Covid 19, une situation sanitaire préoccupante en Outre-mer

En plein cœur de l’été 2021, les territoires d’Outre-mer subissent une nouvelle vague de contaminations si préoccupante que la Martinique et la Réunion ont reconfiné fin juillet, suivies de près par la Guadeloupe début août. Dans ces 3 territoires, tout comme en Guyane qui vit également des restrictions quasiment en continu depuis le début de la crise, la vaccination peine à convaincre. L’immunité collective reste un objectif difficile à atteindre et par conséquent, en plus des contaminations, ce sont également les tensions dans les services de réanimation qui flambent.

France Assos Santé a fait le point avec ses équipes sur place, en Martinique, en Guyane, en Guadeloupe et à La Réunion, pour mieux comprendre l’état d’esprit des populations dans ces régions face au Covid, identifier les freins à la vaccination et les actions menées sur place en sa faveur.

Les chiffres et les enjeux territoriaux de la vaccination en Outre-mer

Les territoires d’Outre-mer ont pris du retard sur la vaccination par rapport à la métropole. Les chiffres relevés début août (source : site gouvernement.fr) en témoignent puisque comparativement à la moyenne française qui a atteint 67,5% de schémas vaccinaux complets (population de plus de 18 ans), on observe :

  • 20,7% en Martinique (taux d’incidence à 1 158,8 pour 100 000 habitants, taux d’occupation en soins intensifs, réa ou unité de surveillance continue à 223,1%)
  • 26,5% en Guyane (incidence à 245,6, occupation à 207,7%)
  • 42,5% à la Réunion (incidence à 418,6, occupation à 90,4%)
  • 21,2% pour la Guadeloupe (incidence à 1 586,7, occupation à 163%)
  • 33,9% à Mayotte (incidence à 13,9, occupation à 0%)

Malheureusement, l’épidémie continue de sévir dans le même temps, comme en attestent les taux d’incidence et les tensions hospitalières qui ont incité les autorités à ré-instaurer un couvre-feu et un périmètre de déplacement autorisé sans attestation de 10 km seulement autour de chez soi, en Martinique, Guadeloupe et à la Réunion.

La Réunion est en avance sur la vaccination par rapport aux Antilles. Véronique Minatchy, présidente de France Assos Santé Réunion se félicite que l’Agence régionale de santé (ARS) ait déployé des moyens importants pour aller à la rencontre des populations isolées et défavorisées, avec la mise en place de centres de vaccination mobiles, d’un « Vaccinobus » et l’envoi de personnels médicaux et de doses par hélicoptère dans les zones les plus reculées de l’île.

En Guyane, le faible taux de vaccination s’explique en partie, ainsi que l’explique Pascale Delyon, la coordinatrice régionale, par le fait qu’une grande proportion de la population est jeune dans cette région et ne se sent pas suffisamment concernée. En outre, il est nécessaire selon elle, pour mettre en place une politique efficace du « aller vers », de bien prendre en compte les spécificités particulières de la Guyane qui présente de fortes disparités entre les populations vivant près des littoraux et les communautés des régions du fleuve qui ne sont en outre, pas toujours francophones. Il est à noter par ailleurs qu’une étude est en cours, menée par l’Institut Pasteur, pour comprendre la position des Guyanais face à la vaccination contre le Covid.

La vaccination victime de campagnes de désinformation en Outre-mer

Aux Antilles, comme dans l’océan indien, le constat est le même : il règne une défiance quasiment culturelle vis-à-vis des vaccins. A la Réunion par exemple, Véronique Minatchy explique que si aujourd’hui les vaccins obligatoires de la petite enfance sont entrés dans les mœurs, la rumeur sur les effets secondaires importants continue de courir. Le vaccin contre le Covid ne fait pas exception et partout en Outre-mer les représentants de France Assos Santé font état d’une importante circulation de « fake news », notamment sur les réseaux sociaux. Suzie Ridarch, coordinatrice en Martinique, déplore que les gens ne se fient qu’à ces fausses informations sur internet au lieu d’aller voir leur médecin ou d’autres professionnels de santé pour discuter. D’après elle, beaucoup de Martiniquais doutent du vaccin, le considérant uniquement comme « expérimental », et se demandent quel est l’intérêt de se faire vacciner puisque cela n’empêche pas totalement de contracter le virus, ni d’être contagieux. En outre, vaccinée ou pas, toute la population a été à nouveau reconfinée fin juillet. L’état des lieux est sensiblement le même en Guadeloupe où Johanna Thomas, la coordinatrice de France Assos Santé sur place, observe que la population qui ne se vaccine pas se divise entre ceux qui sont mécontents de la gestion de la crise et ceux qui sont inquiets. Elle a en effet noté qu’une partie des Guadeloupéens indiquaient manquer d’informations claires sur les effets secondaires. Véronique Minatchy corrobore ce constat : « Alors que tout est mis en place pour vacciner la population, l’ARS, la Préfecture et les associations peinent à trouver désormais les arguments pour convaincre les hésitants et les récalcitrants. ».

Les actions des délégations ultra-marines de France Assos Santé

Afin de lutter contre ces campagnes de désinformation, France Assos Santé Martinique a participé à une opération de communication initiée par l’Espace de réflexion éthique régional (ERERM) et la Conférence régionale de santé et de l’autonomie de la Martinique (CRSA). Il s’agit d’un micro-trottoir réalisé en juillet 2021 pour recueillir les questions du grand public sur la vaccination, auxquelles répondent par la suite, à la radio, des professionnels de santé. L’enjeu pour France Assos Santé Martinique est de défendre la possibilité pour chacun de faire un choix de santé éclairé par rapport à la vaccination, sur la base d’informations validées.

A la Réunion, la délégation de France Assos Santé a fait un appel à la vaccination dans sa newsletter, relayé par ses associations membres, lors de son comité régional. Elle a également demandé aux représentants des usagers d’en parler lors des Commissions des usagers pour sensibiliser le personnel soignant, qui est pour une grande partie réticent à se faire vacciner. Enfin, elle a soutenu dès le début de l’année, le projet du Vaccinobus et a participé à un comité citoyen avec la Préfecture, où elle a insisté pour que soit déployée une communication en faveur de la vaccination.

Du côté de la Guadeloupe, la délégation de France Assos Santé a largement relayé les messages de communication et les webinaires proposés tout au long de l’année par France Assos Santé en métropole. En outre, un membre de France Assos Santé de la région participe au comité vaccinal et a sollicité les associations membres en Guadeloupe pour trouver des bénévoles qui viennent en aide aux personnels soignants chargés de la vaccination.

En Guyane, la délégation a multiplié les plaidoyers et a insisté pour être associée à la politique de déploiement vaccinal auprès de l’ARS qui pour l’instant a principalement travaillé avec des associations telles que La Croix rouge, historiquement impliquée dans les opérations de dépistage dans cette région.

 

Pour tous, la rentrée approche, tout comme le retour des vacanciers partis en métropole, susceptibles de ramener le coronavirus dans leurs valises. Or, France Assos Santé en est persuadée, la vaccination, si elle est appliquée à grande échelle, reste le moyen aujourd’hui le plus efficace pour protéger la population et freiner la circulation du virus, tout en maintenant une vie sociale et économique.

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