Perturbateurs endocriniens : la menace invisible

Après « L’Anti-régime » par Michel Desmurget, 66 Millions d’Impatients poursuit son petit tour des bons livres santé de l’été 2015, à embarquer dans vos valises !

Cette semaine, nous avons lu Perturbateurs endocriniens : la Menace invisible, co-écrit par Marine Jobert et François Veillerette. Un livre qui dresse l’état des lieux de la contamination du monde moderne par les substances chimiques, dont on sait désormais qu’elles sont responsables d’une explosion des maladies chroniques comme le diabète, mais aussi de l’autisme, Alzheimer et bien entendu des cancers.

Bisphénol A, parabènes, phtalates, pesticides, distylbène, retardateurs de flammes, les perturbateurs endocriniens (PE) ont littéralement envahi notre quotidien, et comme le précise le titre du livre, ils sont des ennemis invisibles, qui rapportent bien trop d’argent aux industriels pour que ces derniers acceptent d’en parler enfin au grand jour et trouver des solutions pour les éliminer.

Les auteurs ont eu à cœur de rendre accessibles au grand public les récentes données scientifiques et la situation des réglementations qui se mettent difficilement en place, pour prévenir la population des méfaits des perturbateurs endocriniens.

Une contamination autant ménagère que planétaire

Les perturbateurs endocriniens (PE) se cachent partout et le livre développe une liste malheureusement non exhaustive de nos expositions quotidiennes, et nous donne quelques clés pour nous en protéger…

Ainsi risque-t-on de trouver des PE :

« La contamination est désormais généralisée », nous précise Marine Jobert. « Dans le livre nous donnons l’exemple d’une étude menée par l’équipe d’Alain Lenoir de l’université de Tours, qui a analysé des carapaces d’insectes collectés un peu partout dans le monde. Le triste constat est que sur tous, même des fourmis ramassées dans la jungle amazonienne, on a retrouvé du phtalate ! Pour vous parler d’une expérience plus personnelle, j’ai fait partie d’un test pour lequel j’ai donné une mèche de cheveux sur laquelle des scientifiques ont recherché un certain nombre de perturbateurs endocriniens. Parmi tous les contributeurs, j’ai été celle dont la mèche en contenait le plus, soit 32 ! Pourtant je mange bio, je fais attention à tous les produits que j’achète, j’évite même le mobilier neuf, qui sont des nids à PE et pourtant je n’y échappe pas. Comment y échapper d'ailleurs quand on sait qu’il est par exemple impossible de trouver du linge de lit traité sans retardateur de flammes… », poursuit l’auteure.

Conséquences et coût des perturbateurs endocriniens sur la santé

Les chiffres rappelés dans l’ouvrage font froid dans le dos : 35 millions de substances chimiques commercialement disponibles dans le monde et 15 à 20 000 nouvelles substances chimiques enregistrées chaque jour forment un cocktail de perturbateurs endocriniens dont de nombreuses études montrent désormais leur conséquence sur la santé, tant humaine, qu’animale, voire végétale.

Ainsi, comme l’indique les auteurs, si l’espérance de vie augmente, « l’espérance de vie en bonne santé, c’est à dire autonome et indemne de maladie chronique » a tendance a diminué. Car ce sont bien les cancers et les maladies chroniques, liées au système endocrinien (celui des hormones) qui sont les plus touchées.

Une autre liste non exhaustive vient compléter celle des expositions aux PE, c'est celle des maladies qui augmentent sous leurs effets : 

  • Les cancers hormono-dépendants,
  • La puberté précoce,
  • Les malformations génitales masculines,
  • L’infertilité,
  • Le diabète,
  • L’obésité,
  • L’autisme…

Au moment où nous l’interviewons, Marine Jobert nous renvoie à un article du Monde qui annonce que les perturbateurs endocriniens coûtent, en matière de santé, plus de 150 milliards d’euros en Europe.

Un constat alarmiste ou optimiste ?

Quand les auteurs énoncent que 95% des Français ont du bisphénol A dans les urines, on a envie de répondre qu’on est en plein scénario de scandale sanitaire. Pourtant il ne semble pas que les pouvoirs publics, visiblement influencés par les lobbies industriels, n’aient la volonté de faire bouger rapidement les choses, comme l’explique le chapitre 4 (voir également l’article de 66 Millions sur le sujet).

Pour autant, Marine Jobert reste optimiste : « Il y a 30 ans, on ne connaissait même pas les perturbateurs endocriniens. Aujourd’hui on sait contre quoi mener le combat, et c’est à nous tous, et plus encore aux malades, soutenus par leurs associations, de faire remonter ce sujet pour l’imposer auprès des politiques comme une véritable revendication de santé publique. »

Quelques gestes du quotidien pour éviter les perturbateurs endocriniens

Le livre propose pas mal d’astuces pour se mettre à l’abri des perturbateurs endocriniens, dont voici quelques exemples :

  • Pour cuisiner, remplacer sa spatule en plastique par une spatule en bois
  • Laver vos vêtements neufs avant de les porter (surtout pour les enfants !)
  • Evitez de réchauffer vos aliments dans des récipients en matière plastique
  • Evitez les bougies parfumées et parfums d’intérieur
  • Déchaussez-vous chez vous pour ne pas introduire de pesticides
  • Consommez le moins possible de plats préparés industriels
  • Choisissez des savons artisanaux les plus naturels possible
  • Passez vous de lingettes, surtout celles destinées aux enfants
  • Limitez les produits ménagers industriels et préférez le vinaigre blanc, le savon noir et le bicarbonate de soude pour faire le ménage

Perturbateurs endocriniens : la menace invisible – Marine Jobert et François Veillerette – Collection « Dans le vif » aux éditions Buchet-Chastel – 12€

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