Docteurs, les élèves vont-ils bien ?

A 6 ans, chaque enfant scolarisé en France devrait être vu par un médecin scolaire lors d’une visite médicale obligatoire censée dépister les éventuels problèmes de vue, d’audition, de surpoids, les troubles de l’apprentissage ou du comportement.
Plus tard, chaque adolescent devrait pouvoir bénéficier d’informations concernant la contraception, la sexualité, les dangers que représentent le tabac, l’alcool, les drogues… car prendre soin de sa santé, c’est valoriser l’estime de soi et devenir un adulte bien dans son corps et bien dans sa tête. Mais dans la réalité, à quoi ressemble la mise en pratique des objectifs de la médecine scolaire ?

Inégalités sociales, surpoids et caries dentaires… des élèves

Depuis 1999, des enquêtes nationales de santé, dirigées par la Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques (DREES) sont régulièrement effectuées dans les classes de grande section de maternelle, de CM2 et de troisième. Il en ressort, quel que soit l’âge des enfants, que les inégalités sociales sont un important déterminant de santé chez les élèves.

Si l’on prend l’exemple du surpoids, l’enquête de 2009 qui portait sur les élèves de troisième, montrait que 18% des collégiens étaient en surcharge pondérale, dont 4% souffrant d’obésité. Mais l’enquête va plus loin et révèle que 23% des élèves relevant de l’éducation prioritaire (dans les zones et les milieux sociaux où le taux d’échec scolaire est le plus élevé) sont en surcharge pondérale contre 17% dans les autres établissements. Des chiffres qui recoupent ceux qui prennent en considération la profession des parents et donc leur situation socioprofessionnelle. Les cas de surcharge pondérale sont en effet plus nombreux chez les enfants d’ouvriers que chez les enfants dont au moins un des parents est cadre.

Ce constat sur le rapport entre le surpoids chez les élèves et leur milieu social s’avère exister dès les petites classes. En effet, pour l’année 2013, l’enquête a cette fois concerné les classes de grande section de maternelle, où l’on a relevé que déjà 12% des enfants étaient en surcharge pondérale, et où les disparités liées aux inégalités sociales ont déjà la vie dure : seuls 7% des enfants de cadre présentent une surcharge pondérale, contre 14% des enfants d’employés et 16% des enfants d’ouvriers.

Les soins dentaires suivent cette même tendance, et il y a davantage de caries non soignées chez les enfants d’ouvriers. Pourtant si l’on interroge les médecins scolaires sur le terrain, les inégalités sociales ne font pas tout. En Ille-et-Vilaine, le Docteur Lépinette, médecin de secteur, a remarqué un retour significatif des caries, ce qui n’est pas le cas en Ile-de-France, où des actions de prévention auprès de 6/12 ans ont été mises en place par les Caisses primaires d’assurance maladie de la région pour permettre aux jeunes d’améliorer leurs connaissances concernant l’hygiène bucco-dentaire et de mobiliser les familles afin qu’ils prennent rendez-vous pour l’examen bucco-dentaire gratuit, mis en place depuis 2007 pour les jeunes de 6, 9, 12, 15 et 18 ans.

De la même façon que les médecins et infirmières scolaires, trop peu nombreux, sont contraints de prioriser les missions qui leur sont confiées, chaque région fait ses propres choix concernant la santé de nos enfants. En Bretagne, les caries sont peut-être de retour mais un grand effort a été fait concernant le suivi des vaccinations après que plusieurs cas de méningites ont été signalés.

Sans cesse faire des choix en matière de prévention

Oui, tout est une question de choix puisque la médecine scolaire, et dans certaines mesures l’éduction nationale plus globalement, manque de moyens et d’efficience dans les stratégies qui sont mises ne place et les choix des priorités qui en découlent. En effet, la question peut désormais se poser de savoir si l’on doit choisir entre les voyages scolaires ou la prévention en matière de sexualité, de conduites addictives ou d’hygiène bucco-dentaire ! Vous, parents, quels choix feriez-vous ?

En France, 1/3 des femmes ont recours au moins une fois dans leur vie à une interruption volontaire de grossesse. Un chiffre qui pourrait sûrement baisser si la prévention sur les sujets de contraception était mieux encadrée dès l’adolescence. Bien sûr, les cours sur la sexualité existent, mais quel adolescent n’est pas mal à l’aise en y assistant ? Bien sûr, l’infirmière scolaire est là pour orienter les adolescentes (et encore, cette information est-elle bien acquise par les adolescent-e-s concerné-e-s), mais est-ce si facile de discuter avec elle de façon confidentielle ? Les améliorations continuent pourtant, puisque après l’autorisation faite aux infirmières scolaires de délivrer la pilule du lendemain dans les débuts des années 2000, il est désormais question qu’elles puissent renouveler une ordonnance de contraceptifs. Il est évident pourtant que vu le nombre d’élèves dont elle a la charge, une infirmière peut difficilement être à l’écoute au cas par cas… Et doit se concentrer sur les élèves les plus en difficultés, s’ils font la démarche de s’adresser à elle.

S’adapter aux troubles de l’attention de certains élèves

Parmi eux se trouvent des jeunes souffrant d’un syndrome qui semble de plus en plus répandu : le trouble de l’attention, plus communément assimilé à l’hyperactivité. Un trouble qui semble s’accentuer avec l’apparition des nouvelles technologies, depuis la télévision jusqu’aux appareils mobiles, qui ont rendu les enfants multitâches mais qui semblent également les gêner dans leur capacité à la concentration. Certes, il y a sûrement parmi les élèves en manque de concentration, certains qui ne sont tout simplement pas attirés par les études, mais inversement, ces dernières années, on a probablement manqué de tendre la main à des enfants qui auraient pu éviter l’échec scolaire si on avait pu les aider à gérer leur trouble de l’attention. Ainsi propose-t-on désormais à ces jeunes, lorsqu’ils sont dépistés, une organisation spécifique de leur temps de travail, en leur accordant par exemple plus de temps pour leurs contrôles et leurs évaluations ou en faisant en sorte de leur faire changer d’activités plus souvent que les autres. Enfin ça, c’est la solution idéale, car soyons réalistes : est-ce vraiment applicable pour chaque établissement, avec chaque professeur, dans des classes de 35 élèves ? On aimerait croire que oui…

En savoir plus :
– La Santé des élèves de grande section de maternelle en 2013, Etudes & résultats, Drees, juin 2015
– La Santé des élèves scolarisés en classe de troisième en 2009, Etudes & résultats, Drees, février 2014
– Jeunes.gouv – Quelle contraception choisir ?

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