Avoir les mains ou les pieds particulièrement moites au point de pouvoir à peine tenir un volant pour conduire, essuyer régulièrement des gouttes qui perlent sur le front, voire l’ensemble du visage, devoir prendre plusieurs douches par jour, avoir des auréoles systématiques sur les vêtements au niveau des aisselles… C’est parfois le quotidien de personnes qui souffrent d’une transpiration excessive, appelée hypersudation ou hyperhidrose.
Normalement, le corps produit environ 0,5 litre de sueur par jour, en dehors d’épisodes d’efforts physiques particuliers ou d’exposition à la chaleur. Cependant chez certains, la transpiration est plus importante, parfois très gênante. Les personnes qui en souffrent peuvent être confrontées à une gêne sociale invalidante, qui peut avoir des répercussions sur leur bien-être et donc leur santé. En outre, l’hyperhidrose peut entraîner des pathologies favorisées par une forte transpiration comme les mycoses et les verrues.
Il n’y a pas d’étude précise sur le nombre de cas de personnes souffrant d'hypersudation en France
On estime que cette maladie touche entre 1 et 3% de la population. Aux Etats-Unis, une étude épidémiologique sur l’hyperhidrose rapporte que 2,8% de la population souffre d’hypersudation localisée. En effet, l’hyperhidrose peut être :
- localisée dans 9 cas sur 10 : elle concerne alors le plus souvent les mains, les pieds et les aisselles (également appelées région axillaire). Les causes de l’hypersudation localisée sont souvent inconnues mais un certain nombre serait génétique (environ 25% des personnes touchées).
- généralisée : la plupart du temps cela fait suite à une maladie infectieuse (comme la tuberculose), endocrinienne (comme l’hyperthyroïdie) ou neurologique (comme la maladie de Parkinson). La ménopause, le surpoids, l’obésité et la prise de certains médicaments peuvent également déclencher l’hypersudation généralisée.
Il existe plusieurs traitements contre l’hyperhidrose
- Les mains et les pieds peuvent être traités par ionophorèse. Ce traitement consiste à tremper les mains ou les pieds dans un bain où l’on fait passer un courant électrique. C’est un traitement indolore plutôt efficace mais qui nécessite plusieurs séances par semaine et dont l’efficacité ne perdure pas toujours sitôt que l’on cesse le traitement. Ce traitement est contre-indiqué lorsque l’on porte un pacemaker et pour les femmes enceintes. L’ionophorèse est également possible pour les aisselles. Dans ce cas, on se sert d’éponges à placer sous les bras mais les résultats sont moins bons que pour les mains et les pieds. C’est un traitement qui peut être pris en charge par l’Assurance maladie. Cette dernière peut même participer à l’achat de la machine si l’on veut pouvoir faire les séances chez soi, à son rythme.
- Il existe également des traitements médicamenteux oraux ainsi que des traitements localisés à base de sels d’aluminium, comme les déodorants dits anti-transpirants mais dont l’efficacité reste limitée et qui sont peu pratiques à utiliser pour les mains et les pieds.
- En dernier recours, pour les cas sévères, il existe une intervention chirurgicale appelée sympathectomie thoracique. Elle a lieu sous anesthésie générale et consiste à couper dans le thorax les nerfs provoquant l’hypersudation au niveau des aisselles et des mains notamment. En revanche, c’est une opération irréversible qui s’accompagne très souvent d’une hypersudation compensatrice survenant alors sur d’autres parties du corps.
- Enfin, il existe un traitement efficace dans 75 à 90% des cas : les injections de toxine botulique ou botox.
Interview du docteur Taliah Schmitt, chirurgien esthétique à Paris, qui nous parle de la pratique de l’injection de botox pour réduire la sudation.
Le botox peut-il être un traitement de première intention pour réduire une hypersudation ?
Quand il y a une hypersudation généralisée, il faut d’abord essayer d’en comprendre la cause, comme par exemple la prise d’un nouveau médicament, ou une hyperthyroïdie. Pour une hyperhidrose localisée on peut essayer d’abord les médicaments, mais on obtient rarement de bons résultats, ou des traitements locaux à base de sels d’aluminium qui sont également moyennement probants.
Au niveau des mains et des pieds, on tentera d’abord l’ionophorèse qui est en outre pris en charge par l’Assurance maladie. Mais ce traitement n’est pas applicable sur le visage et avec des résultats mitigés pour les aisselles.
Pour les aisselles, on proposera donc plus facilement les injections de botox qui peuvent d’ailleurs être prises en charge par l’Assurance maladie sous réserve d’un accord préalable délivré par le médecin conseil. Dans le cas d’une hyperhidrose avérée des aisselles, les patients iront donc davantage se faire traiter à l’hôpital pour être certains d’être pris en charge.
