L’école à l’hôpital

Alors que des milliers d’élèves ont repris le chemin de l’école, pour d’autres, malades ou convalescents, c’est l’école qui vient à eux, à l’hôpital ou à la maison. L’Education nationale est ainsi présente pour eux et des associations, partout en France, se mobilisent pour apporter une aide supplémentaire à ces enfants écoliers et à ces jeunes, collégiens, lycéens et étudiants, pour leur éviter une rupture scolaire, pour qu’ils puissent passer leurs examens comme prévu et pour les soutenir dans leurs projets d’avenir.

CE QUE DIT LA LOI

L’article 351-9 du code de l’éducation prévoit que les enfants hospitalisés puissent bénéficier d’aménagements pour poursuivre leur scolarité. Elle précise : « Lorsque la scolarité d’un élève, notamment en raison d’un trouble de la santé invalidant, nécessite un aménagement sans qu’il soit nécessaire de recourir aux dispositions prévues par les articles D. 351-5 à D. 351-7, un projet d’accueil individualisé est élaboré avec le concours du médecin de l’éducation nationale ». Ainsi, dès lors que le médecin juge que c’est possible, il peut être proposé à un enfant hospitalisé, ou en convalescence à la maison, de suivre le programme scolaire prévu selon son niveau d’étude.

LES DIVERS DISPOSITIFS D’ÉCOLE À L’HÔPITAL

L’éducation nationale est ainsi présente dans de très nombreux établissements hospitaliers et s’organisent pour accueillir les élèves en cours collectifs, avec l’objectif de reproduire le plus possible l’atmosphère d’une salle de classe. Evidemment, les élèves y sont moins nombreux, il faut s’adapter à chacun par rapport à son niveau scolaire et par rapport à ses soins, et également prévoir des cours individuels pour les enfants et les jeunes qui ne peuvent pas quitter leur lit.

Un autre type de dispositif, organisé par département et qui dépend de l’inspecteur d’académie, permet de suivre les enfants malades ou convalescents à domicile : ce sont les SAPAD (service d’aide pédagogique à domicile).

Enfin, il y a de très nombreuses associations qui viennent en soutien de ces dispositifs et privilégient plutôt les cours individuels dispensés par des enseignants bénévoles. Michèle Leonardi, présidente de la FEMDH (la fédération pour l’enseignement des malades à domicile et à l’hôpital) qui regroupe 63 associations de bénévoles enseignants à l’hôpital ou à domicile partout en France, précise que tous les bénévoles ont une expérience en tant qu’enseignant ou qu’il s’agit par exemple d’ingénieurs compétents pour donner des cours de mathématiques, physique ou chimie. Tous travaillent en étroite collaboration avec les professeurs de l’Education nationale et les SAPAD.

Joséphine Piat, présidente de l’association l’École à l’Hôpital qui existe depuis presque 90 ans et dispense des cours individuels et gratuits aux jeunes malades de 5 à 25 ans en Ile-de-France, explique de son côté : « Nous entretenons de très bonnes relations avec l’Éducation nationale et travaillons vraiment main dans la main avec eux dans certains établissements comme Necker, Debré, Trousseau, etc., où l’on vient compléter, dans ces grosses structures hospitalières, l’offre scolaire de l’éducation nationale pour les niveaux collège et lycée. Dans certains hôpitaux, l’éducation nationale, par défaut de moyens, ne parvient pas à être présente et nous couvrons alors tous les besoins des élèves de 5 à 25 ans. Nous faisons également équipe avec les SAPAD et ils nous appellent quand ils en ont besoin. »

SANS CESSE, S’ADAPTER

Dans tous les cas, une grande souplesse est essentielle, car il faut penser qu’il y a les enfants hospitalisés pour de courts séjours mais qui reviennent parfois souvent et ceux qui restent longtemps à l’hôpital mais qui ont par moment à subir plus de soins ou de fatigue que d’habitude. La durée de prise en charge moyenne d’un enfant à l’hôpital en pédiatrie est d’un peu plus de 2 jours. C’est donc très court et on peut s’en réjouir car, la plupart du temps, cela n’impacte donc pas la scolarité. Cela dit, pour certains enfants, le temps d’hospitalisation est court, mais ils reviennent plus ou moins souvent pour des dialyses ou des chimiothérapies par exemple, et pour d’autres enfants encore, ce temps d’hospitalisation raccourci cache une convalescence, voire une hospitalisation plus longue à domicile.

