Vaccination anti-Covid : accélérer et gagner la confiance

Une semaine après le lancement de la campagne de vaccination contre la Covid-19, les critiques pleuvent sur la lenteur de sa mise en œuvre en France. Des ajustements ont d’ores et déjà eu lieu, concernant notamment les soignants de plus de 50 ans, mais il faut aller plus vite, plus loin, plus fort. France Assos Santé appelle à accélérer le déploiement de la deuxième phase et à renforcer la logistique, condition sine qua non à la réussite de cette vaccination à grande échelle. Tout comme la clarté et la transparence, sans lesquelles il ne sera pas possible de gagner la guerre contre le coronavirus. Sur tous ces axes, France Assos Santé entend peser pour relever l’un des défis majeurs de cette nouvelle année.     

Entre impatience et incompréhension. Entre le 27 décembre, date du lancement de la campagne de vaccination en France, et aujourd’hui, seules quelques centaines de personnes ont été vaccinées. France Assos Santé demande la mise en place d’une véritable logistique de guerre. Médecins, pharmaciens, infirmières, tous les acteurs en capacité de vacciner doivent être mobilisés. Il convient également de réquisitionner les grossistes répartiteurs, afin d’assurer une meilleure fluidité de l’intendance (stockage et distribution des vaccins).

Cette campagne est prévue pour être progressive : trois phases doivent se succéder, a priori d’ici à l’été. Mais France Assos Santé appelle d’ores et déjà à accélérer le rythme des vaccinations, en s’appuyant sur des consignes fortes, claires et rassurantes.

Transparence : calendrier à booster et priorisation des populations à revoir

Pour la première phase, le choix du gouvernement s’est porté sur les personnes les plus à risque. Sont prioritairement concernés les résidents des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et les unités de soins de longue durée (USLD), soit un peu plus de 14 000 institutions dans tout l’Hexagone.

Cette première vague de vaccination, qui comprenait initialement les professionnels de santé âgés de 65 ans ou plus et/ou à comorbidités travaillant dans ces établissements, a finalement été élargie aux soignants de plus de 50 ans ou présentant un facteur de risque. C’est une première étape. Mais les bénévoles, actifs dans les structures susmentionnées, devraient eux aussi, estime France Assos Santé, bénéficier de ce dispositif.

Au total, 1 million de personnes pourraient recevoir le vaccin Pfizer-BioNTech, à raison de deux injections, réalisées à trois semaines d’intervalle. En théorie, cette première phase doit durer jusqu’au mois de février. Pour tenir les délais, il est impératif de renforcer le rythme des vaccinations.

C’est pourquoi France Assos Santé demande d’accélérer sans délai la mise en œuvre de la phase 2, afin de protéger rapidement les populations les plus fragiles et les plus exposées. Quel que soit leur âge, les personnes les plus vulnérables risquent leur vie avec des formes graves plus fréquentes.

La Haute Autorité de santé (HAS) l’a rappelé dans sa recommandation datée du 18 décembre 2020, mais l’information n’est pas passée, ni auprès des personnes concernées, ni auprès de leurs médecins. L’Assurance Maladie doit jouer un rôle de premier ordre dans la diffusion de ces messages, au moyen notamment des comptes Ameli.

En termes de logistique, outre la mobilisation d’importants moyens humains et matériels, la disponibilité de doses de vaccin en quantité suffisante doit être garantie. C’est l’un des éléments-clés pour mener à bien la campagne de vaccination. De ce fait, les données sur les stocks doivent être rendues publiques.

Enfin, dans un troisième temps, la vaccination sera ouverte aux professionnels des secteurs essentiels (éducation, sécurité, secteur alimentaire…), aux Français de 50 à 64 ans ainsi qu’aux personnes précaires, avant d’être proposée à l’ensemble de la population majeure. Dans cette perspective, 200 millions de doses ont été précommandées.

Rappel : la vaccination anti-Covid n’est pas obligatoire.

Participation : Consentement éclairé et co-construction des messages

Dans le Guide Phase 1, envoyé par le ministère des Solidarités et de la Santé aux Ehpad et USLD, l’un des piliers de la campagne en cours, c’est le libre choix, ce qui se traduit par le recueil du consentement des résidents et patients de l’un ou l’autre de ces établissements, avant toute vaccination.

À cet effet, une consultation pré-vaccinale est prévue, cinq jours avant le début de la vaccination. Soit individuellement, de visu ou par téléconsultation, soit collectivement, une option envisageable en Ehpad. Selon les situations, les résidents peuvent se faire accompagner d’une personne de confiance ou du tuteur désigné. Dans son avis du 21 décembre dernier, le Comité consultatif national d’éthique précise toutefois que « dans tous les cas, et même dans le régime de protection le plus fort, il faut veiller à faire primer la volonté de la personne dans la mesure où son état le permet ».

