Covid en Outremer : la situation 1 mois après la flambée

Un mois après notre point sanitaire en Guyane, Guadeloupe, à la Martinique et à la Réunion nous avons à nouveau contacté les délégations ultra-marines de France Assos Santé pour savoir comment évoluaient la situation et la vaccination dans ces territoires particulièrement touchés par le Covid depuis quelques semaines.

Face à la reprise des contaminations et au nombre important des décès cet été dans les DOM, et du fait également du déploiement national du pass sanitaire, partout en Outre-mer, la vaccination a continué d’augmenter au cours de ces 4 dernières semaines. Les populations de La Réunion et de Mayotte ont de plus en plus adhéré à la vaccination. Ainsi, malgré des débuts difficiles, la barre des 60% a été franchie à la Réunion parmi la population majeure. Pour Véronique Minatchy, présidente de l’URAASS de La Réunion, ce succès s’explique en partie par la mise en œuvre d’une politique du « Aller vers » qui a porté ses fruits. Elle s’est illustrée par exemple par la traduction des messages sanitaires en créole et leur diffusion à la radio et à la télévision qui a permis de s’adresser aux 23% de la population de l’île en situation d’illettrisme. Le « Aller vers » est également porté par les centres de vaccination éphémères mobiles et le Vaccinobus qui ont créé des opportunités de vaccination pour des personnes qui n’en avaient pas fait une priorité et pour toute la population vivant dans les hauts de l’Ile. En Guyane également, nous explique Pascale Delyon, coordinatrice régionale de France Assos Santé sur place, les supports de communication ont été traduits dans les diverses langues régionales et des unités de vaccination mobiles se sont déployées sur le territoire.

Cependant, en Guyane et dans les Antilles, la vaccination peine à dépasser les 30% parmi les personnes majeures. De nombreuses « fake news » continuent de circuler et de renforcer des défauts en termes de pédagogie sur le vaccin. « Les populations ne comprennent pas l’intérêt de se faire vacciner si cela n’empêche pas la circulation du virus. », précise Pascale Delyon. Suzie Ridarch, son homologue en Martinique rapporte que cet argument règne également dans les discours des Martiniquais qui redoutent le vaccin et ses effets secondaires possibles. Ainsi, dans ces régions, les dernières semaines ont été particulièrement éprouvantes avec un lourd bilan humain, accentué, aux Antilles, par des pénuries d’oxygène et la mise en place de priorisation à l’entrée de la réanimation.

Fort heureusement, les effets des confinements, remis en place début août, ont permis de faire baisser nettement la circulation du virus en Martinique, à la Réunion et en Guadeloupe. Il a cependant continué son ascension à Mayotte et en Guyane. Partout, la tension hospitalière reste en revanche préoccupante, notamment en Martinique, malgré l’aide apportée en ressources humaines et matérielles venues de Métropole. Selon Suzie Ridarch, en Martinique, le point positif de cette crise sanitaire est sans doute l’élan de solidarité qu’elle a suscité entre les soignants et aussi entre les habitants. Cette solidarité se retrouve d’ailleurs un peu partout dans les DOM. Johanna Thomas, la coordinatrice de France Assos Santé en Guadeloupe souligne la bonne coordination des établissements de santé de son territoire, qui ont permis la prise en charge des patients notamment via l’ouverture de lits Covid pour assurer le relais après les urgences. Véronique Minatchy salue quant à elle, le partenariat public-privé qui s’est enclenché ses derniers mois avec la mise à disposition de lits en établissements privés pour des patients Covid et des créneaux opératoires proposés pour les chirurgiens du CHU dans le cas d’interventions urgentes ou pour diminuer la liste de déprogrammation des patients.

Bien entendu, chaque délégation ultra-marine de France Assos Santé s’est fait le relais des messages soutenant le respect des gestes barrière et de la vaccination auprès de leurs associations membres, qui ont elles-mêmes transmis le message à leurs adhérents. « Sur un territoire comme le nôtre où malheureusement la prévalence de maladies chroniques comme l’obésité, le diabète ou l’hypertension est importante, il est indispensable de réduire les formes graves du virus qui concernent principalement les personnes touchées par ces comorbidités. Il faut réussir à les convaincre de l’intérêt de se faire vacciner. Chez nous, certaines associations se sont mobilisées. A titre d’exemple, l’association des diabétiques de la Guadeloupe a co-organisé avec l’ARS, en juillet, une visioconférence intitulée « La vaccination comment ça marche ? », relate Johanna Thomas pour la Guadeloupe. Du côté de la Guyane, France Assos Santé a participé à la création de plaquettes d’information destinés à aider des publics spécifiques et vulnérables, comme les aidants et les aides à domicile par exemple. A la Réunion, Véronique Minatchy est désormais optimiste. La levée récente d’une grande partie des restrictions de déplacements et les bons chiffres concernant le taux de vaccination lui semblent encourageants tant que chacun reste vigilant et maintient les gestes barrières face au Delta.

 

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