Tour de France de la santé insulaire : La Réunion

Voyageons un peu cet été avec un tour de France de nos délégations insulaires, ou qui ont des îles sur leur territoire. Nous avons déjà fait escale en Corse, en Bretagne, à la Guadeloupe ainsi qu’à à la Martinique, et nous nous arrêtons cette semaine à La Réunion, pour rencontrer, dans chaque région, les coordinateurs régionaux de France Assos Santé, et mieux cerner les enjeux médicaux, l’offre de soins et l’accès aux soins ainsi que la vitalité de la démocratie en santé sur chacun de ces territoires.

Nous voici donc cette semaine à La Réunion, où nous avons fait le point avec Marie-Laure Veyrat, coordinatrice régionale de la délégation de France Assos Santé sur place. Si l’offre médicale est plutôt satisfaisante, elle est difficilement accessible pour certains habitants de zones reculées de l’île. L’un des principaux enjeux de santé aujourd’hui est de lutter contre les maladies chroniques dues principalement à de mauvais comportements alimentaires et une certaine sédentarité qui provoquent de nombreux problèmes de surpoids ou d’obésité ainsi que de diabète, d’hypertension, de maladies cardiovasculaires et rénales. Marie-Laure réjouit de constater que grâce au travail collaboratif entre les associations membres de France Assos Santé, les représentants des usagers et l’ARS, la démocratie en santé est inscrite dans les priorités.

L’ajout de sucre dans les boissons, les plats transformés et pas assez de fruits et de légumes…

A La Réunion, la délégation de France Assos Santé fait partie des 12 partenaires du Programme Réunionnais de Nutrition et de lutte contre le Diabète (PRND) 2020-2023. Il y a, en effet, sur l’île de l’océan Indien, 2 fois plus de personnes traitées pour le diabète qu’en métropole avec 10% de la population qui est touchée. L’importante consommation de boissons sucrées et de produits alimentaires ultra-transformés alors que moins de 10% des Réunionnais mangent 5 portions de fruits et légumes par jour, peuvent expliquer la forte prévalence du diabète. D’autant que plus qu’1/4 seulement des plus de 15 ans pratique une activité physique régulière suffisante. Des actions de prévention, de dépistage précoce et des actions pour éviter que ne se développent les polypathologies souvent associées au diabète, comme l’hypertension, les problèmes cardiovasculaires et rénaux, ont été déployées notamment en milieu scolaire et auprès des personnes à risques. « Il est important de développer la prévention notamment auprès des jeunes qui sont touchés de plus en plus précocement par des problèmes d’obésité. Il n’est pas rare de trouver dans les sacs des écoliers, du soda, des chips ou des gratons comme collation. », déplore la coordinatrice de La Réunion. En effet, l’obésité à La Réunion, qui touche davantage les femmes (20%) que les hommes (12%), survient de manière plus précoce chez les Réunionnaises de 15 à 24 ans (9%) par rapport à la Métropole (5%). N’oublions pas que la Réunion est une population jeune dont plus d’1/3 a moins de 25 ans.

Gare aux moustiques

Les Réunionnais ont appris à vivre avec les maladies vectorielles dues aux moustiques. Des épidémies de dengue et chikungunya sévissent régulièrement. Le paludisme ne circule plus depuis 1979 sur l’île, mais quelques cas, importés par des voyageurs sont régulièrement relevés.

Valorisation de l’activité physique à la Réunion

Marie-Laure souligne : « Sur les 24 communes de la Réunion, il y a encore peu de temps, une minorité bénéficiait d’un Contrat Local de Santé (CLS). L’ARS a cependant l’ambition que l’ensemble des communes de l’île signe un CLS d’ici à la fin 2023, ce qui est un réel progrès. Beaucoup ont d’ailleurs choisi de valoriser l’activité physique adaptée. Sur ce sujet, il y a à La Réunion une fracture dans les pratiques, avec une partie de la population très sportive, d’autant que la culture des trails est forte sur notre île montagneuse, et une grande partie de la population sédentaire et qui souffre de surpoids (28% de la population) ou d’obésité (16%). ».

Démographie et accès médicaux

La Réunion n’est pas particulièrement touchée par un manque de médecins, même si beaucoup d’entre eux arrivent peu à peu à l’âge de la retraite. Leur proportion par nombre d’habitants est sensiblement identique que la moyenne en métropole. Par ailleurs, avec un beau score de 464 professionnels paramédicaux pour 100 000 habitants, on dépasse même les chiffres de la métropole (305 praticiens pour 100 000 habitants). L’île est pourvue d’un Centre Hospitalier Universitaire (CHU) qui comprend 2 sites, un au nord et l’autre au sud du territoire. « Nous avons un beau plateau technique à La Réunion, avec beaucoup de spécialités représentées. Cependant, des inégalités géographiques rendent l’accès aux soins difficiles pour une partie de la population, notamment celle vivant dans les écarts ou dans les cirques qui sont des régions délimitées par les montagnes ou éloignées du littoral, où pour certaines, on ne peut pas se rendre en voiture. », décrit Marie-Laure.

Une consultation publique pour le prochain Projet Régional de Santé 2023-2033

Le prochain Projet Régional de Santé 2023-2033 est travaillé en ce moment et pour le préparer, le directeur de l’ARS de La Réunion a souhaité ouvrir une consultation publique. Les Réunionnais étaient invités à s’exprimer jusqu’au 15 juin 2023, sur la base d’un « Livre vert », contenant les 14 thématiques et 44 objectifs prioritaires. Excellente nouvelle pour la démocratie en santé, qui est la première thématique abordée dans ce document.

Une bonne dynamique concernant la démocratie en santé à la Réunion.

« La chargée de démocratie en santé de l’ARS à la Réunion a vraiment souhaité collaborer au mieux avec nous et le nouveau directeur, arrivé l’an dernier, a placé la démocratie en santé en priorité dans son premier discours. La démocratie en santé est même la première thématique abordée dans le nouveau Plan régional de santé. Le renouvellement des représentants des usagers (RU) en Commission des usagers (CDU), début 2023, ne s’est jamais aussi bien passé grâce à une bonne synergie entre l’ARS et notre délégation. », se réjouit Marie-Laure Veyrat. Les mandats de représentation des usagers sont ainsi pourvus à plus de 90% à La Réunion.

La coordinatrice régionale de France Assos Santé parvient, par ailleurs, à animer régulièrement des groupes d’échanges entre RU, en présentiel, aux quatre coins de l’île. « Comme pour les actions de prévention et de promotion de la santé, nous « allons vers » les RU afin de faciliter leur participation à ces temps de rencontre et d’échanges, permettant de créer du lien et de s’entraider », souligne la coordinatrice. Côté formations, la délégation s’adapte au rythme des renouvellement de mandats et des besoins des RU sur le terrain. Ces deux dernières années, en prévision et suite au renouvellement des mandats en commission des usagers (CDU) des établissements de santé, France Assos Santé La Réunion a choisi de se concentrer sur les programmes socles, avec la formation initiale « RU, en avant ! » et celle concernant la CDU. Dans les mois à venir, il est envisagé d’organiser celle sur « Comprendre le système de santé », puis celle sur les plaintes et réclamations.

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