déserts médicaux

Témoignage sur la difficulté à trouver un médecin traitant

En France, dans certains territoires, la densité des praticiens est 30 à 50% inférieure à la moyenne nationale, en ville comme à la campagne. Les habitants de ce que l’on appelle ces « déserts médicaux » font parfois face à de grandes difficultés d’accès aux soins. Ainsi, faut-il compter en moyenne en France au moins 20 minutes en voiture pour se rendre chez un médecin généraliste.

D’autres chiffres éloquents, concernant les spécialistes cette fois : plus de 11% des femmes n’ont pas pu obtenir un rendez-vous chez un gynécologue dans un délai raisonnable, et l’on passe à 47% des usagers pour les délais de rendez-vous chez un ophtalmologiste.

Et ces territoires ne concernant pas que les zones rurales. Exemple d’une femme vivant en ville en région parisienne, confrontée à ce problème des déserts médicaux et qui a bien voulu témoigner de son expérience pour 66 Millions d’IMpatients.

 

Céline a 33 ans et vit à Colombes, dans les Hauts-de-Seine, avec son mari et sa fille de 6 ans. Toute la famille a du mal à obtenir des rendez-vous, autant avec des généralistes que des spécialistes à proximité de chez eux et dans des délais acceptables, alors même qu’ils vivent à 3 minutes à pied d’un CHU…

Impossible de trouver un généraliste disponible à Colombes (92)

J’habite en ville, tout près de Paris, et pourtant ni mon mari, ni moi n’avons trouvé de médecin généraliste à proximité de chez nous qui accepte de nous prendre dans sa patientèle faute de disponibilité. En outre, le premier médecin généraliste est à 15 minutes à pied de chez nous. Nous nous sommes chacun repliés sur des généralistes près de nos bureaux respectifs, moi à Paris, et mon mari à Courbevoie. Du coup, lorsque j’ai une grippe qui me cloue au lit, je ne peux pas poser d’arrêt maladie car je ne vais pas prendre le métro pour me rendre chez mon généraliste. Cela m’est rarement arrivé heureusement, mais dans de tels cas, je pose un jour de RTT.

Le comble, c’est que nous vivons à proximité immédiate d’un CHU

Je ne comprends pas pourquoi on ne met pas en place un centre de santé proche de l’hôpital, puisqu’on lit régulièrement dans les journaux que les urgences des hôpitaux sont débordées et qu’il faut éviter d’y aller pour de la « bobologie ».

A vrai dire, nous nous y sommes rendus une fois, et il y avait effectivement beaucoup d’attente alors que les urgences de l’hôpital de la ville voisine, Levallois-Perret, que nous avons également testées, sont beaucoup plus accessibles. J’espère que nous n’aurons pas à retourner aux urgences, mais si cela devait être le cas, dans la mesure où nous avons une voiture, nous retournerions à Levallois plutôt qu’à côté de chez nous… Mais j’ai conscience que nous avons la chance d’avoir une voiture, ce qui n’est pas donné à tout le monde.

Le cas particulier de ma fille de 6 ans…

Pour ma fille, les généralistes que j’ai appelés au début acceptaient de donner un rendez-vous puisqu’il s’agissait d’un enfant, mais par la suite je me suis entendue répondre la plupart du temps que le prochain rendez-vous disponible était dans 3 jours. Pour un enfant avec de la fièvre ce n’est tout simplement pas envisageable d’attendre autant. En outre, on me proposait des rendez-vous en plein milieu de journée, alors que je travaille. Là encore grâce à notre voiture, nous avons dû nous résoudre à aller à Levallois où l’offre est plus fournie et où nous avons trouvé des médecins généralistes prêts à la recevoir.

Puis on a enfin eu la chance de trouver une généraliste dans notre ville pour notre fille. Les temps d’attente pour un rendez-vous sont du jour pour le lendemain en général. Le cabinet regroupe en fait 3 médecins généralistes, qui s’organisent pour que le cabinet soit ouvert du lundi au samedi de 8h à 19h. Du coup, en cas d’urgence, ce n’est pas forcément le médecin traitant de ma fille qui la recevra, mais il y aura toujours quelqu’un pour elle.

Cela a des avantages et des inconvénients. L’avantage, c’est la disponibilité, l’inconvénient, c’est que ce n’est pas vraiment un médecin de famille. Nous n’avons pas toujours vu le même médecin à chaque fois que nous y sommes allés… Mais heureusement ma fille est rarement malade.

A noter que les conditions d’accueil sont assez strictes. J’ai annulé une fois un rendez-vous à la dernière minute, et cela me suit dans mon dossier. Je le vois car la prise de rendez-vous peut se faire en ligne et mon « annulation tardive » m’est  rappelée à chaque fois que je me connecte.

Pour les spécialistes, même combat !

Pour ce qui est des spécialistes, je me suis heurtée au même problème concernant les gynécologues à Colombes. Ils sont très peu nombreux, n’ont pas de disponibilités avant des mois et pratiquent des dépassements d’honoraires. Je suis assez attentive au fait de consulter des médecins de secteur 1 (sauf pour ma fille pour qui je suis moins regardante), et du coup, là encore, je vais dans un centre de santé proche de mon travail.

Interpellez les candidats à la présidentielle pour qu'ils se préoccupent des questions de santé, notamment de la problématique de la désertification médicale, sur notre espace de mobilisation : www.66millionsdimpatients.org/presidentielles2017

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