La famille Junot tente la médecine chinoise

Cet hiver, la famille Junot a décidé de tester les médecines dites « douces », « alternatives » ou encore  » complémentaires », pour se soigner. Ostéopathie, homéopathie, acupuncture, aromathérapie… Pour quelles indications médicales, ces différentes disciplines sont-elles les plus efficaces ? 66 Millions d’Impatients a fait sa petite enquête !

Petits ou gros soucis de santé, alimentation, environnement, prévention… Suivez les aventures de la famille Junot (Caroline, Mathieu et leurs 2 enfants, Sébastien et Sidonie) qui se pose les 1001 questions que nous nous posons tous quand il s’agit de notre santé.

Branle-bas de combat chez les Junot ! Depuis que Mathieu a vu un reportage sur la médecine chinoise, il ne jure plus que par cette médecine ancestrale. Caroline est également curieuse et décide de s’intéresser à l’une des pratiques de la médecine chinoise particulièrement répandue en France : l’acupuncture. Elle ne représente pourtant que la partie émergée de l’iceberg puisqu’en médecine chinoise, on utilise à 80% des remèdes issus de la pharmacopée… chinoise !

Trouver un bon praticien en acupuncture ou médecine chinoise

Caroline est d’autant plus attirée par l’acupuncture, que son médecin généraliste pratique cette discipline. C’est pour elle un gage de sérieux. Il est vrai qu’en France, où la médecine chinoise n’est pas règlementée, il n’est pas évident de trouver l’adresse d’un bon acupuncteur en cherchant simplement dans l’annuaire ou sur internet.
Il faut savoir qu’en Chine, les étudiants, à la fin de l’équivalent de notre baccalauréat, peuvent choisir entre la faculté de médecine chinoise et la faculté de médecine occidentale. Dans les deux cas, les études durent jusqu’à 11 années.
Il y a d’ailleurs des hôpitaux distincts, certains où  la médecine chinoise est pratiquée et d’autres pour la médecine occidentale.

En France, il n’y a pas de formation aussi complète en médecine chinoise. Il existe de nombreuses écoles privées dont l’enseignement est malheureusement assez disparate et les diplômes non reconnus, ainsi que quelques diplômes universitaires (réservés aux professionnels de santé) afin que ces derniers puissent être initiés à des pratiques comme l’acupuncture, justement.
Il faut donc composer avec :

• les médecins qui ont une formation universitaire de médecine chinoise en Chine et qui sont venus s’installer en France,
• les médecins, infirmiers, dentistes ou sages-femmes diplômés en France et qui ont suivi une formation universitaire supplémentaire en médecine chinoise,
• et enfin des praticiens qui n’ont pas de diplômes officiels mais qui peuvent parfois être compétents.

Pour le Professeur Eric Marié, responsable pédagogique des diplômes universitaires de médecine chinoise à la Faculté de médecine de Montpellier, le patient n’a souvent pas d’autre solution que de se fier au bouche-à-oreille.

Différence entre médecine chinoise et médecine occidentale

La médecine chinoise est le système médical le plus diffusé dans le monde, en 2e position, juste après la médecine occidentale, nous précise le Professeur Marié. En effet, de tous temps, partout dans le monde, chaque culture a eu sa propre médecine et pour des raisons parfois politiques, économiques ou démographiques, certaines ont pris l’ascendant sur les autres. Pour autant, en Chine, les deux médecines cohabitent équitablement.

La médecine occidentale intègre en effet plus facilement les progrès technologiques, avec une volonté forte d’approfondir chacun de nos systèmes pour aller parfois jusqu’à l’infiniment petit. A contrario, la médecine chinoise ne dissocie jamais les systèmes les uns des autres. C’est une médecine qui observe le patient dans sa globalité, et qui est très personnalisée. Ainsi lorsqu’un groupe de patients présente, selon la médecine occidentale, la même maladie, et donc relève du même traitement, la médecine chinoise perçoit souvent plusieurs catégories bien distinctes et traite chacune d’entre elles de façon radicalement différente.

D’autre part, la médecine occidentale fonde sa thérapeutique sur des molécules qui sont les principes actifs des remèdes et elle est souvent capable de les synthétiser grâce aux progrès de la chimie, tandis que la médecine chinoise a une approche plus synthétique et bénéficie d’une longue expérience sans l’étude des combinaisons et des interactions entre les « drogues ».
Comment se déroule une consultation ?

Cette vision globale du patient envisagée par la médecine chinoise plaît décidément à Caroline, qui a entendu parler d’un médecin acupuncteur ayant soulagé les migraines d’un collègue de bureau. Elle est curieuse de voir si cette méthode peut également lui être bénéfique et guérir ses maux de tête hebdomadaires…
Si, en Chine, il n’est pas rare que chaque consultation se déroule à proximité des autres patients qui attendent leur tour, il y a peu de chance qu’un médecin, en France, vous reçoive dans de telles conditions. L’examen clinique présente quelques différences avec celui pratiqué couramment en médecine occidentale : l’entretien est plus long et le questionnement minutieux, l’observation du teint et de la langue ainsi que  la palpation précise du pouls du patient font partie du déroulement classique de la consultation.

Le diagnostic différentiel repose sur les causes et l’évolution de la maladie et il permet d’ajuster le traitement.
Le médecin chinois dispose d’un arsenal thérapeutique qui va de la pharmacopée, à l’acupuncture et la moxibustion (une variante de l’acupuncture dans laquelle on utilise la chaleur au lieu des aiguilles), en passant par les massages traditionnels, les recommandations diététiques, etc.

