yoga, santé et bien-être, yogathérapie

Pratiquer le yoga pour une meilleure santé ?

Ce 21 juin, était célébrée la 1ère Journée internationale du yoga, à propos de laquelle le Vice-Président de l’Assemblée générale des Nations Unies (ONU) avait rappelé que : « depuis des siècles, les peuples de tous les horizons ont pratiqué le yoga qui met la pensée en harmonie avec l’action et qui prône une approche holistique de la santé et du bien-être ».

Le yoga, discipline axée sur un travail sur soi, vise à créer une harmonie entre son mental, sa conscience et son corps. Pour le yoga, comme pour la médecine indienne traditionnelle et holistique qu’est l’ayurveda, il existe un continuum entre le corps et l’esprit. Aussi le yoga s’inscrit-il dans une vision globale de l’être qui soutient un état de pleine santé tel que défini par l’OMS : « la santé n’est pas seulement l’absence de maladie ou d’infirmité, mais un état de bien-être total, physique, mental et social ».

Mais le yoga, qui a le vent en poupe ces dernières années et ne cesse de voir augmenter son nombre d’adeptes, est-il un art de vivre ou une thérapie ? Les deux, sans doute ! De multiples voies et approches du yoga existent, mais concentrons-nous sur les pratiques psycho-physiques du yoga telles que majoritairement proposées en Occident, sur ses bienfaits… mais aussi, en premier lieu, sur ses potentiels risques.

Le yoga, une pratique à risques?

Un article du New York Times Magazine paru le 5 janvier 2012 sous le titre « How Yoga Can Wreck Your Body » (« Comment le yoga peut bousiller votre corps ») a eu une forte répercussion. Le journaliste scientifique William J. Broad y raconte son expérience douloureuse et explique que les postures proposées sont beaucoup trop complexes pour la plupart des adeptes. Il dénonce le fait que le yoga est destiné aux personnes en bonne condition physique et que beaucoup de pratiquants moins en forme s’exposent à des risques de blessures. Et, en effet, de nombreuses postures en yoga sont exigeantes, demandent une préparation et ne sont pas exemptes de contre-indications.

Par exemple, une posture comprimant la nuque ne sera pas sans danger pour une personne présentant une certaine fragilité au niveau des cervicales. La pratique peut également avoir un impact négatif sur le plan psychique pour des personnes fragiles.

Toutefois, ce qui fait le plus souvent l’objet de ces critiques, ce sont des formes de yoga pratiquées comme des sports avec un esprit de compétition et de performance, pour la plupart d’origine anglo-saxonnes.

Lorsque l’on pratique le yoga, il faut donc se questionner sur la façon dont il est pratiqué dans certains centres ou par certains enseignants :

  • A titre d’exemple, des professionnels de la santé mettent en garde contre des pratiques sous forte chaleur dont les risques sont, d’une part, de trop étirer des parties du corps, jusqu’à endommager des muscles ou ligaments et même déchirer des cartilages et, d’autre part, de provoquer une chaleur corporelle anormalement élevée.
  • Concernant les professeurs de yoga, la profession n’est à ce jour en France pas réglementée et les formations proposées par les écoles ou fédérations restent disparates et inégales.
  • Et, bien sûr, il faut être vigilant quant aux dérives de ceux qui dévoient volontairement le yoga, y compris dans le domaine de la santé. Lire à cet égard notre article « Médecines alternatives : gare au gourou! ».

Cependant, les professeurs de yoga éthiquement recommandables s’accordent à dire qu’« un yoga qui fait mal est un yoga mal fait ». Une blessure apparait donc d’abord comme le signe d’une mauvaise pratique. Ainsi, il convient à chaque personne désirant s’initier au yoga de trouver la pratique qui lui conviendra le mieux.

Des recommandations pour bien aborder la pratique du yoga

Dans une séance de yoga classique, on retrouve en général chacun de ces différents éléments : la concentration, les postures, la respiration, la synchronisation entre le geste et la respiration, la relaxation et la méditation.

L’intensité et le temps consacré à ces différentes parties diffèrent d’un cours à l’autre. Il est recommandé de choisir un yoga adapté à son âge, son état de santé et son niveau afin de limiter les risques liés à cette pratique. Selon votre situation, vous serez tentés d’essayer un yoga dynamique ou au contraire relaxant. Si vous découvrez le yoga, un cours débutant vous permettra de vous inscrire dans une démarche progressive.

« Un yoga qui fait mal est un yoga mal fait »

Un bon professeur sera celui avec qui vous vous sentirez en confiance, prendra le temps de vous accueillir, vous proposera une pratique adaptée et sera à même de vous corriger. Pour cette dernière raison, au début, une pratique autonome n’est pas recommandée. Pendant la pratique, restez concentré, à l’écoute de votre corps, dans le ressenti et, acceptez vos limites sans rechercher la performance. Si ça force, il faut savoir s’arrêter. C’est d’ailleurs un enseignement majeur du yoga que de respecter son corps.