Cependant, même si elles ne sont pas remboursées par l’Assurance maladie, certains patients choisissent malgré tout de se faire faire des injections de botox dans les mains pour réduire leur problème de sudation, soit parce qu’ils trouvent le traitement par ionophorèse trop contraignant soit pas assez efficace. Cela peut alors se faire tout simplement en cabinet de ville.
Enfin, certaines personnes veulent faire du botox sans particulièrement souffrir d’hyperhidrose mais parce qu’elles sont gênées par une transpiration localisée.
On peut donc faire des injections de botox pour réduire la transpiration sans indication médicale particulière ?
Bien sûr. Cela se fait beaucoup par exemple avant la cérémonie des Oscars ! Il y a des gens qui transpirent peu mais qui sont complexés, des personnes qui veulent absolument éviter d’avoir le front qui perle ou des auréoles sous les bras en rendez-vous professionnels. C’est un traitement qui est donc plutôt saisonnier et pour lesquels nous avons plus de demandes en été. La demande vient davantage des hommes que des femmes.
Il faut faire des injections régulièrement, comme pour les rides ?
Oui. Les injections de botox sont efficaces au bout de 3 jours environ et pendant 4 à 8 mois environ selon les patients. Souvent les premières injections sont un peu moins efficaces puis avec le temps, le résultat dure plus longtemps. En cas d’hyperhidrose, il faut donc un accord préalable pour chaque séance mais, en général, une fois que le médecin conseil de l’Assurance maladie a donné son accord une première fois, l’accord est facilement renouvelé les fois suivantes.
Combien ça coûte ?
Il faut compter au minimum 500€ pour une séance pour les deux aisselles en cabinet de ville, produit inclus. Le botox utilisé en cabinet médical de ville est à visée esthétique, fractionné en 50 unités, et non remboursé par l’Assurance maladie. Celui utilisé à l’hôpital pour les cas d’hyperhidrose avérée est conditionné en doses de 100 unités et c’est celui-ci qui, sous réserve d’un accord préalable, peut être pris en charge par l’Assurance maladie.
66 Millions d’Impatients a interrogé en parallèle l’Assurance maladie pour connaître les prix pratiqués à l’hôpital.
Le tarif moyen pour l’injection de toxine botulique au niveau du creux axillaire est en moyenne de 373 € et remboursé à 80% par l’Assurance maladie sous réserve d’un accord préalable de la part d’un médecin-conseil de l’Assurance maladie.
Sur ce point, l’Assurance maladie précise : « Dans la classification commune des actes médicaux, l’acte intitulé "Injection unilatérale ou bilatérale de toxine botulique au niveau du creux axillaire" est soumis à accord préalable. La demande d’accord préalable doit correspondre aux indications mentionnées dans la note de libellé de cet acte : "hyperhidrose axillaire sévère résistante aux traitements locaux et à l'origine d'un retentissement psychologique et social important, chez l’enfant de plus de 12 ans et chez l’adulte". L’injection de toxine botulique constitue une alternative pour les patients résistants ou intolérants aux traitements locaux avant le recours à la chirurgie. Sur la base de cette description, de l’examen du dossier voire de l’examen clinique du patient, le médecin-conseil juge de l’opportunité d’accorder la prise en charge. »
Comment fonctionne le botox sur la sudation et est-ce dangereux ?
Le botox va paralyser le message qui permet à la glande sudoripare de libérer la sueur.
Pour une personne ayant une transpiration classique, bloquer cette transpiration n’est pas dangereuse, et il n’y a pas d’effets secondaires. En revanche, quand il s’agit d’hyperhidrose, on s’est aperçu que quand on bloquait la transpiration à un certain endroit, on pouvait avoir une hypersudation paradoxale à un autre endroit. Par exemple si on bloque l’hypersudation à un patient qui transpire beaucoup des mains, cela peut être transféré au niveau du dos, des aisselles ou des pieds par compensation. C’est bien là que l’on voit que l’on entre dans des cas pathologiques qui nécessitent une évaluation et un suivi.
Précisons que pour le traitement des mains par injection de botox, il peut arriver qu’apparaisse une faiblesse des muscles intrinsèques de la main. C’est transitoire et cela dure environ un mois. Cela se manifeste par des difficultés à ouvrir un bocal de conserves par exemple. Pour éviter ce problème, lors de la toute première injection, on utilisera un peu moins de produit et on augmentera les doses lors de la deuxième séance si tout s’est bien passé la première fois.
Il y a cependant des contre-indications au botox comme la grossesse, l’allaitement, les maladies neuromusculaires et dégénératives ainsi que les maladies auto-immunes.
L’injection de botox dure longtemps ? Est-elle douloureuse ?
La séance pour traiter les aisselles ou les mains dure environ 20 minutes et peut être un peu douloureuse car il faut faire de multiples injections sur la zone à traiter afin de faire un « nappage » complet du produit.
