Dans un contexte de difficultés d’accès aux soins, où 6 millions de Français n’ont pas de médecin traitant, où les délais se rallongent, où les dépassements d’honoraires explosent, avec 70 % des nouveaux médecins qui s’installent en secteur 2, et où plus de la moitié des Français indiquent déjà avoir dû reporter des soins pour motifs financiers, les propositions du PLFSS ne feront qu’aggraver les risques de renoncements aux soins :
- Hausse du ticket modérateur ;
- Hausse des franchises à venir ;
- Actes et transports non remboursés si le prescripteur ne remplit pas correctement les documents ;
- Cotisations complémentaires santé qui vont fatalement encore augmenter avec le transfert de charges. Les personnes qui n’ont pas de contrats collectifs (retraités, chômeurs, travailleurs indépendants, agriculteurs, etc.) et qui paient plein pot, pour des garanties moindres, des cotisations déjà très élevées, à l’instar des personnes âgés, seront particulièrement impactées ;
- Baisse de l’indemnisation des arrêts de travail. L’indemnité maximale sera de 1,4 Smic, contre 1,8 Smic actuellement.
Des mesures nécessaires pour combler le déficit abyssal de la Sécu ? Mais selon quel équilibre ? Alors que les médecins libéraux ont vu des revalorisations de leurs tarifs, rien de tel du côté des patients qui doivent subir les dépassements d’honoraires et la désertification médicale.
D’autres options plus justes et durables existent pourtant.
Une généralisation du tiers-payant pour éviter les avances de frais et un encadrement des dépassements d’honoraires sont des mesures qui ne coûteraient rien à l’Assurance maladie, mais qui contribuerait à réduire le renoncement aux soins.
Une régulation de l’installation pour ne pas autoriser des médecins à s’installer dans des zones suffisamment dotées ou l’exigence de quelques années d’exercice, après le diplôme, dans des déserts médicaux, en est une autre, qui permettrait un meilleur accès aux soins, là encore sans dépenses supplémentaires.
Enfin, l’absence de mesures de prévention est un choix politique incompréhensible aujourd’hui, dans un contexte de hausse des maladies chroniques et, de ce fait, d’augmentation des dépenses de santé. Il est urgentissime de lever les freins sur la mise en œuvre des taxes sur des produits nocifs : alcool, malbouffe, sucre…Sources de recettes à court terme et d’économies sur la durée, cette piste permettrait de prévenir entre 25 et 30 % de cancers, sans compter les maladies cardiovasculaires.
Au final, un PLFSS qui entrave encore un peu plus l’accès aux soins.