Qualité des soins en France : le classement des cliniques et des hôpitaux

Qualité de vos soins

Comment évaluer la qualité des soins en France et accéder à un classement fiable des cliniques et des hôpitaux ? Focus sur les sources d’information à votre disposition et notamment sur scope santé, l’outil en ligne lancé par la Haute Autorité de Santé (HAS).

Vous devez subir une intervention chirurgicale ou vous êtes amené à consulter un spécialiste… Existe-t-il un classement des hôpitaux ou des cliniques ? Comment identifier les praticiens et les établissements les plus performants ? Les outils permettant de se faire une idée de la qualité des soins sont peu nombreux et offrent encore une vision très incomplète, essentiellement centrée sur les soins réalisés en établissements de santé (cliniques et hôpitaux).

Qualité des soins : peu de lisibilité

Pour les soins prodigués dans les cabinets libéraux en ville, le patient n’a guère d’autres choix que de se fier aux conseils de son médecin traitant ou au bouche à oreille afin de s’orienter vers un praticien plutôt qu’un autre. Pour la fiabilité, on repassera. En dépit de ce manque de lisibilité, les patients français sont plus de 90 % à estimer que la qualité des soins de santé dans l’Hexagone est « très bonne » ou « plutôt bonne », selon une étude publiée par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) du ministère de la Santé. Ce résultat « positionne la France à la 4e place des 27 pays de l’Union Européenne ».

En 2009, Denise Silber, présidente de l’Association pour la Qualité de l’Internet Santé (AQIS), s’exprimait ainsi au sujet de la qualité technique des soins prodigués à l’hôpital, en clinique ou dans un cabinet médical* : « La réalité, c’est que les Français sont objectivement incapables de juger de la bonne performance ou non de notre système de santé. De quelles informations les patients pourraient-ils bien disposer pour juger de la qualité technique des soins qui leurs sont administrés à l’hôpital ou dans un cabinet médical ? Hormis les cas où l’on peut, s’agissant d’une affection aiguë par exemple, constater rapidement l’efficacité d’un traitement, ce n’est que sur la qualité de l’accueil, le dialogue, la disponibilité du personnel que nous sommes capables de donner une appréciation. Le médecin sympathique et à l’écoute, n’est pas forcément un « bon médecin », compétent sur le plan technique. Pourtant, les Français ne jugent la compétence de leur praticien qu’à cette aune. Cette évaluation affective, souvent sans aucun rapport avec l’efficacité réelle n’est évidemment pas satisfaisante ».

*Note rédigée sous la houlette de l’Institut Montaigne.

L’outil Scope santé de la Haute Autorité de Santé

Mis en ligne fin 2013 par la Haute Autorité de Santé (HAS), le site scope santé informe le futur patient de la qualité des soins prodigués dans plus de 4000 hôpitaux et cliniques faisant l’objet d’un classement. Ce classement est réalisé à partir des évaluations que l’autorité mène depuis plusieurs années.

L’outil scope santé se présente sous la forme d’une carte interactive qui permet d’identifier les établissements (hôpitaux et cliniques) à proximité de sa zone de résidence puis d’affiner la recherche selon son profil, la spécialité d’intervention ou encore l’équipement disponible. Volume d’activité, prise en charge de la douleur, durée du séjour, lutte contre les infections nosocomiales… chaque indicateur (une trentaine) reçoit une note de la part des experts de la Haute Autorité de Santé. Ces notes au sujet la qualité des soins permettent à l’internaute de comparer une clinique ou un hôpital à la moyenne nationale ou à d’autres établissements qu’il aura sélectionnés.

Les limites de scope santé dans l’évaluation de la qualité des soins

Enfin un outil offrant aux patients la possibilité de jouer un rôle actif dans le choix de leur hôpital ou de leur clinique ? Dominique Dupagne, médecin généraliste et fondateur du site médical atoute.org, émet quelques réserves au sujet de l’outil de la Haute Autorité de Santé, scope santé. Sa principale réserve tient dans la valeur réelle de l’information pour évaluer la qualité des soins : « Plus un indicateur est utilisé pour prendre des décisions, plus il est susceptible d’être manipulé et de voir son usage aboutir à corrompre le processus qu’il était censé améliorer ».

Exemple concret : l’utilisation, à l’hôpital ou en clinique, du niveau de consommation d’antiseptiques comme indicateur qualitatif de la lutte contre les infections nosocomiales. En théorie, les établissements consommateurs affichent de bonnes performances sur ce critère. « Sauf si les flacons finissent dans le lavabo en fin d’année plutôt que d’être utilisés pour limiter la transmission des germes ». Nombre d’indicateurs faisant l’objet d’une évaluation par scope santé peuvent ainsi être largement déconnectés d’une réelle qualité des soins, estime Dominique Dupagne.

Comment interpréter les informations du site de la Haute Autorité de Santé ?

Les patients sont-ils à même d’interpréter certaines informations issues de scope santé ? Le classement des hôpitaux et des cliniques est-il toujours évident ? Comment interpréter, par exemple, que la durée de séjour pour une fracture du col du fémur soit de 11,3 jours dans une clinique là où elle n’est que de 8,8 jours dans un établissement voisin ? Délicat pour le patient de se faire une idée de la qualité réelle des soins sans une mise en contexte de ce type d’information ! Ainsi, si scope santé donne une photographie de la qualité des soins dans les hôpitaux et les cliniques, il ne dispense pas de l’avis du médecin traitant.

Classement des hôpitaux et des cliniques : le site de l’Assurance Maladie

Autre piste à explorer en matière de qualité des soins dans les établissements de santé : le site de l’Assurance maladie. Il met à disposition des internautes une fiche par établissement et par types de soins qui renseigne sur les niveaux d’activité de chacun d’entre eux.

