Dans son ouvrage, Michel Desmurget, spécialiste en neurosciences précise, études scientifiques à l’appui, les raisons de l’inefficacité des régimes amaigrissants

Régimes amaigrissants : qui va piano va sano…

Dans l'ouvrage L'anti-régime – Maigrir pour de bon, Michel Desmurget, spécialiste en neurosciences, précise, études scientifiques à l’appui, les raisons de l’inefficacité des régimes amaigrissants qui proposent une perte de poids rapide. Maigrir reste néanmoins possible, selon l’auteur, à condition justement de prendre son temps.

« Le meilleur moyen de foirer un régime, c’est de perdre trop vite du poids. Quand j'en ai eu assez des régimes amaigrissants fantaisistes, assez de perdre à chaque fois dix kilos pour en reprendre douze et de traumatiser inutilement mon organisme, j'ai décidé d’oublier les méthodes de bazar pour me plonger dans la littérature scientifique… »

Les résultats de cette immersion, Michel Desmurget, directeur de recherche pour l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) au centre de neurosciences cognitives de Lyon les livre dans l'ouvrage intitulé « L’anti-régime – Maigrir pour de bon »* qu’il a publié en mai dernier. Début juin, il était l'invité de "La tête au carré" sur France Inter pour en discuter. 

Focus sur la littérature scientifique

Véritable réquisitoire contre les régimes amaigrissants promettant à qui veut bien l’entendre une perte de poids rapide et sans efforts, cet ouvrage explique par le menu pourquoi, en plus de s’avérer dangereux pour l’organisme, ces régimes ne présentent aucune efficacité. Et surtout, comment il convient de procéder afin de perdre durablement du poids.

Le constat d’inefficacité et de dangerosité, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses), l’a déjà émis dans un épais rapport publié en 2011. Dukan, Montignac, Cohen, Weight Watchers… L’agence a passé au crible une quinzaine de méthodes populaires afin de les évaluer. Principal conclusion de ce travail : « La pratique de régimes amaigrissants n'est pas un acte anodin. Le risque d'apparition de conséquences néfastes plus ou moins graves sur la santé ne peut être dans tous les cas, négligé ».

De fait, quels qu’ils soient, ces régimes amaigrissants exposent à des déséquilibres importants. En fonction des carences ou des excès, les experts pointent en vrac l’augmentation possible des troubles cardiovasculaires (associés aux régimes hyperprotéinés de type Dukan), le risque d’atteinte au foie et aux reins ou encore l’aggravation des problèmes d’ostéoporose chez le sujet âgé. Michel Desmurget souligne également la dangerosité des régimes hypolipidiques qui font, selon lui, le lit des maladies neurodégénératives, Alzheimer en tête.

Des régimes délétères pour la santé

Sans parler des troubles sévères du comportement alimentaire susceptibles de s’installer au fil que se répètent ces irrationnelles périodes de restriction. « Sur le plan comportemental, la restriction cognitive et la perturbation du comportement alimentaire qu'elle induit aggrave très souvent le problème pondéral, observent les experts de l'Anses. Les chiffres sont éloquents : la reprise de poids concerne 80 % des sujets après un an et augmente avec le temps ».

Dans son ouvrage, Michel Desmurget explique les raisons de cette inefficacité : « Lorsqu’il s’aperçoit qu’on tape dans ses réserves, l’organisme adopte le mode famine et met en place différents mécanismes pour enrayer la poursuite du processus. Une restriction trop importante des apports alimentaires altère par exemple le fonctionnement du système hormonal en augmentant la production de l’hormone liée à la faim en même temps que diminuent les quantités de celle censée assurer la satiété.

En parallèle, les mécanismes de récompense se déshinibent gravement. « Non seulement le sujet est affamé en permanence mais en plus le plaisir consécutif à la prise alimentaire est décuplé ». Autant dire que ses chances de succès à long terme sont quasi nulles. Et ne parlez pas de volonté à Michel Desmurget : « Même avec la motivation d’un moine en période de carême, vous n’y arriverez pas ». D’où le taux important d’échecs relevé par l’Anses et que souligne aussi l’ensemble des spécialistes du sujet.

Qui va piano, va sano

Perdre du poids n’en demeure pas moins possible. A condition de déjouer les mécanismes de régulation de l’organisme. Comment ? En restant sous le radar des systèmes organiques de contrôle du poids et de la faim. « De par la relative grossièreté de ses capteurs, l'organisme se révèle totalement aveugle aux faibles variations de la balance énergétique et aux taxations lentes des réserves lipidiques. Dès lors, si vous restez "caché" dans la zone d'incertitude physiologique (qui représente grossièrement 20 % du bilan énergétique quotidien à répartir sur les entrées et les sorties), vous perdrez du poids durablement sans déclencher l'ire vengeresse des défenses organiques, ni accroître les sensations de faim ».

Une personne dont la ration alimentaire quotidienne s’élèverait à 2000 calories peut ainsi envisager de diminuer ses apports d’environ 200 calories par jour (l’équivalent d’un croissant) tout en augmentant la dépense physique de 200 calories (30 minutes de jogging, de vélo ou de marche rapide), sans réaction de son organisme. La pratique d’une activité physique, vivement conseillée, constitue de fait un élément essentiel de la perte de poids.

Restez déterminé et sûr de votre fait. A terme, cette approche « ça fait dans les 25 kg en moins sur la balance ». Michel Desmurget sait de quoi il en retourne, puisqu’il est finalement parvenu à se débarrasser de 50 kg en suivant les conseils qu'il préconise aujourd'hui. Il lui aura fallu trois ans. « Si l’idée vous frustre, conclut-il, posez-vous la question : vaut-il mieux réussir en douze mois ou échouer en trois ? »

* L’anti-régime – Maigrir pour de bon, Editions Belin, Mai 2015, 21 €

1 commentaires

  • Brigitte dit :

     Vous avez raison dans tout ce qui est dit dans l’article mais vous devez également réfléchir dans chaque cas particulier. Par exemple, un régime visant à perdre du poids rapidement peut convenir à une personne dont la génétique est à la peau fine mais qui a pris du poids pour une raison quelconque. Cependant, si quelqu’un a une tendance génétique à grossir, nul doute que ce type de régime est une mauvaise idée.

    Salutations et félicitations pour le blog

Laisser un commentaire public

Votre commentaire sera visible par tous. Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Logo Santé Info Droits

Êtes-vous satisfait
du site internet de
France Assos Santé ?

Donnez votre avis, en moins de 10 min !

ENQUÊTE

Non merci, je ne veux pas donner mon avis

Partager sur

Copier le lien

Copier