France Dépression, nouvelle venue à France Assos Santé : ses objectifs, ses actions

Eté 2024, France Dépression a rejoint le réseau de France Assos Santé. Créée en 1992, cette association, forte de 7 antennes régionales, a déjà une belle expérience dans le champ de la représentation des usagers et de la prévention de la dépression qui touche ou touchera 1 personne sur 5. Ses membres entendent aller plus loin. Pour les guider, une idée forte : combattre la stigmatisation qui entoure encore cette maladie.

Créée en 1992, France Dépression manque de s’éteindre en 2002. Elle est alors reprise par Claudie Tondon-Bernard à Nancy, soutenue par des malades, des proches de malades et des professionnels de santé. L’association se développe aussi dans les territoires, avec les antennes de l’Hérault, de la Normandie, de la Charente-Maritime, de la Savoie, du Grand Paris/Ile-de-France et de la « région sud » – initialement le Var. C’est dans cette zone géographique qu’œuvre Christine Villelongue avec qui Claudie Tondon-Bernard partage, depuis 2022, la responsabilité de la présidence nationale. En effet, la crise sanitaire liée au Covid a été une période charnière pour France Dépression qui a vu largement augmenter le nombre d’appels de personnes en souffrance et donc son activité.

L’association fonctionne uniquement avec des bénévoles, mais envisage la professionnalisation prochaine du secrétariat et de la communication. Chaque délégation fonctionne à des rythmes différents, selon le nombre de ses bénévoles. Dans la région sud, Christine peut, par exemple, compter sur une dizaine de bénévoles régulièrement actifs et sur une quarantaine mobilisable, en fonction des événements auxquels l’association participe. Quoi qu’il en soit, chaque antenne assure une écoute téléphonique, des groupes de paroles et de la marche thérapeutique. L’exercice physique est particulièrement intéressante car il s’agit à la fois de mettre le corps en mouvement – il est avéré que l’activité physique aide à soulager les symptômes dépressifs – et, en outre, certains participants se sentent plus à l’aise à s’exprimer en marchant que dans un cercle de parole statique. Il peut aussi être proposé de l’art thérapie, de l’accompagnement individuel, de la réflexologie, de la marche au bord de l’eau, etc. Toutes les activités sont animées par des psychologues, des psychiatres ou des facilitateurs qui sont alors toujours supervisés par les psychologues et les psychiatres. L’association peut également compter sur un solide conseil scientifique qui répond présent pour intervenir lors de divers conférences et débats.

Une maladie comme une autre

« La stigmatisation est le premier frein à la verbalisation de son mal-être et à l’accès aux soins. On n’est pas fou parce que l’on a besoin de consulter un psy. Il est important que cela devienne aussi banal que d’aller voir un dentiste ou un dermatologue », insiste Christine Villelongue. Pour parvenir à lever ce tabou, l’association multiplie les actions de prévention, notamment auprès des publics travaillant en entreprise, afin de leur apprendre à reconnaître les premiers signes d’un état dépressif et d’éviter de tomber dans une dépression sévère dont il est long et difficile de sortir. Ces premiers signes sont nombreux et divers. « L’apparition de problèmes de sommeil, le manque d’envie, de plaisir face à des activités que l’on aimait faire, le fait de s’isoler, se replier sur soi, le fait de pleurer souvent, sont parmi les signes les plus courants », soutient la coprésidente de France Dépression. En entreprise, cela peut se manifester par un absentéisme qui augmente, une difficulté ou un épuisement face à des tâches que la personne avait pourtant l’habitude de faire. « Dans tous les cas, c’est la persistance dans le temps de ces signes qui doit appeler à une certaine vigilance », reprend notre interlocutrice. France Dépression envisage d’ailleurs de mettre en place des conventions avec les professions administratives qui sont souvent des postes anxiogènes afin de faire de la prévention et d’apporter un soutien aux personnes qui travaillent dans ces milieux.

Par ailleurs, l’association mène également ce combat contre la stigmatisation grâce à l’engagement de plusieurs de ses bénévoles comme représentants des usagers. Ce sont d’ailleurs eux, explique Christine Villelongue, qui ont manifesté leur intérêt à rejoindre France Assos Santé afin de pouvoir bénéficier de ses formations et de se tenir mieux informés des enjeux de démocratie en santé.

Du théâtre pour aller vers les ados

A l’issue de la pandémie, et à une recrudescence d’appels concernant les difficultés auxquels les adolescents se sont retrouvés confrontés, l’association a réfléchi à une manière efficace de s’adresser à eux. Cette réflexion l’a conduite à monter une pièce de théâtre, On n’est pas sérieux quand on a 17 ans. Cette dernière a été commanditée, écrite en co-construction et supervisée par un psychiatre, spécialement pour France Dépression. Agréée à la fois par le ministère de l’Education nationale et par celui de la Santé et de la prévention, la pièce a été jouée dans divers établissements scolaires, partout en France, une trentaine de fois durant l’année scolaire passée, par la troupe Les Griottes. Son succès est tel que l’association ne parvient pas à répondre à toutes les demandes ! Ecrite comme une conférence vivante, elle se conclut systématiquement par une phase de débat avec les élèves, animé par un professionnel du conseil scientifique de l’association. Christine Villelongue se réjouit que la pièce soit à la fois un précieux support de prévention auprès des jeunes et une belle carte de visite pour mieux faire connaître France Dépression.

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