Alcool, adolescence et premières sorties

Nous avons laissé la famille Junot cet hiver en plein test des médecines douces, et la retrouvons cet été pour parler d’un sujet qui concerne les jeunes comme les moins jeunes : l’alcool.

Les enfants Junot sont ados désormais. Les premières fêtes et sorties s’enchaînent, les premiers verres aussi, et ce ne sont pas forcément les parents qui montrent toujours le bon exemple, surtout durant l’été, où trinquer entre amis à l’heure de l’apéro semble devenir un joyeux rituel quasi quotidien…

Comment entamer le dialogue au sujet de l’alcool avec des adolescents et ne pas les laisser peut-être s’enliser dans de mauvaises habitudes, surtout à l’heure où le binge drinking chez les jeunes est à la mode ?

Petits ou gros soucis de santé, alimentation, environnement, prévention… Suivez les aventures de la famille Junot (Caroline, Mathieu et leurs 2 enfants, Sébastien et Sidonie) qui se pose les 1001 questions que nous nous posons tous quand il s’agit de notre santé… 

Les chiffres des jeunes face à l’alcool

Parmi les dangers que les parents appréhendent au moment de l’adolescence, la consommation de tabac, voire de cannabis et bien entendu d’alcool forment un bon trio de tête.

Selon une enquête de l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT), 9 adolescents sur 10 ont déjà consommé de l’alcool à l’âge de 17 ans. La même étude révèle, qu’en 2014, 12,3% des adolescents interrogés étaient des consommateurs réguliers d’alcool, en grande majorité des garçons.

L’âge de la première ivresse se situe vers 15 ans. « 58,9 % des adolescents déclarent avoir déjà été ivres au cours de leur vie et plus d’un quart (25,3 %) avoir connu au moins trois épisodes d’ivresse au cours des 12 derniers mois », rapporte l’enquête.

Des chiffres qui ne rassurent pas Caroline Junot à l’heure de faire les valises d’été… Car si la loi interdit en France la vente d’alcool aux mineurs, elle n’interdit pas de boire de l’alcool avant 18 ans. Quand bien même le ferait-elle, cela empêcherait-il les adolescents de l’expérimenter puisque l’enquête de l’OFDT indique également que près de la moitié des adolescents interrogés déclare avoir déjà consommé du cannabis…

Comment surveiller les sorties de ses adolescents ?

Pour Jean-Pierre Couteron, Président de Fédération Addiction, les parents ne doivent pas hésiter à prendre les devants, à instaurer le dialogue et à préparer l’adolescent à sa rencontre avec l’alcool.

Bien entendu les habitudes familiales peuvent influencer la façon dont les adolescents vont commencer à consommer de l’alcool, d’autant qu’il n’est pas rare qu’il y ait « initiation » au sein même de la famille, lors des mariages, des fêtes de fin d’année, des anniversaires…

Pour Jean-Pierre Couteron, il n’y a pas de débat : « Avant 15 ans, pas d’alcool. Au delà de cet âge, on peut donner des autorisations progressives lors des sorties entre amis. Mais il n’est pas question d’être plus royaliste que le roi », précise t-il. En effet, il est délicat d’interdire formellement aux adolescents de boire tout en partageant soi-même un, voire plusieurs apéritifs entre amis. En outre, même si l’alcool ne fait pas partie des habitudes de la famille, il vaut mieux laisser une porte ouverte au dialogue, avec des autorisations raisonnables, puisque les chiffres le montrent, il y a 9 chances sur 10 que les adolescents expérimentent de boire un verre d’alcool !

La limite à ne pas dépasser, l’objectif à fixer avant les sorties ? C’est de ne pas rentrer ivre. Mais si cela arrive, précise Jean-Pierre Couteron, il vaut mieux dire à ses enfants que s’ils ont bu le verre de trop, ils ne doivent pas hésiter à appeler leurs parents. Que ces derniers viendront les aider et non les sanctionner. Au moins le dialogue est-il établi, la confiance installée.

Quelques conseils à donner aux adolescents avant de sortir…

  • Se méfier des alcools sucrés, des cocktails type sangria, car le sucre masque le goût de l’alcool et incite à boire assez vite et plus,
  • Expliquer qu’il y a un décalage entre les verres consommés et la survenue de l’ivresse,
  • Leur donner des petits arguments à rétorquer à leurs copains quand ils ne veulent pas boire mais ont peur de passer pour un rabat-joie :
    – dire aux amis qu’ils ont mal à la tête,
    – qu’ils ont trop fait la fête la veille,
    – qu’ils ont pris un médicament qui fait mauvais ménage avec l’alcool…

L’alcool a des effets néfastes sur le développement du cerveau des adolescents

Le seul bénéfice du binge drinking aura été que les études concernant les conséquences de l’alcool sur la santé des plus jeunes se sont multipliées. Il est désormais acquis que le cerveau poursuit son développement jusqu’à 25 ans environ et que l’alcoolisme chez les jeunes, autant chronique que ponctuel perturbe le système nerveux central et fait subir une perte d’efficience au cerveau.

En outre une consommation régulière d’alcool à l’adolescence augmente le risque de devenir un malade dépendant alcoolique à l’âge adulte.

Et si un adolescent dérape trop souvent ?

Avez-vous vu ce spot publicitaire ?

C’est celui des Consultations Jeunes Consommateurs (CJC).
Le film montre bien à quel point les épisodes d’alcoolisation importante se banalisent, même chez les filles. Évidemment le binge drinking, cette pratique dont nous avons déjà parlé dans 66 Millions (lire ici l’article), qui consiste à boire de grandes quantités d’alcool sur une période très courte est également loin d’être enrayée.

Il y a plus de 400 Consultations Jeunes Consommateurs en France, qui accueillent les jeunes de 12 à 25 ans et leur famille, pour tout type d’addictions (alcool bien sûr, mais aussi tabac, cannabis, drogues de synthèse, jeux vidéos…).

Jean-Pierre Couteron, qui est également psychologue clinicien et s’occupe de la CJC du Trait d’Union à Boulogne-Billancourt, nous explique que les jeunes peuvent venir seuls et sans rendez-vous pour discuter dans un premier temps, mais que s’ils sont mineurs et désirent un suivi, les parents devront être prévenus. C’est la loi.

Mais dans le cas de notre famille Junot, Caroline, la maman, voudrait convaincre son fils Sébastien d’aller avec elle à l’une de ces consultations car elle a remarqué qu’il ne se passait plus un week-end sans qu’il ne rentre éméché de ses sorties entre copains. Malheureusement son fils ne tient pas du tout à l’accompagner. Une divergence qui n’est pas étonnante quand on lit les résultats d’un sondage réalisé par l’Institut BVA à la demande de l’INPES et qui montre que lorsqu’un adolescent a une consommation addictive problématique, c’est un sujet de conflit pour 25% des parents et pour 70% des adolescents. Jean-Pierre Couteron conseille alors à ces parents qui ne parviennent pas à venir avec leur enfant de venir seul dans un premier temps. « Notre credo est simple : venez quand vous voulez, quand vous pouvez. Notre objectif est de faciliter l’accès au dialogue », précise t-il.

La semaine prochaine, les aventures de la famille Junot continuent, toujours sur le sujet de l’alcool, avec cette fois l’angle de l’« alcool mondain »

En savoir plus :

Site Drogues Info Service
Site INPES

 

 

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