Assistance sexuelle : un usager témoigne

Willy est âgé de 51 ans. Il est atteint d’infirmité cérébrale motrice suite à un arrêt cardiaque à la naissance. Marié pendant plusieurs années à une femme, elle aussi en situation de handicap, il a divorcé il y a 12 ans. Après quelques années d’abstinence, Willy a décidé de recourir à l’assistance sexuelle. Il a accepté de livrer son témoignage au micro de 66 Millions d’IMpatients.

« J’ai recours à l’assistance sexuelle deux à trois fois par an. Je prends garde à ne pas faire appel aux services de la même personne afin d’éviter de m’attacher. Le premier contact avec l’assistante a lieu par téléphone. Je lui fais part de mes envies et elle m’indique de son côté les pratiques qu’elle est disposée à réaliser.

La première rencontre de visu est l’occasion de faire connaissance et de s’assurer encore une fois que nous sommes tous les deux raccords sur ce qui peut avoir lieu et ce qui est proscrit. L’accompagnement en lui même ne commence qu’à la deuxième rencontre. Chaque séance dure une heure à une heure et demi. On parle beaucoup, on se caresse et on fait l’amour. Le tarif est entendu dès le départ. Je paye entre 150 et 300 euros par séance, selon la prestation et selon l’assistante.

« Ma première expérience m’a permis de réinstaurer un relationnel beaucoup plus sain avec les femmes »

J’ai entendu parler de l’assistance sexuelle à l’adolescence lors d’un voyage scolaire avec ma classe en Hollande. J’étais hébergé dans un foyer où j’ai rencontré une autre personne en situation de handicap qui m’a expliqué que la pratique était légale et même prise en charge par les pouvoirs publics hollandais.

Après mon divorce, j’ai traversé une longue période sans pouvoir accéder au plaisir. J’étais devenu tellement frustré qu’à chaque fois que je discutais avec une femme elle ressentait mon envie et prenait peur. Ma première expérience d’accompagnement sexuel a eu cette vertu de considérablement me décontracter et m’a permis de réinstaurer un relationnel beaucoup plus sain avec les femmes.

« Quand l’assistante sexuelle vient me voir, je deviens un homme le temps d’un instant, loin de l’objet que les auxiliaires de vie ou les soignants manipulent »

Je ne comprends pas pourquoi l’assistance sexuelle rencontre tant d’opposition. Les personnes en situation de handicap sont des êtres humains comme les autres et ont besoin de tendresse, de caresses et de sensualité. Ça fait extrêmement du bien ces moments de tendresse. Quand l’assistante sexuelle vient me voir, je deviens un homme le temps d’un instant, loin de l’objet que les auxiliaires de vie ou les soignants manipulent.

J’ai bien conscience des problématiques de maltraitance liées à la prostitution. Il faut quand même rappeler que les assistants et les assistantes sexuelles ont choisi d’exercer cette activité de leur plein gré. Au point qu’ils ou elles se sont même formé(e)s pour ! Les pouvoirs publics français estiment qu’il s’agit de prostitution, je ne considère pas pour ma part que c’en est ».

Lien vers notre article « Assistance sexuelle : les pouvoirs publics encore trop frileux »

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