Prix des lunettes à la loupe. Etude inédite sur le marché de l’optique en France

Le prix des lunettes à la loupe

L’Assurance maladie a publié récemment une étude inédite sur le marché de l’optique en France qui s’appuie sur les données de vente colligées par l’organisme en 2014. Cette année-là, les dépenses d’optique se sont élevées à 5,6 milliards d’euros pour 14 millions d’équipements achetés.

316 euros… Tel est le coût moyen d’une paire de lunettes équipée de verres simples (unifocaux), selon une étude portant sur les dépenses d’optique en 2014 publiée récemment par l’Assurance maladie. Comptez 613 euros en moyenne pour une paire de progressifs.

Les tarifs moyens annoncés par l’Assurance maladie cachent de fortes disparités. Les prix des équipements unifocaux sont supérieurs à 370 € pour un quart des équipements et dépassent 650 € pour 2 % d’entre eux (soit 130 000 paires de lunettes vendues en 2014). Quant aux verres progressifs, il n’est pas rare qu’ils atteignent des prix supérieurs à 1 000 € (6 % des équipements multifocaux, soit 250 000 paires de lunettes).

Rappelons que la Sécurité sociale ne prend quasiment pas en charge ces dépenses. Quant aux complémentaires santé, dans une fiche pratique dédiée au reste à charge en optique publiée sur le site 66 Millions d’IMpatients, nous pointions récemment que leur remboursement des lunettes varie de 125 € à 195 € pour un équipement optique unifocal. Il est de 167 € à 408 € pour une paire de lunettes progressives.

Des tarifs qui font le grand écart selon le département

Les données de l’Assurance maladie révèlent de substantielles différences de prix d’un département à l’autre. C’est ainsi que les Côtes-d’Armor, les Landes, l’Aude ou encore les Ardennes affichent les tarifs les plus bas pour les lunettes équipées de verres simples (moins de 280 € en moyenne).

A l’autre extrémité, les mêmes équipements sont facturés en moyenne 320 € et plus dans les départements de la région parisienne, le Rhône, l’Isère, les Alpes-Maritimes, la Moselle, le Haut et le Bas-Rhin. Le tarif des équipements progressifs présente des variations similaires (voir le prix moyen des équipements complets d’optique achetés en 2014, par département).

Prix moyens des équipements complets d'optique achetés en 2014 par département - carte 1

« Les disparités entre départements sont légèrement plus marquées pour les équipements unifocaux, précise l’Assurance maladie, avec des prix moyens variant de 260 euros dans la Creuse à 390 euros à Paris. Pour les équipements multifocaux, les prix moyens varient de 540 euros dans l’Aude à 740 euros dans le département des Hauts-de-Seine ».

L’explosion de la densité d’opticiens à Paris

En 2014, 12 700 opticiens ont vendu 11,9 millions d’équipements complets. En moyenne, chaque opticien vend 3,7 paires de lunettes par jour. On compte en France 19,2 professionnels par tranche de 100 000 habitants. Ce ratio est lui aussi très variable d’un département à l’autre (voir la carte de France de la densité départementale des opticiens en 2014).

Densité départementale des opticiens en 2014 - carte 2

Si l’on ne tient pas compte de Paris, il varie de 6 à 24. Pourquoi exclure la capitale ? Parce que la densité y est particulièrement élevée à raison de 36 opticiens pour 100 000 Parisiens. Dans les zones de fortes dotations, le chiffre d’affaires est généralement plus faible. Dans les Hautes-Pyrénées où la densité est de 21 opticiens pour 100 000 habitants, le chiffre d’affaires annuel moyen de chaque professionnel est de 359 000 €. Il est de 230 000 € à Paris, le chiffre le plus faible en France.

Parmi les départements dont la densité est comprise entre 14 et 16 opticiens pour 100 000 habitants (au nombre de 10), la totalité affiche un chiffre d’affaires moyen par magasin de plus de 400 000 euros. En revanche, au-delà d’une densité de 20, ce seuil n’est quasi jamais dépassé (voir les chiffres d’affaires annuels moyens des opticiens selon leur densité par département, en 2014).

