Il y a quelques mois, à la demande de la chaîne de supermarchés suédoise COOP, le Swedish Environmental Research Institute a étudié l’impact de l’alimentation sur la présence de pesticides dans les urines des membres d’une famille, qui d’ordinaire ne consommait pas d’aliments biologiques et qui pendant deux semaines ne s’est nourrie que de bio.
Le résultat est qu’en consommant bio cette famille consomme beaucoup moins de pesticides… Bien entendu, cette étude qui n’a concerné qu’une seule famille et n’a eu lieu que sur 2 semaines, ne peut en soi devenir une généralité scientifique mais ses résultats sont pour le moins évocateurs !
Des résultats stupéfiants
L’étude a démarré en étudiant les échantillons d’urine quotidiens d’une grande famille avec 3 enfants de 3, 10 et 12 ans, durant une semaine, alors qu’elle n’avait pas modifié ses habitudes alimentaires, habitudes qui n’incluaient pas de nourriture bio.
L’étude s’est précisément concentrée sur la recherche d’une douzaine de pesticides couramment retrouvés dans l’alimentation. Sur les 12, on en relève 8, cette première semaine, dans l’organisme de notre famille témoin. Puis l’étude s’est poursuivie les deux semaines suivantes. La famille ne se nourrissait alors que de produits biologiques et, la dernière semaine, de nouvelles analyses d’urine quotidiennes ont été effectuées.
Les résultats montrent que chez la mère et les enfants, les taux de pesticides s’effondrent littéralement, et deviennent même indétectables pour certains (voir l’étude Human exposure to pesticides from food et les résultats complets). Chez le père, deux pesticides restent tenaces voire supérieurs par rapport à son ancienne alimentation et probablement liés à sa consommation de vin et de café non biologiques.
Oui, mais le bio a un prix !
Le prix du bio reste l’élément dissuasif à sa consommation. La mère de la famille test s’était d’ailleurs exprimée avant l’étude et avait précisé que la raison pour laquelle elle n’achète d’ordinaire pas de bio, c’est que c’est une trop grosse dépense pour une famille nombreuse. Et ce n’est pas l’étude 2015 de l’Association Familles Rurales, qui publie chaque année son « Observatoire des prix des fruits et légumes » qui contredira ce constat. D’après le dernier rapport de l’association, les légumes bios coûtent en moyenne 75% plus cher que les non bios ; quant aux fruits bios, ils sont en moyenne 66% plus chers que les fruits issus de l’agriculture conventionnelle.
En outre, en plus de la barrière que représente le budget du bio, il faut aussi être vigilant sur les différents labels et mentions autorisés dans l’alimentation bio, très bien résumé par l’Association nationale de défense des consommateurs et usagers (CLCV), sur la page de son site « Dans la jungle des labels bio ».
Les pesticides s’infiltrent même dans le bio
S’il reste donc une faible lueur d’espoir pour ceux qui ont les moyens de consommer bio, il ne faut pas oublier qu’en France, seule 4,14% de la surface agricole utile est occupée par du bio, et qu’il n’y a que 5,6% des exploitations qui produisent du bio. Pas encore de quoi favoriser une production bio dont le volume favorise une moindre inflation des prix.
En outre, les 95% des autres terres cultivées continuent d’utiliser des pesticides qui s’infiltrent de façon générale dans tout notre écosystème et n’épargnent évidemment pas les surfaces bios. Ainsi retrouve-t-on également des pesticides (heureusement moins) dans les fruits et légumes bios.
Et que penser du dernier rapport sur les résidus de pesticides dans les aliments de l’EFSA (European Food Safety Authority), indiquant que 97% des 81 000 échantillons alimentaires analysés en Europe contiennent des résidus de pesticides dans la limite légale ? Faut-il être rassuré et retenir que 97% restent dans la limite légale ou s’inquiéter de constater que 97% sont contaminés, même à faible dose ? Certes, on peut parler d’innocuité d’un pesticide dans le cas d’une exposition en dessous d’un certain seuil, mais l’on sait que le danger vient du fait que nous y sommes exposés tous les jours de notre vie, et qu’en outre, l’effet « cocktail » de ces multiples pesticides n’est certainement pas sans conséquence sur notre santé.
Ce n’est pas 97% avec des résidus mais 97% conformes à la réglementation sur les résidus de pesticides dont plus de 50% sans résidu quantifié.