Pour Joséphine Piat, le cours individuel est une vraie force. Elle explique qu’une heure de cours individuel équivaut à 2,5 voire 3 heures de cours classique car dans un cours individuel, l’enseignant s’adapte complètement aux besoins de l’élève pour faire du sur-mesure. Les cours ne durent pas forcément 55 minutes comme à l’école classique car il faut prendre en compte l’état de santé de l’enfant et sa fatigue éventuelle ; en revanche, les enfants osent demander, plus facilement qu’à l’école, aux enseignants de répéter les notions qu’ils n’ont pas comprises. Il arrive ainsi, précise Joséphine Piat, que grâce à l’école à l’hôpital, certains enfants intègrent des notions qu’ils n’avaient pas comprises jusque là en classe. Elle insiste : « Le but est que les enfants reprennent la classe normalement, comme s’ils n’étaient jamais partis de leur ancienne école. Il faut que nous leur évitions la « double peine », à savoir d’être malade en ayant parfois des traitements lourds et longs, d’être enfermé à l’hôpital et en plus de ne pas avoir le droit d’apprendre et de perdre parfois une année de vie scolaire. »

INÉGALITÉS D’UN HÔPITAL À L’AUTRE ?

Si pour l’Ile-de-France, Joséphine Piat constate que malheureusement, et à regret, il arrive que dans quelques établissements, ni l’Éducation nationale, ni eux ne parviennent à être présents faute de moyens et d’effectifs, Michèle Leonardi de son côté pense qu’en France, peu d’enfants finalement sont en rupture scolaire du fait de leur hospitalisation, que cela soit en établissement ou à domicile. Cela arrive peut-être dans des situations d’hospitalisation de courte durée dans des établissements où il n’y aurait pas de service de pédiatrie, quoique même dans ce genre de cas, pour la Haute-Savoie par exemple que Michèle Leonardi connaît bien, le SAPAD peut venir s’occuper des enfants ou appeler les associations pour qu’elles se déplacent et s’en chargent. D’après elle, dès lors qu’il y a un service pédiatrique dans un centre hospitalier, il y a soit l’Education nationale, soit les associations de bénévoles qui prennent le relai. Il y a bien entendu des départements où il est plus difficile de recruter des bénévoles mais il y a aussi des zones où les besoins sont faibles, comme à Périgueux par exemple puisque les enfants hospitalisés sont toujours redirigés vers de plus grands centres comme Bordeaux.

En revanche, et heureusement, c’est loin d’être la majorité des cas, Michèle Leonardi a pu constater que dans certains établissements le personnel hospitalier n’accueille pas toujours très bien l’école à l’hôpital car ils ont l’impression que cela les gêne pour les soins. Or il apparaît bien au contraire que la plupart du temps, l’école à l’hôpital fait partie intégrante du soin et aide les enfants dans le processus de guérison. D’ailleurs, dans une enquête réalisée en 2017 par l’association l’École à l’hôpital auprès de professionnels de santé, 95% des professionnels interrogés disent collaborer avec l’association et 92 % des soignants considèrent la proposition de cours comme composante du soin. D’après eux, cela a des bénéfices sur la confiance en eux des jeunes malades et sur leur moral.

DES ENFANTS ET DES PARENTS INQUIETS ET EN DEMANDE DE COURS À L’HÔPITAL

Joséphine Piat explique que l’une des premières questions des enfants et des parents, à l’annonce d’un diagnostic de maladie lourde, porte sur la poursuite de la scolarité. Les enseignants et coordinateurs sont là, dès le début, pour expliquer ce qui pourra être mis en place, comment ils vont pouvoir aider les enfants et les jeunes et que continuer sa scolarité et passer ses examens à l’hôpital est possible. La présidente de l’association ajoute que de nombreux enfants sont étonnés en rentrant à l’hôpital que l’on vienne leur dire que s’ils le veulent, ils peuvent avoir un cours de maths ou de physique-chimie. Le premier jour, ils vont peut-être décliner la proposition, mais quand ils s’aperçoivent que les journées à l’hôpital sont longues et qu’une fois que l’on a fait le tour des programmes télévisés ou de son ordinateur, on s’ennuie quand même un peu, ils s’intéressent à nouveau à l’école, surtout lorsque les enseignants précisent qu’ils peuvent avoir accès à des cours individuels, spécialement adaptés à leurs besoins et leurs envies.

