Hépatite C : dépistage facilité… mais quel accès au meilleur traitement ?

Mardi dernier, la Haute Autorité de Santé (HAS) a donné son feu vert pour l’utilisation des tests rapides d’orientation diagnostiques (Trod) dans la stratégie de dépistage de l’hépatite C.

Comme rappelé dans son communiqué, en France 232 000 personnes sont atteintes d’hépatite C (VHC) et la moitié d’entre elles ignorent leur statut. Face à cet enjeu de santé publique, la HAS publie des recommandations sur la place des tests rapides d’orientation diagnostique, se prononçant en leur faveur.

Les Trod : un outil efficace pour dépister rapidement l’hépatite C

Les Trod des hépatites C, déjà proposés dans de nombreux pays, permettent d’établir le statut sérologique d’une personne en moins d’une demi-heure (contre plusieurs jours avec les tests classiques). Dans son rapport, la HAS indique que les performances des Trod sont « satisfaisantes par rapport aux tests par méthode immuno-enzymatique » (les tests Elisa), notamment :

  • leur rapidité d’obtention des résultats permettant de limiter les risques de perdus de vue associés au délai d’attente,
  • la simplicité d’utilisation,
  • la possibilité de les utiliser dans des cadres non médicalisés.

La HAS recommande ces tests rapides dans la mesure où ils répondent « aux objectifs de renforcement de la prévention et du dépistage de l’hépatite C dans les populations particulièrement exposées au risque de transmission du VHC », mais du fait de leurs moindres sensibilité et spécificité par rapport au test Elisa, elle les préconise comme tests « complémentaires », qui « ne visent pas à concurrencer ou remplacer les dispositifs traditionnels de dépistage ».

 

Un outil particulièrement adapté aux personnes les plus vulnérables ayant peu accès aux dispositifs de dépistage classiques

Deux catégories de populations pourraient bénéficier en priorité de cette « nouvelle offre de dépistage » :

– les « populations à risque éloignées des structures d’accès commun », à savoir les usagers de drogue (en particulier les plus marginaux non suivis médicalement), les migrants provenant d’une zone de forte endémicité, les personnes cumulant plusieurs facteurs de risque.

– les « populations à risque non ou insuffisamment dépistées et chez qui les avantages des Trod arriveraient plus facilement à convaincre de l’intérêt d’un dépistage immédiat » (les personnes fréquentant les structures de soins de proximité, en milieu carcéral, des patients VIH+).

L’hépatite C est une infection chronique du foie causée par un virus qui se transmet par le sang. Si cette infection guérit spontanément chez 20 % des personnes infectées, l’hépatite C devient une maladie chronique dans 80 % des cas. Lorsque cette maladie n’est pas diagnostiquée et traitée à temps, elle peut provoquer une cirrhose, voire un cancer du foie.

Prise en charge tôt, une hépatite peut être contrôlée rapidement, ce qui réduit le risque de complications et de contaminations. Or actuellement en France, l’activité de dépistage est insuffisante : un malade sur deux ignore qu’il est porteur du virus. C’est pourquoi la HAS se dit favorable aux TROD.

Quelle prise en charge de ces tests… mais surtout, au-delà, des nouveaux traitements de l’hépatite C ?

« En accord avec le groupe de travail, la HAS préconise, pour ces personnes, une prise en charge par l’assurance maladie du dépistage par Trod afin de garantir un accès équitable sur l’ensemble du territoire et qu’aucune participation des patients ne soit engagée ».

En complément de cette avancée sur le front du dépistage, une autre question de fond anime l’actualité autour de la prise en charge de l’hépatite C. Dans une lettre ouverte d’une vingtaine d’associations (SOS Hépatites, Médecins du Monde, Aides, etc.) diffusée lundi – une semaine après la remise d’un rapport à la ministre de la Santé plaidant pour un plus grand investissement étatique dans la lutte contre les hépatites –, une alerte est lancée sur le coût « exorbitant » des nouveaux traitements contre l’hépatite C. Certes « beaucoup plus efficaces et avec moins d’effets secondaires », ils risquent cependant de discriminer certains malades : les antiviraux à action directe (AAD) et leurs coûts journaliers (en France, le Sofosbuvir est accessible pour un coût de 56 000 euros, soit 666 euros le comprimé, pour un traitement de 12 semaines) risquent d’entraîner « une prise en charge à deux vitesses ».

Or ces traitements nouvelle génération ne devront jamais amener à choisir qui mérite d’accéder aux traitements : ils « doivent être accessibles à tous, à prix réduit pour tous les usagers de soins en France et à l’étranger », souligne l’association SOS Hépatites.

 

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