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De 230 000 à 650 000 € par magasin en moyenne

La palme du plus haut chiffre d’affaires en métropole (650 000 euros en moyenne par boutique) revient à un département que l’Assurance maladie, sollicitée par 66 Millions d’IMpatients, a refusé d’identifier. Dans ce département, la densité d’opticiens est l’une des plus faible en France métropolitaine (moins de 16 pour 100 000 habitants).

Quel est l’impact sur les prix de la densité de professionnels au sein de chaque département ? L’observation des données de l’Assurance maladie (voir le prix moyens des équipements complets selon la densité départementale d’opticiens, en 2014) ne permet pas de tirer de véritables conclusions.

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Dans les zones de forte densité, en Moselle par exemple, dans les Bouches-du-Rhône, à Paris, dans le Rhône ou encore dans les Alpes-Maritimes où l’on pourrait penser que la concurrence tire les prix vers le bas, il n’en est rien, ces départements affichant des tarifs plus importants que la moyenne nationale. A noter que Paris est l’endroit en France où les prix sont les plus élevés (500 € en moyenne tous équipements confondus).

Les effets de la concurrence délicats à interpréter

Les opticiens exerçant dans des zones de moindre densité sont tout aussi susceptibles d’afficher des tarifs supérieurs à la moyenne. C’est le cas notamment dans les départements entourant Paris. Pour l’Assurance maladie, « le prix des équipements par département ne serait pas lié au niveau de la concurrence sur le marché de l’optique ».

Et les auteurs de l’étude de conclure : « si l’intensité de la concurrence influe directement sur l’activité moyenne, elle ne semble pas être un facteur de détermination des prix. Dans les territoires à forte densité et donc à forte concurrence, les produits d’optique ne sont ni moins coûteux (pour gagner des parts de marché) ni plus coûteux (pour atteindre un revenu cible) ».

Quel coût pour les bénéficiaires de la CMU-C ?
En 2014, 5,2 millions de personnes bénéficiaient de la CMU-C. Sur ce nombre, 15% a eu recours à un opticien pour un changement de verres, l’achat d’une nouvelle monture, d’un équipement complet ou encore de lentilles. A noter que ce taux est de 21 % pour les non bénéficiaires. Rappelons que les personnes affiliées à la CMU-C bénéficient de tarifs opposables sur leurs équipements d’optique (23 € pour une monture et entre 16 et 86 € pour chaque verre selon le type de verre). Libre néanmoins à l’assuré d’opter pour un équipement plus sophistiqué et d’en assumer le surcoût. « Les prix des équipements achetés par les bénéficiaires de la CMU-C sont très concentrés autour des tarifs réglementaires », observe l’Assurance maladie.
Les résultats de l’analyse de ces données de remboursements indiquent que près des deux tiers des bénéficiaires payent moins de 60 € pour un équipement à verres simples et que près de 60 % payent moins de 110 € pour une paire de progressifs. Pour l’Assurance maladie, « cette très forte concentration indique un respect global des tarifs réglementaires imposés aux opticiens mais aussi une adaptation de l’offre aux besoins des bénéficiaires de la CMU-C, dans une fourchette de prix relativement basse ». Dans 15 % des cas toutefois pour les équipements unifocaux et 6 % pour les verres multifocaux, le montant facturé aux bénéficiaires est supérieur à 300 €.

Les verres de plus en plus chers
Le nombre d’équipements achetés entre 2006 et 2014 a augmenté de 44 % (voir l’évolution du nombre d’équipements complets achetés et des dépenses afférentes entre 2006 et 2014 (base 100 en 2006)).

Graph5Le montant des dépenses liées à ces achats s’est accru dans le même temps de près de 60%. Soit une augmentation annuelle des prix d’environ 1,5%.
L’Assurance maladie pointe une forte augmentation de la vente de verres progressifs vendus entre 2006 et 2014 (plus 61 %) accompagnée d’une relative modération des prix (plus 4 % en 7 ans). Sur cette même période, le marché des verres simples a connu une progression moindre (plus 36 %) mais a enregistré une inflation plus soutenue (12 % d’augmentation des prix).

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