COVID-19 : les traitements qui posent question

La crise du coronavirus soulève de nombreuses questions en matière d’usage de médicaments. Hydroxychloroquine, anti inflammatoires non stéroïdiens, paracétamol… Le point sur ce qu’il faut savoir à propos de ces différentes molécules et de leur utilité dans le contexte actuel de pandémie.

Dans un communiqué publié mardi 30 mars, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a rappelé que le Plaquenil (hydroxychloroquine) et le Kaletra (association lopinavir/ritonavir) ne doivent pas être utilisés dans le traitement contre le COVID-19, « ni en automédication, ni sur prescription d’un médecin de ville, ni même en auto-prescription d’un médecin pour lui-même ». Ils sont notamment testés pour soigner les patients COVID-19 et ne doivent être utilisés qu’à l’hôpital (voir l’alerte de l’ANSM).

Pas d’hydroxychloroquine en automédication

Le message ne saurait être plus clair. L’agence signale en effet plusieurs cas d’utilisation d’hydroxychloroquine, « seule ou en association » hors du milieu hospitalier. L’ANSM alerte les professionnels de santé mais aussi les patients « sur les risques connus liés à l’utilisation de ces médicaments, dont le risque cardiaque, qui, sans suivi médical approprié, peuvent conduire à une hospitalisation ».

Rappelons que conformément à l’avis du Haut conseil de santé publique du 24 mars et au décret du 25 mars 2020 (pris en application de la loi d’urgence pour faire face à l’épidémie), le recours au Plaquenil ou au Kaletra n’est possible qu’à titre exceptionnel et seulement pour des patients hospitalisés.

L’ibuprofène déconseillé en cas d’infection

En juin 2018, l’ANSM a confié aux centres régionaux de pharmacovigilance de Tours et Marseille une enquête nationale portant sur l’ibuprofène et le kétoprofène, les deux anti inflammatoires non stéroïdiens (AINS) les plus utilisés en cas de fièvre ou de douleurs. L’enquête a révélé que la prise d’AINS dans ces indications pouvait être associée à des complications infectieuses sévères.

Plusieurs évènements indésirables graves liés à l’utilisation de ces médicaments ont du reste été signalés chez des patients atteints de COVID-19 depuis le début de la pandémie, indiquait mi mars la Direction générale de la Santé. En cas de douleur ou de fièvre, l’ANSM recommande de privilégier le paracétamol. Les AINS « peuvent potentiellement avoir un effet aggravant » sur l’infection qu’ils sont censés soigner.

Les règles de bon usage du paracétamol

Attention toutefois, la prise de paracétamol n’est pas un acte anodin.  En cas de surdosage, cette spécialité pharmaceutique peut entraîner des lésions graves du foie, parfois irréversibles. En France, la mauvaise utilisation du paracétamol est la première cause de greffe hépatique d’origine médicamenteuse.

Il est donc essentiel selon l’ANSM de « respecter la dose maximale par prise (1 g pour les personnes de 50 kg et plus), la dose maximale quotidienne (60 mg/kg/jour sans dépasser 3 g/jour), l’intervalle minimum entre les prises (4 heures) et la durée maximale de traitement recommandée (3 jours en cas de fièvre, 5 jours en cas de douleur, en l’absence d’ordonnance) ».

La délivrance en pharmacie encadrée

L’inquiétude quant au mésusage du paracétamol est antérieure à la pandémie. Depuis le 15 janvier, ce médicament ne peut plus être présenté en libre accès dans les pharmacies. Une mesure prise pour favoriser le bon usage d’une spécialité dont on sait qu’elle est sûre et efficace lorsqu’elle est correctement utilisée mais qui présente des risques importants, on l’a dit, en cas de mésusage.

La crise du coronavirus a contraint les pouvoirs publics à prendre d’autres mesures de restriction sur l’achat de paracétamol, justifiées cette fois-ci par la crainte d’une pénurie. Depuis le 17 mars, la dispensation est limitée à deux boîtes pour les patients qui présentent des symptômes de type fièvre ou douleurs et une boîte dans les autres cas. A noter que le nombre de boîtes dispensées est désormais inscrit au dossier pharmaceutique même en l’absence d’ordonnance.

Autre mesure visant à restreindre la possibilité de stocker le paracétamol : les sites de vente en ligne adossés aux officines françaises n’ont plus la possibilité de distribuer le médicament par voie dématérialisée.

Cette mesure date aussi du 17 mars et concerne en plus du paracétamol, les spécialités à base d’acide acétyl salicylique (aspirine) et l’ibuprofène. Les textes prévoient qu’elle s’applique jusqu’au 31 mai 2020.

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