Allongement du congé proche aidant : une première avancée qui en attend d’autres

A compter du 1er janvier 2025, les personnes actives qui souhaitent prendre un congé pour s’occuper d’un proche en situation de handicap ou en perte d’autonomie verront leurs droits un tant soit peu élargis.

Actuellement, celles-ci ne peuvent bénéficier que d’un congé proche aidant d’un an sur l’ensemble de leur vie professionnelle, assorti du versement durant 66 jours seulement de l’allocation journalière proche aidant (AJPA) – dont le montant a été porté cette année au niveau du smic, soit 64,54 euros par jour et 1 419 euros par mois.

En 2025, il sera désormais possible de solliciter un allongement ou un renouvellement de cette allocation et, partant, de la période d’indemnisation jusqu’à trois fois, à la condition toutefois d’apporter son soutien à un autre proche, ce qui représente tout de même 4 personnes aidées différentes pour pouvoir bénéficier de 264 jours d’allocations sur la totalité d’une carrière.
Ce droit rechargeable satisfait-il les associations concernées ? Oui et non, selon l’Union nationale des associations familiales (Unaf) qui coanime le Collectif inter-associatif des aidants familiaux (Ciaaf). Les explications de sa chargée de mission Pôle Protection sociale, Santé et Vieillesse, Alexine Geller : « Autant, on peut saluer la reconnaissance de droits plus avantageux pour les personnes pluri-aidantes, qui sont plus impactées que celles amenées à s’occuper d’un seul proche, autant le fait de devoir aider 4 personnes pour pouvoir bénéficier d’une année de versements de l’allocation nous paraît franchement insuffisant. Il faudrait que cet allongement de la période de versement de l’AJPA soit alignée sur la durée du congé et cela, dès la première personne aidée ». Une revendication qui date de la mise en place, en 2020, de l’AJPA pour limiter les pertes de revenus des salariés, fonctionnaires, auto-entrepreneurs, etc., non-rémunérés durant la période du congé proche aidant. L’occasion de rappeler que ce forfait, déjà minimaliste dans sa durée, ne profite pas aux personnes qui aident un proche malade. « La reconnaissance de leur rôle d’aidant constituerait une autre avancée légitime », commente Alexine Geller.

Si cette mesure était inscrite dans la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024, elle figurait aussi dans la 2e stratégie Agir pour les aidants 2023-2027, annoncée fin 2023. Le comité de suivi national mis en place à cette occasion ne s’est pas encore réuni. L’Unaf espère, par la voix d’Alexine Geller, que « ce droit rechargeable ne sera pas la seule avancée d’ici à 2027 ». Et de relever qu’en matière de droits des aidants, « la tendance est plutôt à la stagnation ». Sans évoquer le contexte peu favorable, malgré les enjeux liés vieillissement de la population et au maintien à domicile.

Dans l’immédiat, le Ciaaf suit de près les modalités d’application du décret, en particulier en ce qui concerne le lien entre les situations passées – pour les personnes qui, au 1er janvier prochain, auront déjà pris un congé proche aidant et épuisé leurs droits – et l’entrée en vigueur de cette nouvelle mesure.

Enfin, l’Unaf et les associations membres du collectif plaident en faveur d’une meilleure information des aidants sur leurs droits et, au-delà, d’une application de ceux-ci qui ne soit pas aussi disparate d’un territoire à un autre. « Il y a un décalage entre les textes produits au niveau national et la réalité du terrain, avec des situations très complexes, des parcours hachés… et tous les acteurs ne sont pas en mesure de répondre de manière satisfaisante », déplore Alexine Geller. Si l’on en croit les chiffres fournis dans le cadre de la présentation de la stratégie 2023-2027, les bénéficiaires de l’allocation congé proche aidant n’étaient que 13 000 pour la stratégie précédente, alors même que les personnes potentiellement concernées se comptent en plusieurs millions. Là encore, la marge de progression est immense, surtout quand on sait le rôle essentiel des aidants, par ailleurs souvent très impactant physiquement et moralement.

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