Traitement par l’acupuncture

En France, l’acupuncture est une méthode très en vogue, à tel point qu’on la confond avec l’ensemble de la médecine chinoise, alors qu’elle n’en constitue qu’une des branches thérapeutiques, et pas la plus importante, puisqu’en Chine, dans 80% des cas, on prescrit de la pharmacopée. Le Professeur Marié nous précise d’ailleurs que les usages de l’acupuncture sont différents en France et en Chine, tant en termes d’indications que des techniques et de fréquence des séances (souvent quotidiennes en Chine).

Quoi qu’il en soit, l’acupuncture est particulièrement efficace sur les douleurs sans lésion, comme les céphalées de Caroline justement, mais aussi sur les douleurs articulaires par exemple. En outre, l’acupuncture est indiquée en rééducation fonctionnelle, en cas de séquelles d’accident vasculaire cérébral, notamment.

Il faut bien avouer cependant qu’une séance d’acupuncture peut sembler assez impressionnante… Il s’agit en effet de stimuler des points très précis, en y implantant de très fines aiguilles (à usage unique, bien entendu). Ces points se trouvent en fait sur des « lignes » d’énergie, appelées « méridiens », qui relient entre elles les différentes parties du corps. Ainsi, en implantant des aiguilles au niveau de la peau, l’acupuncteur peut parvenir à relancer les fonctions de tel ou tel organe. Là encore, la philosophie de la médecine chinoise qui consiste à envisager le corps dans son ensemble prend tout son sens. On ne soigne pas forcément un organe en agissant directement dessus mais en rétablissant un équilibre énergétique global.

La plupart du temps, la mise en place des aiguilles est indolore. Elles peuvent donner lieu à une impression de chaleur ou à une sensation de pression. En revanche, la manipulation des aiguilles, indispensable pour l’efficacité du traitement, est souvent ressentie par le patient. Une séance d’acupuncture dure en général de 15 à 20 minutes durant lesquelles l’acupuncteur manipule tour à tour plusieurs aiguilles (3 à 10 en général, selon la pathologie). Il faut compter 3 à 6 séances sur une courte période, pour obtenir un résultat probant lors de la phase aiguë d’une maladie, mais, dans le cas des maladies chroniques, un plus grand nombre de séances, parfois plus espacées, sont souvent nécessaires.

La pharmacopée chinoise

Il se peut aussi que Caroline consulte un praticien de médecine chinoise qui ait étudié la pharmacopée, auquel cas, il y a de grandes chances qu’elle ressorte avec une prescription. Les substances qui servent à composer les formules peuvent être d’origine végétale, minérale, animale et même humaine (comme le placenta, encore utilisé en Chine mais plus en France). Elles sont soit utilisées à l’état naturel, soit après transformation physique ou chimique. Les remèdes composés de ces substances se présentent sous forme de poudres, de décoctions, de pilules, de sirops….
Bien entendu, en France, on ne trouve pas ces remèdes dans toutes nos pharmacies de quartier. Il est donc souvent nécessaire de les commander par La Poste. Le coût moyen d’un traitement classique pour un adulte est de 2 à 4 euros par jour

La médecine chinoise est-elle chère ?

Puisque l’on aborde la question du coût, la médecine chinoise n’étant pas réglementée en France, les prix des consultations sont fixés librement. Il faut compter en moyenne 50 à 60€ pour une consultation d’une trentaine de minutes. Ce sera sûrement un peu plus cher dans les grandes villes. En revanche, si vous consultez un médecin conventionné qui pratique par exemple l’acupuncture, il est tout à fait possible qu’il facture des honoraires qui sont alors pris en charge par l’Assurance Maladie dans les conditions classiques. Sachez également que certaines mutuelles peuvent participer au remboursement des consultations de médecines complémentaires, la plupart du temps dans la limite d’un plafond et d’un certain nombre de séances annuelles.

Les autres indications thérapeutiques

En Chine, bien entendu, la médecine chinoise traite autant les urgences que les maladies chroniques. Les patients peuvent librement choisir d’aller dans l’hôpital de leur choix. Pour beaucoup de pathologies, les deux médecines se valent… Parfois les deux fonctionnent bien, parfois les deux échouent, et selon les pathologies, il arrive que l’une ou l’autre des deux médecines soit mieux adaptée. Dans certaines maladies, comme dans le domaine de la cancérologie, la combinaison des deux médecines est fréquente car leurs modes d’action se complètent, au grand bénéfice du patient. Enfin, il existe en médecine chinoise des maladies qui ne sont pas connues de la médecine occidentale !
En France, du fait que la médecine chinoise est culturellement moins pratiquée, les consultations se déroulent plutôt sur rendez-vous pris à l’avance qu’en urgence et l’on traite rarement les phases aiguës des maladies avec cette médecine. En revanche, la médecine chinoise est particulièrement indiquée dans les maladies chroniques pour lesquelles la médecine occidentale ne propose souvent que des traitements palliatifs. Ainsi, la médecine chinoise obtient-elle parfois de meilleurs résultats en rhumatologie, notamment sur certaines forment de polyarthrite rhumatoïde.
En outre, en cancérologie, la combinaison des deux médecines est souvent très intéressante. L’approche globale du patient par la médecine chinoise et les traitements associés peuvent notamment permettre d’atténuer les effets secondaires d’une chimiothérapie.

Et vous, Impatient, vous êtes-vous déjà tourné vers la médecine chinoise, l’acupuncture ou avez-vous l’intention de vous y intéresser comme Caroline Junot ?
Nous vous invitons à participer à notre sondage « Avez-vous déjà eu recours à la médecine traditionnelle ? »