En général, plus ils sont grands et plus les jeunes hospitalisés ont la conscience aigüe qu’ils commencent à poser des jalons pour leur avenir et s’inquiètent de perdre éventuellement une année dans leur scolarité. Les plus petits sont assez demandeurs pour avoir l’école à l’hôpital,puis la motivation par rapport à l’école pour les enfants malades commence à baisser vers le CM1/CM2 et il y a une baisse assez nette au niveau du collège. À partir du lycée en revanche, l’intérêt des jeunes hospitalisés pour l’école reprend, ainsi que le montre une enquête d’appréciation réalisée auprès des élèves de l’association l’École à l’hôpital en septembre 2016.

Il y a évidemment des cas où les enfants sont si affaiblis que le but n’est pas forcément de donner des cours mais de continuer à parler de scolarité avec les enfants ou les jeunes hospitalisés et d’entretenir chez eux l’espoir que c’est possible de reprendre des cours quand ils le pourront. Pour les enfants fatigués ou en souffrance, l’école à l’hôpital se fait plus discrète et reste surtout présente pour les encourager sans les forcer.

Côté supports pédagogiques, les outils numériques ont bien sûr fait leur entrée autant à l’Éducation nationale que dans les associations, mais Joséphine Piat constate qu’il n’y a pas forcément de WIFI dans les hôpitaux et a remarqué que certains professeurs évitent d’utiliser des ordinateurs ou des tablettes car à l’hôpital, les enfants sont déjà envahis par les écrans et que le cours devient ainsi une occasion d’humaniser la relation, de parler.

ÉVITER DE PERDRE UNE ANNÉE DE SCOLARITÉ ET RÉUSSIR SES EXAMENS, MÊME À L’HÔPITAL

Joséphine Piat rapporte le cas de Thibault, qui a été hospitalisé à l’hôpital Necker à Paris pour un cancer en janvier 2013. Il était alors en Terminale S. Dans son esprit, il s’était résolu à ne pas passer son bac en même temps que tous ses camarades en 2013. Les enseignants ont alors été le voir pour lui expliquer qu’ils pouvaient mettre en place des cours s’il en avait envie, ce qu’il a accepté. Les cours ont été organisés entre l’hôpital durant ses séjours et son domicile quand il rentrait après ses chimiothérapies. En avril, il lui a été proposé de passer les épreuves du baccalauréat en 2 temps, directement à l’hôpital. Thibault a donc passé une partie des épreuves en juin dans les murs de l’hôpital, aux mêmes dates que les autres élèves en France, puis il a passé les épreuves scientifiques en septembre et il a obtenu son bac en 2013 avec mention. Il a ensuite pris une petite année pour se reposer et, l’année suivante, il a entrepris des études de médecine.

TÉMOIGNAGES RECUEILLIS PAR L’ASSOCIATION L’ÉCOLE À L’HÔPITAL CES DERNIERS MOIS

Une maman sur Facebook le 1er juin 2018

Bonjour. Un grand merci à l’association qui a permis à Camille de remonter son niveau en maths et de passer dans la filière de son choix. Camille sera en 1ère ST2S grâce à vous ! On espère une affectation dans son Lycée sur Rambouillet ! Bonne journée et encore merci pour les cours à domicile et à Versailles lors de ses précédentes hospitalisations.

Un élève par mail le 18 juillet 2018 à l’enseignant bénévole

Bonjour. Je vous envoie ce message pour vous informer que j’ai passé l’épreuve du bac de français avec succès. En effet, j’ai obtenu 15/20 à l’écrit et 14/20 à l’oral. Le hasard a fait que je suis tombé sur Madame Bovary à l’oral… texte que nous avions grandement travaillé ensemble. Je tenais à vous remercier pour l’aide que vous m’avez apportée. Mon état de santé s’est grandement amélioré. Espérant que tout va bien pour vous et vous souhaitant de bonnes vacances.

