Les Lunatiques – mon séjour chez les fous

Les Lunatiques – mon séjour chez les fous

Composé de 32 chapitres assez courts qui se lisent indépendamment des uns des autres, le livre ne propose pas une narration classée par ordre chronologique, évitant ainsi l’écueil du journal ou du carnet de bord qui s’avère parfois rébarbatifs et en tout cas trop scolaire par rapport à mon intention d’inviter à un « séjour chez les fous ».

C’est en fait un livre qui est à la frontière entre le témoignage où le témoin raconte et le véritable travail d’écriture d’un écrivain. Mais surtout, il donne à rencontrer toute une société de personnes que le grand public ne connaît guère, par peur, le plus souvent, car la folie fait toujours peur, elle est si humaine, consécutive de notre humanité ! La préface de Philippe Pozzo di Borgo est un atout de plus pour accompagner le lecteur vers la découverte que propose cet ouvrage.

C’est un livre qui ne parle pas de médecine ni de psychiatrie à proprement parler car je ne suis pas médecin et encore moins psychiatre.

Chez Bayard, l’éditeur de l’ouvrage, il n’appartient pas à une collection ou à un genre précis. Il existe deux sortes d’ouvrages dans cette catégorie de livres : l’une est constituée des livres écrits par des praticiens qui parlent de leurs patients en changeant ce qu’il faut changer pour préserver leur anonymat, l’autre sorte est constituée des livres écrits par le témoin qui raconte son combat contre la maladie. Mon ouvrage est novateur, il constitue un type en lui même, en tout cas je n’en connais pas d’autres exemples (mais ma culture est limitée) : l’auteur raconte les rencontres qu’il fait lors de ses différentes hospitalisations et donne, donc, à son lecteur la possibilité de partager son expérience unique avec les autres personnes souffrant de troubles psychiques comme lui (sans oublier les soignants) qu’il côtoie. Ce troisième type d’ouvrages verra émerger, je l’espère, des auteurs qui raconteront les histoires de ceux qui comme les fous et les folles ne sont pas entendus.es ! Avec ce livre, je suis devenu la voix des sans-voix !

Une personne que j’estime énormément m’a donné le conseil suivant : « si quelqu’un était confronté à la souffrance psychique et n’avait pas le sens de l’humour, il devrait l’acquérir et vite ! ». Ce conseil rejoint les mots de Philippe Pozzo di Borgo et me permet d’achever cette autocritique sur une touche moins dramatique en disant que parfois le lecteur des Lunatiques pourra rire ou sourire, il n’y a pas dans cet ouvrage de misérabilisme ou de complaisance. C’est pourquoi ce texte fonctionne auprès de ceux qui l’ont apprécié.

Le tout dans un livre qui, par sa taille, par son illustration de couverture (Philippe Lardy), par son papier et sa typographie, est élégant. Je pousserais le trait à dire que cette élégance de la forme sied à l’élégance du fond.

Matthieu de Vilmorin

Les Lunatiques – mon séjour chez les fous, éd. Bayard, janvier 2018, broché. Préface de Philippe Pozzo di Borgo.

Matthieu de Vilmorin, 58 ans, marié, père d’un jeune adulte et actuellement Président depuis le 7 octobre 2017 de l’association Schizo ? … Oui ! Faire face à la schizophrénie, association nationale agréée par le Ministère des Solidarités et de la Santé. Son parcours professionnel est très diversifié et a été rendu parfois difficile car il souffre de crises de délire à forme mystique ou bouffées délirantes depuis l’âge de 23 ans (quatre crises au total, avec des hauts plutôt courts et des bas plutôt longs). Néanmoins, il a pu construire sa vie en transformant cet « excès de sensibilité » (c’est de cette manière qu’il appelait ses crises) en richesse ! Il lui a été en effet possible de se rétablir et de progresser malgré ou grâce à la maladie ! Aujourd’hui, il a pour habitude de partager son temps en deux parties : l’une à l’écriture et à sa vie de famille, l’autre à cette association qui lui tient à cœur. Il a eu le projet d’écrire dès l’âge de 15 ans, et a commencé à le faire à 19 ans mais sans avoir en fait beaucoup à dire à l’époque… ce qui l’a conduit à aller étudier dans le grand livre de la vie… C’est ainsi qu’il s’exprimait en partant pour le Brésil en octobre 1982. Voyage au Brésil qui l’a marqué à jamais puisque sa première crise eu lieu à Rio de Janeiro en août 1983. S’il a plusieurs manuscrits sous le coude, Les Lunatiques constitue son premier véritable livre.

4 commentaires

  • Lorraine Millerand dit :

     Jolie galerie de portraits croqués avec bienveillance, à lire sans modération.

  • Marie Dent dit :

    Merci à Matthieu de Vilmorin pour ce témoignage touchant et sincère et qui ose parler de ce sujet encore tabou qu’est la maladie mentale. J’ai particulièrement apprecié qu’à aucun moment l’auteur ne cherche à ce qu’on s’appitoie sur son sort. Il a trouvé le moyen de parler de sa souffrance et de celle de ceux qu’il rencontre, avec humour et respect. Un livre à lire, et qui est plein d’espoir.

  • Icar dit :

    Conformément à la loi «Informatique et Libertés» du 6 janvier 1978 modifiée, tu peux vérifier quelles informations nous avons sur toi, nous demander de les modifier, de les rectifier ou de les supprimer en demandant à tes parents de nous écrire à l’adresse suivante, en joignant une photocopie de leur pièce d’identité : Bayard (CNIL), TSA 10065, 59714 Lille Cedex 9.

  • du Fraysseix dit :

    Ce livre m’a apporté un regard nouveau sur cette maladie, avec finesse et humour. Je le recommande.

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