Afin d’améliorer l’accès aux soins dentaires des publics en situation de handicap mental vivant en établissements médico-sociaux, l’ADAPEI 65 (Hautes-Pyrénées) et l’ADAPEI 12-82 (Aveyron et Tarn-et-Garonne) ont répondu ensemble à un appel d’offres de l’UNAPEI et ont mis en place dans leurs départements, depuis 2018, un projet de télé-odontologie qui concerne 600 patients chaque année.
Ce projet est évidemment mené grâce à l’UNAPEI, et d’autres ADAPEI sont également investies dans cette démarche en Languedoc Roussillon, Bretagne ou Nord Pas de Calais.
Dans les Hautes-Pyrénées, c’est Marion Duverger qui a été spécifiquement formée pour intervenir auprès des patients lors de ces téléconsultations qui vise à dépister d’éventuels problèmes dentaires.
La mallette du docteur du 21ème siècle
Certes Marion Duverger n’est pas docteur mais elle transporte désormais dans plusieurs établissements accueillants des publics en situation de handicap mental des Hautes-Pyrénées, une mallette un peu spéciale. Elle contient en effet un ordinateur dans lequel est intégré un logiciel spécifique ainsi qu’une caméra intra-buccale qui lui permettent de mener à bien des téléconsultations de dépistage dentaire. La caméra intra-buccale fait, à peu de chose près, la taille d’une brosse à dent électrique et possède à son extrémité, non pas une brosse mais un capteur vidéo.
Marion a reçu avec ses homologues de l’ADAPEI 12-82 (Aveyron et Tarn-et-Garonne), une formation animée par deux praticiens de la société e-dentech, qui fournit la solution et le matériel. Ils ont ainsi appris à manipuler la caméra et le logiciel. La consultation de dépistage est enregistrée puis les vidéos sont télétransmises à un dentiste qui les étudie dans un second temps. A l’issue de leur visionnage, le dentiste émet un compte-rendu qui intègre un score d’urgence compris entre U0, lorsqu’aucun besoin de soins n’est détecté, et U4, qui définit un foyer infectieux potentiel ou actif et nécessite donc une prise en charge urgente pour des soins avec un dentiste. Sur l’ensemble des patients vus dans les 3 départements, environ la moitié ont eu besoin de soins en cabinet dentaire. Ceux chez qui rien d’anormal n’a été dépisté ont donc économisé un trajet et une consultation en ville.
Sur son expérience, Marion Duverger précise : « La prise en main du dispositif, malgré la formation m’a semblé un peu compliqué, d’autant que je venais d’arriver à l’ADAPEI et qu’il s’agissait pour moi de mon premier contact avec des personnes en situation de handicap mental. Finalement, avec un peu de pratique, cela s’avère assez simple à manipuler. Les premières fois, une infirmière ou un infirmier de l’établissement restait avec moi mais aujourd’hui, il m’arrive de gérer quasiment seule les consultations, même si le personnel soignant de l’établissement n’est jamais loin. Cela dépend du patient, de son état de stress, du fait que je le connaisse ou non. »
Des téléconsultations dentaires pour des patients qui peuvent avoir des difficultés à se rendre chez un dentiste
L’objectif est de favoriser la prévention en matière de santé dentaire chez les adultes en situation de handicap présentant une déficience mentale de modérée à sévère et vivant dans des foyers d’accueil médicalisés, des maison d’accueil spécialisées et des foyers de vie.
Le choix de la télémédecine a été retenu pour eux car les déplacements jusque chez un dentiste est souvent compliqué à organiser. En effet, cela nécessite de mobiliser un à deux accompagnants, un véhicule, de gérer les temps de trajet, d’attente au cabinet du praticien, etc. En outre, certains établissements sont parfois assez éloignés et peuvent se trouver à une bonne vingtaine de kilomètres du premier cabinet de dentiste. Enfin, en se rendant directement en établissement, Marion Duverger voit une dizaine de résidents à chaque visite et si le jour de sa venue, l’un d’eux n’a pas envie de se rendre à la consultation, elle le verra tout simplement une prochaine fois. Cette souplesse serait plus difficile à envisager avec un rendez-vous fixe pris chez le dentiste.
Le suivi des patients pour les soins
Lorsque le dentiste détecte que des soins sont nécessaires, ce sont les infirmiers ou infirmières de l’établissement du résident qui gèrent la prise de rendez-vous, au regard du score d’urgence émis par le dentiste. La première année, en 2018, le suivi des soins n’avait pas été prévu dans le dispositif mais il a été mis en place en 2019, ce qui permettra d’avoir bientôt une première vue d’ensemble sur la prise en charge globale des patients et vérifier si les efforts déployés via la télémédecine portent leurs fruits pour permettre à tous les bénéficiaires d’être effectivement bien soignés.
Un bilan sur la prévention de l’hygiène dentaire déjà positif
Le projet prévoyait que les téléconsultations de dépistage soient également l’occasion de faire de la sensibilisation auprès des personnels des établissements concernant l’hygiène et les maladies bucco-dentaires. Un travail a été engagé notamment sur l’adaptation des brosses à dents et des dentifrices aux besoins des résidents. C’est une action qui a été très bien reçue et Marion confie qu’elle a senti ces derniers mois, que les sujets de l’hygiène et des soins dentaires devenaient de moins en moins tabous.
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