Une maman par mail à la coordinatrice de scolarité de l’hôpital le 11 juillet 2018

Je souhaitais vous donner quelques nouvelles d’E. Depuis sa sortie de l’hôpital, E. a continué à progresser dans sa guérison. Elle va bien aujourd’hui, continue son suivi médical et psychologique et a brillamment réussi son retour aux études. Nous sommes très fiers d’elle, de ses progrès et de ses combats. Je tenais à vous faire partager cela et à vous remercier une nouvelle fois. Vous et vos enseignants avez participé à aider E. à se sortir de cette mauvaise passe et à ne pas, de surcroît, chuter scolairement. Grâce à vous, elle a pu poursuivre sa scolarité bien au-delà de toute espérance.

Un papa par mail à la coordinatrice de scolarité de l’hôpital le 4 mai 2018

Mesdames, Messieurs,
C’est aujourd’hui le deuxième jour de reprise d’Evan. Il a été évalué avec succès hier par son institutrice. Ce succès est en grande partie grâce à vous et toute votre équipe. Nous tenions Evan et moi à partager ce bon moment avec vous. A jamais vos débiteurs.

Une maman via le site de l’association le 5 février 2018

Je suis la maman de I. qui a été hospitalisée en décembre en pédiatrie pour son diabète. Elle a beaucoup aimé apprendre avec vous et nous avons eu elle et moi un bon contact avec vous. Elle voulait vous remercier personnellement, elle ne vous a pas oublié. Merci de faire ce que vous faîtes, c’est vraiment magnifique.

Un élève par mail à la coordinatrice de scolarité de l’hôpital le 13 décembre 2017

Je m’appelle Nicolas, j’ai 23 ans et je suis en formation par apprentissage pour devenir ingénieur travaux dans le BTP. J’écris cet email pour encourager le développement de l’Ecole à l’Hôpital.

Quelques jours après l’annonce de la maladie, la coordinatrice de scolarité de l’association s’est présentée à moi et nous avons fait connaissance. Malgré la complexité de ma formation en alternance, elle a su s’adapter. Elle s’est rapidement mise en contact avec ma pilote de promotion pour savoir comment je pouvais poursuivre à mon rythme mes cours. La meilleure solution était de travailler avec les outils de communication numérique (Internet, Skype, Facebook, Dropbox). C’est ce qui s’est mis en place et qui m’a permis de valider ma 2ème année de mon cycle d’ingénieur ainsi que de valider mes 1ères périodes de ma 3ème année. Mon école a été rassurée de pouvoir avoir une personne qui faisait le lien entre l’hôpital et leur administration tout en conservant le secret médical. Merci pour votre aide et bonne continuation.

DEVENIR ENSEIGNANTS BÉNÉVOLES OU FAIRE UN DON AUX ASSOCIATIONS
  • Association École à l’hôpital – SITE OFFICIEL
  • FEMDH (La fédération pour l’enseignement des malades à domicile et à l’hôpital) – Leur site officiel est en refonte mais l’association est joignable au 01 45 40 67 54 ou par mail à femdh@wanadoo.fr

1 commentaire

  • Laurens dit :

    – Marche à pieds même peu ( min.2 /semaine)
    – Tisane alcaline à boire journalièrement (2 gdes tasses min /jour) (fenouil, gingembre, pissenlit, ortie, anis étoilé, curcuma, thé vert, …)
    – Compléments L-Carnitine hospitalière, Co-enzyyme Q10, Glutalion,DHA, B Rhizome, Vit BC B1 B2 B12.
    – 6 respirations profondes matin/ midi et soir
    – Suivi psy
    – éviter : fromage lait vache, pain (préférer biscottes), éviter trop de pâtes blanches, yaourts vache et sucres transformé (préférer chocolats noir, noix, amandes, noisettes, abricots secs, figues sèches, dattes, mures, framboises, myrtilles …..)
    – Augmenter ++ apport Omega 3/6 (sardine, maquereau, foie de morue, huiles vierges, et les bonnes graisses (huile vegetale pression a froid, beurre cru..) qui ne ferront pas grossir car utilisees par l organisme

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