Durant toute l’année, les personnes âgées accompagnées par les Petits Frères des Pauvres ont la possibilité de séjourner dans l’une des 14 maisons de vacances de l’association. Château, abbaye ou résidence en bord de mer, les invités ont l’embarras du choix et des activités. Cette année, pour faire honneur aux Jeux olympiques de Paris, plusieurs résidences organisent des demi-journées baptisées « Old’ympiades ». Direction le château de Montguichet, en région parisienne, en pleines Old’ympiades.
Les vacanciers traînent un peu ce matin au petit-déjeuner du Château de Montguichet. Ils semblent appréhender un peu ce qui se trame en coulisses, dans la grande salle d’activités du château. En effet, les 7 personnes âgées et les 6 bénévoles des Petits Frères des Pauvres, accueillis cette semaine à Montguichet, sont attendus ce matin pour participer aux Old’ympiades, c’est-à-dire à un petit « championnat » d’activités physiques adaptées. Andrea, professeur d’activité physique adaptée (APA) de l’association Siel Bleu a tout préparé. Un filet léger de badminton est monté, le stand de tir à l’arc sur coussin est prêt, un grand panier à linge fait office, pour quelques lancers, de panier de basket et un petit parcours de hockey aiguise la curiosité des plus agiles ! Bien entendu, Andrea a adapté chaque activité, afin que tout le monde puisse y participer. Ainsi, par exemple, à la place du volant de badminton, il utilise un ballon de baudruche, plus gros mais aussi plus léger et donc moins rapide qu’un volant. Quelques hésitants s’éclipsent discrètement, mais le gros des troupes se prend au jeu avec entrain.
Des participants qui se laissent prendre au jeu
Les équipes se forment, qui mêlent bénévoles et personnes âgées. Timides au début, on sent pourtant que certains s’assurent de bien connaître les règles de comptage des points et que l’esprit de compétition gagne peu à peu chaque équipe. Au tir à l’arc, Guy, bénévole, soutient Nadia, 79 ans, qui, du fait d’un problème de cervicales, ne peut plus lever la tête. Qu’à cela ne tienne ! Elle prend son temps et s’obstine à chercher une position qui lui permette enfin de toucher sa cible. Avant d’entamer sa partie de badminton, elle prévient qu’il lui sera difficile de synchroniser et ses pieds et sa tête… mais la voici partie dans un échange de 81 passes sans que le ballon ne touche le sol ! Essoufflée, elle finit par tomber la veste et lance un très sérieux « Je manque d’entraînement », avant de se préparer déjà pour sa prochaine activité.
On n’arrête pas davantage Claudette, 81 ans qui confie avoir gardé son âme d’enfant et se délecte de tous ces jeux. « J’étais une grande sportive auparavant. Si j’avais accès à ce genre d’activités le reste de l’année et que l’on m’y accompagnait, j’irais avec grand plaisir », déclare-t-elle, avant de faire exploser le ballon de baudruche d’un coup de raquette de badminton. L’envie de remporter la victoire gagne les esprits et certains ont même tendance à s’ajouter des points tout à fait discutables. Chacun s’encourage, se félicite. Liliane, 90 ans, tout sourire alors qu’elle était très réservée en arrivant au château, deux jours plus tôt, explique que ce moment sportif lui rappelle sa jeunesse et la gymnastique qu’elle a beaucoup pratiquée. Quant à Pierre, 80 ans, qui vit dans un minuscule studio parisien, il se réjouit d’être dans ce lieu magnifique ainsi que du beau programme prévu toute la semaine. Du grand parc de 9 hectares qui entoure le château il dit : « Ici on a les yeux qui se baladent partout. Tout est beau et paisible ».
Des bénévoles aux petits soins
Effectivement, tout est beau et paisible. En jetant un œil sur les autres maisons de vacances des Petits Frères des Pauvres, on comprend par ailleurs que tout est prévu pour faire vivre à leurs résidents des instants précieux. « Des fleurs avant le pain, c’est la devise de l’association », rappelle Brigitte, bénévole et responsable de ce séjour. Brigitte, qui organise plusieurs séjours chaque année dans différentes résidences de l’association, précise qu’il est bel et bien question de faire vivre aux personnes âgées, accompagnées tout au long de l’année par l’association, des moments et des expériences exceptionnelles. « Cette semaine est un peu particulière car nous recevons principalement des Parisiens qui ne sont encore jamais venus dans nos maisons de vacances. Nous mettons tout en œuvre pour qu’elles aient envie de revenir, et même d’aller visiter d’autres de nos résidences. » De fait, Brigitte est aux petits soins pour chacun de ses protégés. Elle s’inquiète à tout moment de vérifier que personne ne se sent exclu, n’a soif ou ne se sent fatigué. Évidemment, les bénévoles s’adaptent au rythme, aux envies et aux possibilités de tout un chacun, d’autant que certaines personnes souffrent de handicaps sévères. Mais pour les organisateurs, ce n’est pas un obstacle et la semaine promet d’être douce et joyeuse.
Au programme de l’après-midi, une socio-esthéticienne vient prodiguer des massages… Idéal pour éviter les courbatures après les Old’ympiades ! Dimanche, ce sera moules-frites dans une guinguette et lundi, veille du départ, une coiffeuse sera à la disposition des vacanciers. Pour les gâter encore davantage, Patricia, responsable du Château de Montguichet, où elle travaille depuis seize ans, a son petit secret… ou plutôt ses recettes ! D’ailleurs elle est en cuisine aujourd’hui et prépare le déjeuner pour ses 15 convives. « Les personnes âgées que nous recevons vivent seules et souvent ne cuisinent plus. Par conséquent, durant ces séjours, nous portons une attention particulière à leur servir des produits de qualité, à préparer des plats réconfortants. Je note, dès que je les entends, les goûts de chacun et, si je le peux, je vais leur acheter ou je leur prépare leur petit pêché mignon ». En 2023, les Petits Frères des Pauvres ont permis à près de 3 000 personnes âgées, dont certaines très dépendantes, de partir en vacances, grâce aux dons et au bénévolat.
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