Généralement pour les aisselles ou les mains, on applique une crème anesthésiante locale une heure avant les injections. Pour les aisselles par exemple, on fait le plus souvent une quinzaine d’injections pour chaque aisselle. Pour les mains, on peut aller jusqu’à 40 injections sur chaque main. Dans ce cas, on mettra alors de la crème anesthésiante pendant une heure avant l’injection, en recouvrant les mains du patient avec des gants. Si la douleur est trop vive, on peut envisager parfois de faire une véritable anesthésie locale, mais il est obligatoire alors de traiter le cas à l’hôpital. Il arrive assez souvent que les patients ne traitent que la main droite, celle qui sert à dire bonjour…
On peut aussi envisager le botox pour réduire la sueur au niveau du front ?
Tout à fait, et sur le front c’est peu douloureux. Cela va également réduire un peu les rides du front, mais en réalité les points d’injection pour les rides et pour la transpiration ne sont pas vraiment les mêmes.
EN SAVOIR PLUS :
Séance d’injection unilatérale ou bilétérale de toxine botulique au niveau du creux axillaire (2006), rapport de la Haute Autorité de Santé (HAS)
L’hypersudation pose un réel problème, car elle empêche à la personne atteinte d’avoir une vie sociale convenable. Il faut oublier beaucoup d’activités.
J’ai eu recourt aux injections au niveau des mains et aisselles et il n’y a eu aucun effet. Rien du tout ! Le médecin m’a dit que cela n’était jamais arrivé … Je suis en échec total sur tous les traitements : ionophorèse, médicaments et donc, botox. dernière option, je me fais donc opérer lundi avec une nouvelle grande peur de l’échec (avec la transpiration compensatrice).
Audrey peux-tu nous en dire plus sur ton opération ? comment cela s’est-il passé au final ? j’hésite à effectuer moi-même cette opération…
Bonjour Audrey,
Peux tu me donner l’adresse ou le nom de ton médecin concernant l’hypersudation?
Merci d’avance
Bonjour,
Un replay qui pourrait vous intéresser : l’émission Allô docteurs (France 5) du 10 mai 2018 consacrée à la « Transpiration excessive : quelles solutions ? »
https://www.france.tv/france-5/allo-docteurs/490539-emission-du-jeudi-10-mai-2018.html
Quels sont les traitements les plus naturels ?
Bonjour @audrey,
Effectivement les injections de toxine peuvent ne pas fonctionner. Il est possible de se tourner alors vers :
– les antitranspirants locaux à appliquer sur la peau ;
– la ionophorèse ;
– la sympathectomie (chirurgie).
Plus d’informations sur les dernières études sur tous ces traitements ici : http://transpi.wordpress.com
Bonjour et merci pour ce super article stop à la transpiration.
Je suis un lecteur régulier depuis de nombreuses semaines et j’apprécie la qualité des articles.
Pour moi,ce qui à bien fonctionné c’est cette méthode:http://bit.ly/stoptranspirationconseil
Je me permet de la poster ici car elle aide des milliers de personnes au quotidien.
Merci et à bientôt sur d’autres articles.
Bahama Sankaré
Bonjour,
Merci pour cet article très intéressant.
Je souhaiterais connaître la marche à suivre pour pouvoir effectuer les injections de botox pour hyperhidrose axillaire à l’hôpital, et pouvoir ainsi obtenir un remboursement.
Est-il possible d’avoir une liste d’hôpitaux qui font ce genre d’intervention (je suis près de Toulouse)?
Merci d’avance pour votre aide.
Bien cordialement,
Hélène
Bonjour,
Nous ne disposons pas d’une telle liste. Nous vous invitons à vous renseigner directement auprès des établissements de santé près de chez vous.
Bien cordialement,
L’équipe France Assos Santé
Bonjour @Hélène
Cela fait des années que je souffre de transpiration excessive, le problème est que les médecins généralistes ne sont pas assez informé sur sa prise en charge et ne peuvent donc pas nous orienter (je ne les blâme pas). Habitant en région parisienne je recherche des médecins proposant les injections à l’hôpital sans succès… Je me suis résigné et ce lundi j’ai pris rdv avec une clinique connue dans la médecine esthétique pour voir si un devis peut être fait et être envoyé à l’assurance maladie pour le remboursement de l’acte.
Ah oui et j’ai eu rendez vous dans un grand hôpital à Paris mais arrivée à la consultation le médecin m’a indiqué qu’il ne traitait pas ce problème dans cette hôpital.
Bonjour
ESt-ce que le botox peut être utilisé pour une transpiration excessive localisée dans les plis linguinaux et les plis fessiers
Merci
Ah bon , le botox aide à résoudre le problème? c’est bon à savoir . Merci.
bonjour
JE suis aussi malade de cette maladie.Avant je croyais que c’était pas connu dans le domaine médical car je me suis fait cinsulté on m’a dit que c’est simple alors que ca me gêne au niveau des mains et pieds. ou c’est connu en Europe car je me suis fait consulter au Burundi en Afrique.
Ma question est de savoir s’il n’y a pas de remèdes naturels ?