La décision du résident, ou du patient, ne doit faire l’objet d’aucune demande de déclaration écrite. France Assos Santé rappelle qu’une autorisation écrite n’est pas la garantie d’un consentement éclairé et participatif. Seul le médecin traitant (ou le médecin coordinateur) est habilité à recueillir le choix du résident, qui sera consigné dans le système d’information Vaccin Covid, opérationnel depuis le 4 janvier.

Ce rendez-vous pré-vaccinal a également pour but d’éliminer les contre-indications et d’évaluer le bénéfice-risque de la vaccination. Laquelle ne pourra de toute façon être réalisée que sur prescription médicale.

En prévision des prochaines phases, France Assos Santé demande à ce que chacun puisse se faire vacciner au plus près de chez lui, après avoir obtenu l’avis de son médecin traitant. Ce qui repose sur une logistique claire et affirmée.

À cet égard, tous les publics, qu’ils soient précaires, en situation de handicap, atteints de maladie chronique, etc., doivent pouvoir bénéficier de supports de communication accessibles et appropriés.

Pour veiller à l’équité d’accès à l’information, France Assos Santé participera à la co-construction des messages à destination de l’ensemble des usagers de la santé. Il en va, là encore, de la bonne organisation de la campagne de vaccination.

Sécurité : traitement des données personnelles et remontée des effets indésirables

Au moment de la vaccination, le médecin traitant a l’obligation de recueillir l’accord de la personne pour l’utilisation de ses données personnelles, dans le cadre de la campagne de vaccination anti-Covid. C’est en effet le praticien qui a la responsabilité d’entrer les informations de santé relatives aux personnes qui se font vacciner dans le système d’information Vaccin Covid.

L’utilisation des données personnelles visera à alimenter des études pharmaco-épidémiologiques destinées à renforcer la pharmacovigilance. Soit un intérêt à la fois individuel et général. Mais nulle obligation : une personne peut se faire vacciner tout en s’opposant au traitement de ses données.

En matière de sécurité, la pharmacovigilance reste la pierre angulaire. Ce qui passe par une surveillance accrue des éventuels effets indésirables, et notamment inattendus par rapport à ceux identifiés lors des essais cliniques. L’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) s’est engagée à publier chaque semaine les données collectées par cette pharmacovigilance. L’ANSM s’autorise aussi à communiquer sans tarder, en cas d’effets graves signalés.

Pour cela, l’agence mise sur un dispositif basé sur l’intelligence artificielle (IA), qui est chargé de détecter les signaux faisant état d’effets indésirables à traiter en urgence. À charge ensuite à l’ANSM de réaliser une analyse de ces signaux.

Les usagers vaccinés, ou leurs proches en ce qui concerne les personnes dépendantes, sont invités à déclarer tout événement secondaire, et en particulier indésirable, au choix :

  • sur le site du ministère des Solidarités et de la Santé : signalement.social-sante.gouv.fr
  • auprès de leur centre régional de pharmacovigilance (CRPV) : on en compte 31 sur tout le territoire
  • à leur médecin traitant ou pharmacien : les professionnels de santé ont l’obligation de les rapporter, notamment via le système de suivi de la vaccination Vaccin Covid.

À partir de la phase 2, il sera également possible de déclarer un effet indésirable sur l’application TousAntiCovid (qui remplace StopCovid). Disponible depuis le 22 décembre, cet outil numérique permettra ainsi de renforcer la pharmacovigilance, en simplifiant les procédures.

France Assos Santé souhaite que cette campagne de vaccination soit aussi l’occasion de déployer le carnet de vaccination électronique. L’association y prendra toute sa part. Il s’agit à terme de mettre en place un registre national des vaccinations.

Enfin, si des études complémentaires doivent être menées pour évaluer le bénéfice-risque de la vaccination auprès des enfants de moins de 16 ans présentant des pathologies, des personnes immunodéprimées, des patients atteints de cancer ou encore des femmes enceintes, les vaccins anti-Covid disponibles, et à venir, ont tous respecté le processus normal d’élaboration des produits vaccinaux. Du fait de l’ampleur de l’épidémie, la mobilisation des scientifiques a été exceptionnelle et les moyens financiers astronomiques, ce qui explique la rapidité inédite avec laquelle les premiers vaccins ont vu le jour.

Quant à la technique de l’ARN-messager, elle a bénéficié de deux atouts : les connaissances acquises lors de l’épidémie de Sars-Cov-1, qui a sévi entre 2002 et 2004, et plus de quinze ans de recherche.

À l’orée de 2021, et alors qu’une variante du Sras-Cov-2 menace l’Europe, la vaccination représente l’un des plus grands espoirs d’en finir avec cette crise sanitaire, et ses conséquences humaines, sociales et économiques.

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