Présidence française de l’UE : mais où est la santé ?

Selon une enquête Harris Interactive publiée le 2 décembre, 67 % des Français estiment que la santé doit être une priorité de la présidence française de l’UE (PFUE). Ce résultat confirme que la santé est l’une des principales préoccupations des Français, et ce d’autant plus que nous entamons notre troisième année de pandémie de COVID-19.

Et pourtant, la santé a brillé par son absence lors de la conférence de presse du 9 décembre, au cours de laquelle le Président de la République a présenté le programme de la PFUE. Le dossier de presse fait quant à lui référence à la création d’une « vraie agence de recherche commune et des grands plans de recherche, par exemple sur Alzheimer » mais c’est à peu près tout.

  • Quid de la lutte contre les pénuries de médicaments en Europe, dont le nombre a explosé bien avant la pandémie de COVID-19[2]? Les pénuries de médicaments d’intérêt thérapeutique majeur déclarées à l’ANSM ont été multipliées par 3 en 3 ans : 871 en 2018, 1504 en 2019 et 2446 en 2020.
  • Quid du vaccin contre le Covid-19 « bien public mondial », comme l’affirmait Emmanuel Macron en mai 2020, avant de déclarer en mai 2021 qu’il était « tout à fait favorable à ce que la propriété intellectuelle soit levée » sur les vaccins?
  • Quid du renforcement de la coopération européenne pour lutter contre le cancer, y compris le développement de la recherche génomique et des technologies de séquençage, afin de connaître les caractéristiques génétiques des tumeurs et de mieux les traiter ?
  • Quid de la priorité qui devait être accordée à la lutte contre les maladies rares ?
  • Quid enfin de l’espace européen des données de santé, qui devrait prochainement faire l’objet d’une proposition de règlement afin d’améliorer les soins, la recherche et les décisions en matière de politique de santé ?

En mars et en mai 2021, France Assos Santé avait quant à elle écrit au Premier ministre, au ministre de la Santé et au secrétaire d’Etat aux affaires européennes pour attirer leur attention sur deux sujets cruciaux pour les usagers :

  • Le renforcement des obligations des producteurs de médicaments afin de lutter efficacement contre les pénuries au sein de l’UE, sur le modèle des mesures adoptées en France depuis 2016 (plans de prévention et gestion des pénuries, obligation de stocks de sécurité, sanctions en cas d’infraction, etc.).
  • La réforme du régime européen de responsabilité sans faute des producteurs, qui s’applique aux médicaments comme à tous les produits sur le marché, et qui ne permet pas aujourd’hui aux victimes d’effets indésirables graves d’obtenir l’indemnisation à laquelle elles devraient avoir droit.

France Assos Santé et toutes ses associations membre espèrent donc que le gouvernement tiendra compte des attentes des usagers et donnera aux questions de santé, et en particulier aux pénuries de médicaments et à l’indemnisation des victimes, la priorité qu’elles méritent.

L’Europe a besoin d’une politique ambitieuse de santé publique, qui ne peut se réduire à une politique industrielle du médicament.

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