Quel rapport avec la qualité des soins ? Plus un acte est pratiqué au sein d’un hôpital ou d’une clinique, plus on estime que les compétences techniques seront au rendez-vous et que les soins seront qualitatifs. Les informations publiées par l’Assurance maladie s’appliquent toutefois à l’établissement et non pas aux praticiens. Leur nombre n’est d’ailleurs pas renseigné. Impossible donc pour le patient d’identifier si le volume d’activité de l’acte est le fait de nombreux chirurgiens le pratiquant un peu ou au contraire d’un nombre restreint de praticiens rompus à la pratique tant ils ont l’habitude de l’exercer… Ce paramètre rend le classement peu pertinent dans le cadre d’une évaluation de la qualité des soins. On préférera y recourir pour se renseigner sur les tarifs des médecins même si, là encore, l’information n’est pas complète (voir à ce sujet notre fiche sur les honoraires des médecins libéraux).

D’autres outils pour évaluer la qualité des soins

Cliniques et hôpitaux font l’objet de classements sur différents sites web :

  • ComparHospit® est une plateforme proposée par Malakoff Médéric. Pour chaque clinique ou hôpital, le site recense des éléments objectifs (résultats de la certification ou indicateurs de lutte contre les infections nosocomiales) et des éléments plus subjectifs (avis et commentaires des usagers.) Il réunit plus de 18 000 avis de patients sur le niveau de qualité des soins au sein des établissements (dans le respect de l’anonymat des internautes, bien entendu).
  • Hopital.fr a été développé par la Fédération Hospitalière de France (FHF). Objectif : évaluer la qualité des soins à l’hôpital et en clinique. Le site établit un classement des établissements de santé et met à disposition les avis et les évaluations des internautes. Bon à savoir : l’évaluation porte sur quatre critères : qualité de l’accueil, information du patient, hygiène, prise en charge de la douleur.
  • Hospitalidée, lancé en juillet 2015, propose des avis anonymes et sécurisés de patients pour permettre à d’autres patients de s’orienter plus facilement vers le bon service de santé.
    Il est également donné la possibilité de chater sur la plateforme avec un patient dont l’avis interpelle.
    Les avis portent nécessairement sur l’organisation des soins et non sur les personnes (pas de jugement négatif ou de médisance admis).
    Cardiologie, rhumatologie, urologie, neurologie, ophtalmologie, ostéopathie, radiologie… tous les services sont concernés.
    Véritable outil de la démocratie sanitaire, HOSPITALIDEE contribue à l’amélioration de la qualité des soins et des services en favorisant l’expression des patients.

Le classement des hôpitaux dans les médias

Le Figaro, Le Point, Le Nouvel Observateur… Depuis quelques années, les médias sont de plus en plus nombreux à proposer à leurs lecteurs des palmarès qui évaluent par acte et par établissement (hôpitaux et cliniques) la qualité des soins prodigués.

Ces évaluations se présentent sous la forme d’une note s’appuyant principalement sur les volumes d’activité des établissements de santé, extraits des bases de données publiques. Selon la méthodologie retenue, ces classements peuvent également se fonder sur différents indicateurs. Les informations de la Haute Autorité de Santé ou les scores dans la lutte contre les infections nosocomiales peuvent être pris en compte.

A noter : le cas particulier du dossier publié récemment par la revue Sciences et Avenir dont la « spécificité tient à ce qu’il n’est pas : ni un palmarès ni un classement, mais une sélection de 7 à 15 services retenus par pathologie pour leur expertise, la qualité des médecins qui y interviennent, le plateau médico-technique utilisé et les recherches cliniques qui y sont menées, soit près de 600 services ».

Selon le mensuel Sciences et avenir, les données volumétriques (nombre d’actes pratiqués) qui constituent la base de l’information utilisée par les autres classements n’informent pas sur la qualité des soins mais bien sur la quantité.  «Cette qualité n’est garantie que par la présence, dans les services, d’équipes à jour de connaissances médicales et techniques qui ne cessent d’évoluer à un rythme rapide et constant. Nous avons donc choisi un autre indicateur, fiable et valide, fondé sur le volume et l’excellence des articles publiés par les praticiens dans les revues biomédicales nationales et internationales de premier plan ».

Les évaluations se multiplient en matière de classement des hôpitaux et des cliniques. C’est bientôt d’un classement sur les outils d’évaluation de la qualité dont il faudra disposer ! Quelle méthode faut-il privilégier pour évaluer au mieux la qualité des soins ? Notre conseil : multipliez les sources !

Scope santé (l’outil de la Haute Autorité de Santé), Hospitalidée, Comparhospit, Ameli, base d’informations de l’Assurance Maladie ou palmarès médias sont disponibles en ligne. Consultez-les !

Se documenter…

Actualités

Dialysat au citrate : la parole aux patients

Le 4 décembre, le quotidien Le Monde a publié les résultats d’une enquête inédite de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) qui met en évidence un risque élevé de surmortalité chez les patients insuffisants rénaux ayant recours à un liquide de dialyse à base de citrate.

UNE QUESTION JURIDIQUE
OU SOCIALE LIÉE A LA SANTÉ ?

Santé Info Droits est une ligne d’informations juridiques et sociales constituée de juristes et avocats qui ont vocation à répondre à toutes questions en lien avec le droit de la santé.

EN SAVOIR PLUS

Témoignage : prenez la parole !

1 commentaires

  • Rafaelle Lauden dit :

    Bonjour

    Je suis diabétique type 1.Je suis dépendante à l’insuline à vie.J’aimerai devenir diabètologue ou médecin. J’ai 6,6 d’HbA1c .J’ai aucune complication médicale. Est ce possible?

Laisser un commentaire public

Votre commentaire sera visible par tous. Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Logo Santé Info Droits