Pièce de théâtre Mon Coeur sur le scandale du Mediator

Le drame Mediator au théâtre

Mon Cœur est un magnifique moment de théâtre qui se joue sur fond de scandale sanitaire, sur fond de drame humain. En effet, Pauline Bureau, auteure et metteur en scène de la pièce, a su créer un spectacle vraiment marquant, émouvant, confrontant. L’affaire du médicament Mediator y est remarquablement retranscrite, on est happé par le très beau texte, par la mise en scène surprenante, par la justesse du jeu des acteurs, par le parti pris de la mise en avant d’un personnage principal captivant, une femme, une victime du Mediator, dont l’histoire résume celles de tant d’autres victimes.

Pauline Bureau raconte comment elle a eu l’idée de cette pièce et comment elle l’a construite :

« Eté 2014, j'entends Irène Frachon à la radio.Son courage et sa détermination me touchent. Une héroïne d’aujourd’hui comme j’ai besoin d’en voir sur les plateaux de théâtre. Je la rencontre. Elle me parle de son combat. Des malades pour qui elle se bat avec acharnement. Elle est émue. Toutes les cinq minutes, elle reçoit des messages de patients qui lui donnent des nouvelles, racontent leurs examens, leurs expertises. Elle est là pour eux. Plusieurs fois, en parlant, elle a les larmes aux yeux. Elle me donne les coordonnées de victimes du Médiator.Je vais à leur rencontre, chez eux.Paris, Lille, Marseille, Carcassonne, Dinard… A mon tour, je suis profondément remuée quand ils me racontent. Certaines femmes sont jeunes. L’une d’entre elles avait mon âge, 37 ans, quand elle a été opérée à cœur ouvert. Je rencontre un des avocats qui les défend. Je m’intéresse au droit des victimes dans notre pays. Ça me passionne. J’écris. Beaucoup. Beaucoup trop. Je dois choisir ce que j’ai envie de raconter. Irène m’a amenée aux victimes et c’est d’elles que je veux parler. J’écris l’histoire d’une femme qui contient un peu de chacune des personnes que j’ai rencontrées. Je l’appelle Claire Tabard. »

Le Mediator, un médicament qui a abîmé le cœur de milliers de patients

Que sait-on du Mediator lorsque l’on n’en a pas été victime, soi-même ou l’un de nos proches ? Que c’est un médicament, mis sur le marché par les laboratoires Servier en 1976 et retiré en 2009 ? Qu’il a principalement été utilisé comme coupe-faim par des millions de personnes en France, majoritairement des femmes ? Qu’il s’en est vendu 145 millions de boîtes ? Qu’il aurait surtout causé la mort de plusieurs centaines de personnes en France et que bien plus encore ont été hospitalisées du fait de problèmes cardiaques plus ou moins sévères ? Mais pourquoi ? Comment ? A quoi ressemble la vie d’une victime que le Mediator a rendu malade ? Au-delà des chiffres, la pièce raconte surtout le quotidien extrêmement pénible du personnage principal qui apprend un jour avec effroi qu’elle doit subir en urgence une opération à cœur ouvert, qu’elle aurait désormais un traitement médicamenteux à vie, un régime alimentaire très strict, une fatigue quasi-constante, et une cicatrice tout le long du thorax. Dès lors, sa vie et celle de son petit garçon de 7 ans basculent dans une tourmente teintée de culpabilité car elle s’en veut, comme des centaines de milliers de victimes, d’avoir mis sa santé en jeu simplement pour se sentir plus jolie.

Le bras de fer face aux laboratoires Servier et des victimes peu soutenues

Comment défendre ses droits en tant que patient, en tant que victime, lorsqu’en plus de la fatigue, de l’angoisse, des contraintes médicales, on porte une certaine culpabilité ? A t-on droit à une reconnaissance, a-t-on droit à un dédommagement, aura-t-on la force, physique et mentale, de se battre pour ses droits ?

Ce chapitre de la vie de l’héroïne de la pièce signe la seconde partie de l’histoire qui ne fait pas de cadeau aux pouvoirs publics concernant leur gestion pour le moins paresseuse de l’affaire Mediator.

Dans un premier temps, on est consterné par les mois de combat d’Irène Frachon, la pneumologue qui a lancé l’alerte sur le Mediator en 2007. La pièce évoque les difficultés et surtout la lenteur auxquelles elle a dû faire face pour que soit enfin retiré, en 2009, le médicament.

Puis le personnage principal, Claire, décide elle-aussi de monter au créneau pour demander réparation. Elle est alors confrontée à des mois, des années d’expertises impudiques, d’interrogatoires brutaux, de manipulation morale de la part des avocats de chez Servier. Un combat épuisant que beaucoup de victimes n’ont tout simplement pas la force de mener. Des victimes, à l’instar de l’héroïne de la pièce, qui perdent pourtant souvent leur travail, leur vie sociale, leur vie de famille parfois.

Pour conclure, vous l’aurez compris, l’équipe de 66 Millions d’IMpatients a adoré cette pièce bouleversante et nous la recommandons vivement d’autant qu’une tournée est prévue pour quelques dates en avril et en mai, un peu partout en France.

 

Mon cœur
Texte et mise en scène par Pauline Bureau
Avec Yann Burlot, Nicolas Chupin, Rébecca Finet, Sonia Floire, Camille Garcia, Marie Nicolle, Anthony Roullier, Catherine Vinatier.

  • Le 6 avril au théâtre Le Merlan à Marseille (13)
  • Le 21 avril au théâtre de Chatillon (92)
  • Le 25 avril à Cavaillon (84)
  • Le 28 avril à Chevilly-Larue (94)
  • Le 12 mai au théâtre Roger Barat à Herblay (95)
  • Le 16 mai qu Quartz à Brest (29)
  • Et toutes les autres dates sur le site Internet de la Compagnie

PHOTO – crédit Pierre Grosbois

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