.  C’est ainsi que je vis cette nouvelle expérience. », conclue Corinne.

2 commentaires

  • silvia de paiva pereira dit :

    Bonsoir,

    J’ai 61 ans. Je me propose en tant que volontaire pour participer à ce programme à Paris où je vis.

    Comment faire ?

    Merci.
    Silvia

    • webmaster dit :

      Bonjour Silvia,
      Nous vous conseillons de prendre contact avec l’université de Lyon, où les responsables doivent très probablement avoir des informations concernant d’autres types d’initiatives de la sorte dans le pays, et espérons-le, à Paris !
      Bonne journée,
      L’Equipe de France Assos Santé

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