Les Etats-Unis font leur révolution culturelle pour permettre à tous d’accéder à une assurance médicale !

Et en France, quel avenir pour l’assurance du risque maladie pour tous ?

 

Le 21 mars au soir, aux Etats-Unis, la chambre des représentants a adopté la réforme de l’Assurance maladie portée par Barack Obama, à 219 voix contre 212.

 

Même si les opposants à ce texte semblent prêts à s’appuyer sur le moindre vice de procédure pour retarder son application, comme c’est déjà le cas avec le renvoi devant la Chambre des représentants pour un nouveau vote obtenu par le camp républicain, le dispositif devrait garantir, une fois qu’il sera définitivement adopté, une couverture à 32 millions d’Américains qui en sont dépourvus. L’objectif est de couvrir 95 % des Américains de moins de 65 ans. Il sera par ailleurs interdit aussi aux assureurs de refuser une couverture à des personnes ayant été malades.

 

Le vote du 21 mars constitue une victoire pour Obama certes, mais surtout pour l’accès aux soins dans un pays qui exclut autant qu’il dépense pour sa santé.

 

Les élus américains ont agi par delà l’impopularité qu’inspire cette réforme dans l’opinion publique mais l’Etat fédéral devra s’armer de la plus grande détermination pour faire appliquer cette loi que certains Etats promettent déjà de phagocyter sans autre forme de procès.

 

Cette réforme répond à une urgence sociale et sanitaire mais elle sera promulguée dans un climat extrêmement hostile entretenu par une classe politique qui persiste dans le déni de l’échec. Car il s’agit bien de l’échec d’un choix de société qui a toujours célébré la responsabilité individuelle comme une religion et qui a cru à la logique du tout assurantiel privé pour répondre aux besoins de santé.

 

Plus qu’un modèle qui craque, c’est une idéologie toute entière qui cède à l’épreuve des faits car si les dépenses de santé représentent 17,5% du PIB (ce qui place les Etats-Unis au premier rang en matière de dépenses de santé), plus de 50 millions d’Américains ne disposent pourtant d’aucune assurance faute de pouvoir se payer une couverture individuelle. Un système caractérisé par un coût très élevé au niveau macro-économique, mais qui introduit les plus lourdes inégalités en termes d’accès aux soins.

 

En France, de lois de financement de la sécurité sociale en textes réglementaires, on renforce le rôle des organismes complémentaires, privés, notamment pour responsabiliser davantage les assurés mais quitte à faire courir des risques d’exclusion toujours plus grands de certains d’entre eux. En renonçant progressivement aux fondements culturels de notre système (« contribuer en fonction de ses moyens, en disposer en fonction de ses besoins »), en admettant des transferts de charges vers les complémentaires et en véhiculant des représentations très anxiogènes sur le « trou de la sécu », on encourage la privatisation du risque santé, à l’américaine !

 

Il faut le reconnaître, en choisissant d’alourdir le reste-à-charge des usagers, on élude le débat qui fâche tant : celui des recettes ou comment prélever mieux taxes et contributions pour répondre aux besoins de santé.

 

La clairvoyance des élus de la majorité américaine doit nous conforter dans nos choix qui valorisent la solidarité, la mutualisation et l’universalisme pour permettre à chacun d’accéder à des soins de qualité.

 

Cédons à l’attrait de la logique assurantielle et nous assisterons à l’avènement d’un système proche de celui jusqu’alors en place aux Etats-Unis : très coûteux, fortement inégalitaire et, qui plus est, dangereux pour la qualité des soins ainsi garantis !

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