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Alcool mondain : suis-je malade ?

Cette semaine, nous retrouvons à nouveau la famille Junot en plein questionnement sur leur consommation d’alcool. Cette fois-ci, nous nous intéresserons davantage aux parents qu’à leurs ados.

C’est l’été et chaque soir est l’occasion pour le couple Junot de voir des amis et chaque fête entre amis est le prétexte à sortir quelques bouteilles… Un cercle qui devient vicieux au point de ne plus trop savoir s’ils boivent quelques verres parce que les amis sont là, ou s’ils voient aussi souvent leurs amis pour boire quelques verres… Caroline et Mathieu Junot tomberaient-ils dans ce que l’on appelle « l’alcool mondain » ?

Petits ou gros soucis de santé, alimentation, environnement, prévention… Suivez les aventures de la famille Junot (Caroline, Mathieu et leurs 2 enfants, Sébastien et Sidonie) qui se pose les 1001 questions que nous nous posons tous quand il s’agit de notre santé…

Français et alcool : quelques chiffres

Une étude publiée en 2013 et menée par Sylvie Guérin, Agnès Laplanche, Ariane Dunant et Catherine Hill, du service de biostatistique et d’épidémiologie de l’Institut Gustave-Roussy de Villejuif révèle que l’alcool est responsable de près de 50 000 morts en France chaque année, et qu’il est une cause importante des décès prématurés puisqu’il est à l’origine de 22% de la mortalité des 15/34 ans, contre 7% pour les plus de 65 ans.

Oui, les Français sont moins nombreux à boire tous les jours, en revanche, lorsqu’ils boivent, ils boivent en plus grande quantité ! Sur son site, l’Inpes précise que la consommation quotidienne d’alcool des Français est passée de 24% à 11% entre 1992 et 2010 mais que dans le même temps, les 15-75 ans déclarant avoir bu au moins 6 verres, lors d’une même occasion, tous les mois sur les 12 derniers mois, sont passés de 15% à 18,2%.

Caroline et Mathieu Junot font-ils partie des 3,8 millions de Français qui ont une consommation d’alcool dite « à risque » ? Et d’ailleurs quels sont ces risques ?

Les méfaits de l’alcool sur la santé

Catherine Hill, qui fait partie de l’équipe de l’étude menée à l’Institut Gustave-Roussy, précisait dans un article du Monde, « L’alcool responsable de 49 000 morts en France par an« , que parmi ces décès imputables à l’alcool :

  • 15 000 sont des cancers
  • 12 000 des maladies cardio-vasculaires
  • 8 000 des maladies digestives (cirrhoses)
  • 8 000 des accidents et suicides

Des chiffres corroborés par le Docteur Lowenstein, Président de SOS Addiction, qui tient à insister sur les chiffres méconnus des cancers liés à la consommation d’alcool. On se focalise souvent sur les atteintes hépatiques comme les cirrhoses, alors que l’alcool peut être responsable de cancers de la langue, de la gorge, de la vessie, et même de près de 20% des cancers du sein ! Un chiffre qui fait froid dans le dos à Caroline au moment de se resservir son 4ème verre de rosé…

Combien de verres avant les effets délétères ?

Pas de chance (ou au contraire une aubaine) pour Caroline qui suit d’ailleurs rarement le même rythme de consommation que son mari. Pas très étonnant, car il est vrai que les femmes et les hommes ne sont pas égaux face à l’alcool ! En effet, les femmes ayant a priori une masse musculaire et un foie moins importants que les hommes, elles diluent moins l’alcool et y sont donc plus rapidement sensibles. Les effets de cette faible résistance à l’alcool se font ressentir à tous les niveaux, qu’il s’agisse de l’ivresse qui survient plus rapidement mais aussi des complications comme la cirrhose et les maladies évoquées plus haut qui apparaissent également précocement.

En outre, hommes et femmes confondus, il apparaît que l’absorption digestive est très variable d’une personne à l’autre et dépendrait notamment d’un facteur dont nous avons récemment parlé dans 66 Millions d’Impatients : le microbiote, c’est-à-dire la flore intestinale propre à chaque individu.

Petits conseils anti-trouble-fête…

Le docteur Lowenstein en profite pour donner quelques conseils qui pourraient bien sauver les lendemains des multiples apéritifs d’été de la famille Junot :

  • Ne pas mélanger différents alcools car cela augmente la déshydratation et potentialise les soucis digestifs déclencheurs d’éventuels nausées.
  • Manger, car à jeûn le passage de l’alcool absorbé par le cerveau se fait plus rapidement, et le phénomène de déshydratation également.
  • Boire lentement son premier verre car c’est souvent celui qui « shoote » le plus.
  • Alterner un verre d’alcool avec un verre d’eau.
  • Ne pas dépasser 5 verres, et s’arrêter évidemment bien avant si on conduit.
  • Certains alcools sont mieux tolérés que d’autres par l’organisme… Le rhum et le pastis seraient toxiques pour les cellules du cortex (adieu pastaga et pina colada), alors que la vodka et la tequila engendreraient moins de lendemains difficiles…

Suis-je malade d’alcool mondain ?

Pour le docteur Lowenstein, spécialiste des addictions, il n’y a pas de doute : ce que l’on appelle « l’alcool mondain » est bien une forme de dépendance et s’apparente à une maladie.

En effet, la nature est ainsi faite que 15 à 20% des mammifères ont un fonctionnement cérébral qui répond au système de récompense/dépendance.

Ainsi pour un certain nombre de personnes, si elles commencent à prendre plaisir à boire dans un cadre festif, à en tirer un « bénéfice », bien souvent parce qu’elles se sentent désinhibées et plus à l’aise, leur cerveau va enregistrer cette information en mode récompense/dépendance. Le cerveau va commencer à réclamer sa dose. Soit la personne boira seule, soit elle multipliera les prétextes de sorties pour l’obtenir. Vient alors ce schéma où l’on ne sait plus très bien si l’on boit parce qu’on se laisse entraîner par la fête ou si l’on cherche à faire la fête pour boire…

Et le cerveau est si bien programmé que même si la personne est malade le lendemain, il n’enregistre malheureusement que le bienfait, le soulagement immédiat de l’alcool, pas ses conséquences. On tombe alors dans une phrase décrite par le docteur Lowenstein en quelques mots : « Quand vouloir n’est plus pouvoir ». En d’autres termes, on est dépendant. « Il n’y a pas de honte à cela », ajoute le docteur Lowenstein. « La France est injuste car elle encourage culturellement la consommation d’alcool mais veut balayer sous le tapis les malades qui en payent le prix, avec une intolérance encore plus violente envers les femmes. Or la dépendance à l’alcool provoque bel et bien une altération des cellules, c’est une maladie et cela vaut vraiment la peine d’aller en parler à son généraliste ou à un addictologue, car aujourd’hui des traitements efficaces permettent d’enrayer cette dépendance », termine-t-il.

La semaine prochaine, nous verrons justement quelles sont les prises en charge thérapeutiques possibles pour les malades dépendants à l’alcool.

A lire ou relire :
Alcool, adolescence et premières sorties, épisode de la « saga Junot » du 19 juillet 2015

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