Améliorer la qualité de l’air intérieur devient un enjeu de santé publique

La qualité de l’air intérieur fait aujourd’hui l’objet de toutes les attentions des pouvoirs publics. Outre la prévention de la pollution de l’air intérieur dans les logements, les ministères de l’environnement et de la santé travaillent à la mise en œuvre progressive d’actions visant à assurer une bonne qualité de l’air intérieur dans les établissements accueillant du public. A commencer, évidemment, par les écoles et les crèches.

La dégradation de la qualité de l’air peut entraîner l’émergence de symptômes tels que maux de tête, fatigue, irritations, vertiges. Se calfeutrer chez soi est le bon réflexe en cas de pollution accrue à l’extérieur, conseillent certains médecins. Toutefois, contrairement aux idées reçues, l’air que l’on respire en habitat clos est « cinq à dix fois plus pollué qu’en extérieur ». Il y a plus de substances chimiques dans l’air de nos intérieurs qu’à l’extérieur, les études sont formelles sur ce point. A commencer par celle de l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI) qui indique que « la qualité de l’air intérieur devient une préoccupation légitime de santé publique »(1). Une étude de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) estime d’ailleurs à 19 milliards d’euros le coût annuel de la pollution de l’air intérieur en France.

80 % de notre temps passé dans des espaces clos

La qualité de l’air intérieur résulte essentiellement de trois facteurs : la qualité de l’air extérieur, les conditions de ventilation et les sources de pollution présentes dans les bâtiments. Chez soi, au travail où à l’école, nous passons « près de 80 % de notre temps dans des espaces clos où nous sommes exposés à des polluants d’origine diverse. Les enfants passent ainsi quotidiennement 25 à 40 % de leur temps en classe », remarque l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) qui vient de d’éditer un outil méthodologique « ECOL’AIR » pour sensibiliser les collectivités territoriales à ce sujet dans les établissements scolaires(2).

Un cocktail de composés organiques volatils et de moisissures

Parmi les 92 substances répertoriées par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB), figurent les composés organiques volatils (COV), à l’instar des formaldéhydes, du benzène et du toluène, que l’on trouve dans les peintures, solvants, colles, etc. Mais aussi les moisissures lorsqu’une isolation défaillante favorise le développement de l’humidité. Depuis le 1er janvier 2012, les industriels doivent afficher une étiquette précisant le niveau d’émission en polluants volatils à travers la mise en œuvre d’un classement allant de A (très faible émission) à C (forte émission) pour les  matériaux et produits de construction destinés à un habitat intérieur.

Ainsi, le formaldéhyde que l’on retrouve dans les panneaux de particules, de fibres, panneaux en bois agglomérés, émissions des livres, peintures en phase « solvant », fumée de tabac, doit faire l’objet d’un étiquetage. Ce COV est en effet classé par le Centre international de Recherche contre le Cancer (CIRC) comme « cancérigène certain pour l’homme »(3).

Les moisissures provoquées par l’humidité ont, quant à elles, besoin d’une température moyenne comprise entre 22 et 25°C pour se développer. En Europe du Nord, ces champignons microscopiques sont présents dans 20 à 40 % de nos habitats. Au Japon, une étude a ainsi permis de répertorier 34 genres fongiques différents dans les salles de bains.

Une surveillance accrue de la qualité de l’air

Le Centre d’étude et de recherche sur le béton (CERIB) s’est penché sur ce sujet en lançant une expérimentation sur le comportement du béton – matériau de construction le plus utilisé dans le monde -, vis-à-vis des COV et des moisissures. Concernant les moisissures, le CERIB a étudié six produits de maçonnerie, dont les bétons à travers l’application d’une suspension contenant cinq cultures de champignons. Aussi, après 28 jours d’incubation dans un environnement chaud et humide, le CERIB a conclu que « le béton a un comportement fongistatique, c’est-à-dire qu’il a la capacité d’empêcher le développement de ces organismes », explique François Jacquemot, responsable du pôle matériaux du CERIB. Concrètement, « les tests ont prouvé que le béton est très faiblement émissif de COV – ce qui le classe au niveau A+(2) -, et qu’il a un très bon comportement vis-à-vis des moisissures », affirme encore une étude publiée fin 2015 par le CERIB sur les interactions entre le béton et la qualité de l’air intérieur(4).

Le renforcement des règlementations à partir de 2018

En France, la prise de conscience par les pouvoirs publics de l’importance de la question de la qualité de l’air intérieur a été actée en 2004 dans le Plan national santé environnement (PNSE). La loi rend obligatoire la surveillance régulière de la qualité de l’air intérieur dans les établissements recevant le public (ERP).

L’entrée en vigueur de cette nouvelle mesure sera progressive. Selon l’ADEME, les collectivités territoriales devront la mettre en œuvre à partir du 1er janvier 2018 pour les établissements d’accueil collectif d’enfants de moins de six ans, les écoles maternelles et élémentaires. Viendront ensuite les centres de loisirs et les établissements d’enseignement ou de formation professionnelle du second degré à partir du  1er janvier 2020. La surveillance de la qualité de l’air intérieur dans les crèches et établissements scolaires sera considérablement renforcée : « elle repose sur une démarche en trois volets : – l’évaluation obligatoire des moyens d’aération de l’établissement ; la mise en œuvre – vivement recommandée – d’un programme d’actions de prévention  de la qualité de l’air  ainsi qu’une surveillance de la qualité de l’air, en l’absence de programme d’actions ou en cas de besoin », explique l’ADEME.

Philippe MOREAU
Usager du système de santé, retraité de la fonction publique


(1) www.oqai.fr
(2) www.ademe.fr
(3) www.iarc.fr/indexfr.php
(4) www.cerib.com

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