En 2003, en France, un exceptionnel épisode de canicule avait entraîné le décès de 15 000 personnes. Certaines personnes sont d'ailleurs plus exposées que d’autres aux risques sanitaires liés à une canicule.
D’après une étude de l’institut médico-légal de Paris, les personnes décédées en août 2003 dans la capitale étaient pour les ⅔ âgées de plus de 70 ans, pour ⅓ souffraient d’un trouble psychiatrique (une dépression dans les ¾ des cas). En outre, 24% d’entre elles souffraient d’un surpoids et 12% d’une obésité.
Quand parle-t-on de canicule ?
Une canicule est un épisode durant lequel les températures sont anormalement élevées (la température dépendra de chaque région), durant au moins 3 jours consécutifs, et sans que les températures durant la nuit ne baissent significativement. Le corps est alors agressé car il doit sans répit compenser ces fortes chaleurs pour rester à une température saine (entre 37° et 37,5°).
Cette compensation se fait notamment au travers de la transpiration qui s’intensifie mais peut conséquemment provoquer une déshydratation.
Pour les personnes âgées, c’est plutôt l’inverse car physiologiquement, en vieillissant, on transpire moins mais du coup la température du corps augmente dangereusement et peut entraîner un “coup de chaleur”, qui dans certains cas est mortel.
Les personnes les plus fragiles durant une canicule
- Les personnes âgées, car en vieillissant on transpire moins. Le corps ne régule plus correctement sa température et l’on risque un “coup de chaleur”. En outre, parmi les personnes âgées, un certain nombre se trouve en perte d’autonomie et sans aide, elles ne peuvent pas mettre en place les mesures nécessaires pour souffrir le moins possible des effets néfastes de la chaleur (voir l’article sur les bons gestes à adopter en cas de canicule).
- Les nourrissons et les enfants, au contraire, transpirent davantage mais ils risquent alors une déshydratation dangereuse, d’autant que les nourrissons par définition ne peuvent pas boire seuls, et que les enfants attendent parfois d’avoir vraiment soif pour boire, or il est parfois déjà trop tard ! Avec les petits, il faut anticiper et les faire boire régulièrement, un peu toutes les heures, sans attendre qu’ils réclament.
- Les personnes handicapées ou alitées car la perte d’autonomie est forcément un frein pour bien s’hydrater et se rafraîchir au mieux. En outre, les personnes âgées sont souvent poly-médicamentées or certains médicaments sont susceptibles d’aggraver les pathologies liées à la chaleur (voir le tableau ci-après).
- Les personnes souffrant de troubles mentaux, surtout en cas de désorientation, de pertes de mémoire ou de démence car ces personnes ont moins conscience du danger et de la nécessité de boire régulièrement et de rester dans un endroit frais. En outre, dans certains cas, comme la schizophrénie et la dépression, il peut y avoir un dysfonctionnement des neurotransmetteurs qui régulent la température corporelle. Enfin, la prise de certains médicaments (neuroleptiques, sels de lithium, antidépresseurs tricycliques) peut également altérer cette bonne régulation de la température du corps.
- Les personnes souffrant de maladies cardiaques connues, particulièrement parce que leurs traitements médicamenteux, comme les diurétiques par exemple, peuvent être des facteurs aggravant de pathologies liées à la chaleur. En outre, sous l’effet de la chaleur, le rythme cardiaque peut avoir tendance à s’accélérer pour compenser l’augmentation du débit sanguin cutané qui se produit du fait que les vaisseaux cutanés se dilatent.
LE CAS PARTICULIER DES INSUFFISANTS CARDIAQUES : lorsque l’on est insuffisant cardiaque, on doit limiter ses apports en sel. Mais lors d’épisodes de fortes chaleurs, si on boit davantage sans manger également un peu plus, on risque l’hyponatrémie ou intoxication par l’eau, c’est-à-dire que la concentration en sodium dans le sang devient trop faible du fait de l’excès d’eau absorbée. Cela peut provoquer des troubles neurologiques, des nausées et vomissements. Il ne faut pas hésiter à en parler à son cardiologue avant l’été !
- Les personnes souffrant d’obésité, puisque l’obésité a tendance à augmenter le risque de troubles cardiovasculaires.
- Les personnes atteintes de diabète, notamment le diabète de type 2 chez qui l’augmentation de la glycémie associée à une déshydratation peut entraîner un coma engageant le pronostic vital. Dans l’ensemble, il est recommandé à toutes les personnes diabétiques (type 1 et 2) de faire davantage de contrôles glycémiques durant les périodes de canicule pour pouvoir adapter le traitement et l’alimentation le cas échéant.
- Les personnes en insuffisance rénale chronique, car elles sont souvent hypertendues et traitées alors majoritairement par des diurétiques qui peuvent accélérer une déshydratation.
- Les patients sous dialyse, principalement ceux dialysés à domicile qui doivent particulièrement surveiller qu’ils ne se déshydratent pas. Les signes d’une déshydratation sont en général que la soif augmente significativement et que la tension baisse.
- Les personnes sujettes à la lithiase (calculs), car la déshydratation en augmente le risque.
- Les enfants souffrant de mucoviscidose, car ils ne ressentent pas correctement la soif et les effets de la déshydratation. Il leur est conseillé de boire des boissons riches en sodium (jus de tomates, eau de Badoit ou de Vichy…).
- Les personnes atteintes de drépanocytose, car une déshydratation, même légère, peut provoquer des crises douloureuses (crises vaso-occlusives).
- Les personnes souffrant d’hyperthyroïdie car, lorsqu’elle n’est pas traitée, la maladie peut altérer la faculté des patients à réguler leur température corporelle.
- Les personnes travaillant en extérieur, et plus particulièrement ceux qui ont une activité physique intense en extérieur (ouvriers, sportifs…). Il est fortement déconseillé aux sportifs non entraînés de faire du sport pendant une période de forte chaleur. En cas de fortes activités physiques en extérieur, boire 1 à 2 verres de boisson sans alcool toutes les 20 minutes et alterner eau, jus de fruits légers (dilués avec de l’eau) et boissons riches en sodium (jus de tomates, eau de Badoit ou Vichy,…) pour éviter une hyponatrémie (un déficit de sodium dans le sang dû à un excès de consommation d’eau).
- Les personnes en grande précarité, car leur habitat est souvent inadapté à la chaleur (mauvaise isolation) et ces personnes ont plus difficilement accès à des appareils de ventilation. En outre, en ville, les quartiers défavorisés sont souvent ceux où il y a le moins de végétation, où la pollution est la plus forte (près des grands axes routiers) et où les pics de chaleur sont les plus forts (voir notre article sur les politiques urbaines au service de la santé).
- Les personnes dépendantes à l’alcool ou aux drogues, car bien que cela soit une boisson, l’alcool en réalité déshydrate l’organisme (voir pourquoi dans notre article sur les bons gestes à adopter en cas de canicule). En outre, la drogue peut agir sur les neurotransmetteurs comme dans le cas des personnes schizophrènes ou en dépression et mettre en cause la bonne régulation de la température du corps.
- Les personnes sans-abri, vivant pour la plupart en milieu urbain, dans une précarité extrême, n’ont pas toujours la possibilité de trouver un endroit ventilé où se reposer, boire et manger suffisamment, prendre une douche fraîche et peuvent en outre être fragilisés par la consommation d’alcool ou de drogues.
- Les personnes prenant certains types de médicaments (voir le tableau des médicaments en question ci-dessous).
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