Kit de survie, volume 2 : « ce soir j’abuse un peu c’est vrai mais de toute façon, c’est connu que 2 verres de vin par jour c’est très bon pour la santé ! »

Pour ces fins d’années, nous proposons un  kit de survie aux repas de fête, où les conversations pleines d’idées reçues sont souvent légion. On a généralement dans nos familles, un tonton « réac » ou une tata acide, volontiers égoïstes voire, racistes et homophobes dont les sorties durant les dîners de fêtes de fin d’année nous font bondir et sont si déconcertants qu’ils parviennent même à nous clouer le bec. Cette année, on pourra sortir son mégaphone à table pour leur répondre avec aplomb, au moins sur quelques questions de santé, grâce aux arguments avancés par les associations de patients à qui nous avons soumis quelques phrases salées qui pourraient bien s’inviter à nos tables de réveillon. 

Contrer l’idée reçue : les arguments de la Fédération nationale des Amis de la santé avec Jean-Claude Tomczak, son président

« Les préjugés sur l’alcool ont la vie dure et véhiculer l’idée que l’alcool donne des forces, réchauffe, ou que 2 à 3 verres de vin seraient bons pour le cœur, sont en réalité des excuses pour en consommer. L’alcool est bien au contraire dangereux même en faible quantité, parfois dès le premier verre chez les personnes fragiles et notamment chez les femmes enceintes, qui, bien sûr, mettraient très sérieusement en danger la santé de leur enfant à naître. Le premier organe lésé par l’alcool est le cerveau, mais l’alcool s’attaque également au cœur, au foie, au système nerveux, digestif, etc. On assimile souvent le taux d’alcoolémie de 0,5 gr/litre de sang (taux de l’infraction au volant) à une consommation sans risque pour la santé sous cette limite : c’est faux.

Ce qui est désolant c’est que l’on n’insistera pas à proposer une cigarette à quelqu’un qui la refuse, mais que l’on culpabilisera souvent quelqu’un qui ne veut pas boire d’alcool et qui passera pour un rabat-joie alors que l’alcool est responsable de 41 000 morts par an. La consommation d’alcool en France est en effet la deuxième cause de cancer évitable après la cigarette et est également responsable d’autres maladies comme la cirrhose du foie, les accidents vasculaires, etc. C’est sans compter aussi tous les dégâts collatéraux dus à l’alcool (accidents de la route, maltraitance familiale, etc.)

L’alcool est dangereux dès la première prise et ce n’est pas uniquement la prise régulière sur plusieurs années qui est dangereuse. Il est donc nécessaire d’être tout particulièrement vigilant concernant les jeunes, avant 22 ans, d’autant plus que leur cerveau est encore en phase de développement jusqu’à cet âge. Chez les jeunes, l’alcool peut entraîner des lésions cérébrales qui auront un impact sur toute leur vie. De ce fait, il est réellement très risqué d’initier les enfants et les adolescents à boire de l’alcool pendant les fêtes en famille. Cela peut être immédiatement délétère pour leur santé, même à faible dose, et cela banalise la consommation d’alcool alors que les jeunes sont déjà nombreux à consommer de l’alcool en grand excès en soirée, avec leurs amis, en pratiquant ce que l’on appelle le « binge drinking ».

À l’âge adulte, boire occasionnellement n’entraînera pas forcément de gros soucis de santé, tant que l’on n’a pas de maladie ou de sensibilité particulière qui serait une contre-indication à la consommation d’alcool. En revanche, boire tous les jours, simplement 1 ou 2 verres quotidiennement, surtout quand il s’agit toujours du même type d’alcool (il vaut mieux alterner vin rouge, blanc, rosé, bière, cidre, etc. avec une journée sans alcool dans la semaine afin que le cerveau s’habitue moins rapidement), peut rendre une personne alcoolo-dépendante en 5 ou 6 ans en moyenne. Pour vérifier si c’est le cas, même si vous buvez peu mais tous les jours, essayez de tester de vous en passer durant une semaine, en incluant un week-end, car c’est surtout là que l’on se trouve des occasions, et observez à quel point c’est potentiellement difficile et si vous ressentez un mal-être, une forte frustration, c’est à dire en réalité un état de « manque ».

L’alcoolo-dépendance n’est pas seulement liée à la quantité d’alcool que l’on absorbe mais à la régularité de consommation et à la difficulté de s’en passer totalement. Notre Fédération est d’ailleurs partenaire de l’opération « Dry January » qui propose de passer le mois de Janvier sans boire d’alcool et est une bonne occasion de faire le point sur sa consommation et une éventuelle consommation abusive voire une dépendance. Il est à noter que c’est Santé Publique France qui devait soutenir cette opération mais elle a été annulée par Emmanuel Macron, sous la pression du lobbying viticoles ou plutôt des alcooliers. C’est donc un collectif d’associations et de sociétés savantes qui ont repris le projet (lire la lettre ouverte de France Assos Santé sur le sujet). »

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