Le yoga pour une santé globale et préventive

La pratique du yoga répond pour une grande part aux préconisations des médecins en ce qu’ils recommandent l’exercice, la mise en mouvement du corps, le relâchement et une bonne respiration. Les postures, par leur diversité, invitent à mobiliser l’ensemble du corps et plus particulièrement le dos par des mouvements favorables à sa souplesse et à sa tonicité. La posture yogique favorise aussi l’alignement optimal du corps, le bon équilibre musculaire et aide à prendre conscience des tensions inscrites dans le corps pour les relâcher. Le yoga procure ainsi de la détente tout en apportant de l’énergie. Si les bienfaits sont d’ordre physique, ils sont également d’ordre psychique. A ce titre, on s’aperçoit que le yoga n’a pas tant pour effet de faire travailler son corps que de calmer son mental et ses émotions. Sous un angle physiologique, des articles scientifiques tentent de démontrer que le yoga agirait en régulant le système nerveux et le système hormonal.

Nombreux sont les témoignages de participants qui se “sentent bien” après une séance de yoga. Les pratiquants réguliers, quant à eux, constatent souvent que le yoga les a naturellement amenés à être plus attentifs à leur hygiène de vie. Quant aux effets bénéfiques du yoga dans la réduction du stress, désormais reconnus par plusieurs études, ils représentent également un intérêt dans la prévention des accidents cardio-vasculaires.

Plus largement, le yoga comme méthode d’auto-régulation physiologique et psychologique nous responsabilise en nous invitant à s’approprier notre corps pour passer d’un corps objet à un corps sujet, et ainsi devenir acteur de notre propre santé.

Le yoga et la santé, vers une nouvelle approche thérapeutique?

Certaines études scientifiques soulignent les bienfaits et bénéfices du yoga pour réduire les effets secondaires de nombreuses pathologies. Nous ne déroulerons pas ici la longue liste des troubles variés (respiratoires, digestifs, endocriniens, génito-urinaires, cardio-vasculaires, orthopédiques, neuro-musculaires, psychiques, nerveux…) pour lesquels une pratique suivie et adaptée du yoga pourrait être recommandée. Dans tous les cas, l’absence d’effets indésirables et l’excellent rapport coût-bénéfices sont des aspects non négligeables et systématiquement mentionnés dans les études.

A titre d’exemple, il a été constaté une diminution des effets secondaires d’une chimiothérapie par une baisse de la réaction inflammatoire dans le cas de cancer ou, une plus grande efficience des mains et un meilleur contrôle des niveaux de glucose dans le sang dans le cas de diabète.

A un autre niveau, le yoga peut aider face à un corps atteint par une maladie ou un handicap, permettant à la personne de changer de perception et de reprendre contact avec lui de façon positive et constructive.

Le yoga profite de l’engouement dont font l’objet les thérapies complémentaires et alternatives. Une discipline dénommée « yogathérapie » s’est développée : la pratique y est individuelle et personnalisée, pensée en cohérence avec le parcours médical du patient, et, bien sûr, elle ne vient pas se substituer aux traitements.

« La pratique [du yoga] est particulièrement efficace sur les troubles chroniques, en particulier s’ils contiennent une composante mécanique, fonctionnelle ou psychosomatique » Docteur Lionel Coudron (*)

Aux Etats-Unis, au Canada, en Angleterre, en Australie et dans quelques pays d’Asie, le yoga a fait son entrée dans des hôpitaux et centres de soins. Il est alors souvent intégré aux « supportive care« , ces « soins de support » accompagnant le patient dans le traitement de sa maladie.
En France, si des expériences sont menées dans plusieurs hôpitaux comme à l’hôpital Tenon, à l’hôpital Lariboisière ou encore à l’hôpital Necker, ce n’est que récemment qu’une véritable consultation de yogathérapie a vu le jour à hôpital d’Eaubonne avec le Docteur Borel-Kühner, spécialisé dans la prise en charge de la douleur.

(*) Le Docteur Lionel Coudron est fondateur de l’Institut de Yogathérapie (IDYT). Il est l’auteur de La Yoga-thérapie, livre publié aux éditions Odile Jacob en 2010, ainsi que de nombreux ouvrages de référence sur le yoga et la santé. Il a été professeur de Yoga avant de devenir médecin, médecin du sport, acupuncteur et nutritionniste. Il a été président de l’école de professeurs de la Fédération Française de Hatha Yoga de 2000 à 2004.

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