De nombreuses substances chimiques sont présentes dans notre alimentation, que cela soit dans les produits animaux ou végétaux. C’est le résultat des nombreuses étapes, depuis la production, en passant par la transformation, l’emballage et la distribution jusqu’à nos assiettes. Ainsi on va retrouver des traces ou ajouts plus ou moins importants de :
- Produits phytosanitaires comme les pesticides
- Médicaments vétérinaires
- Additifs et conservateurs
- Matériaux divers mis en contact avec les aliments
La réglementation a fixé des seuils d’acceptabilité concernant la présence des substances chimiques dans nos aliments, mais il faut être particulièrement vigilant s’agissant des aliments consommés par les femmes enceintes et les enfants puisque l’organisme d’un fœtus et d’un enfant est par essence en plein développement et que ce dernier peut être altéré par cette contamination chimique. En outre, il est désormais scientifiquement prouvé que les contaminants chimiques traversent la barrière placentaire et passent également à travers le lait maternel dans le cas des femmes qui allaitent leur bébé.
Conscient que l’exposition chimique représente un danger particulier pour les femmes enceintes et les enfants en bas-âge, l’ANSES (Agence nationale de la sécurité sanitaire, de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a réalisé en 2010 une Etude de l’Alimentation Totale (EAT) afin d’évaluer les expositions aux substances chimiques des enfants de moins de 3 ans. Il s’agissait d’analyser 670 substances dans l’alimentation consommée par la population au quotidien. Un risque a été identifié pour 400 substances testées avec un risque jugé tolérable dans 90% des cas mais 16 substances* sont dans le collimateur de l’ANSES, dont 9 considérées comme « préoccupantes ». De plus, il faut tenir compte de l’effet cocktail de ces substances qui, prises séparément, ne dépassent pas forcément les seuils d’acceptabilité, mais qui accumulées les unes aux autres pourraient se révéler réellement toxiques. Des études sur ce point restent à mener.
Si vous êtes enceinte ou que vous avez des enfants en bas-âge, voici quelques informations qui pourraient vous être utiles pour faire vos courses et préparer vos repas.
MOINS DE PESTICIDES DANS LE BIO ?
L’agriculture biologique autorise l’utilisation de pesticides mais uniquement d’origine naturelle, c’est-à-dire sans molécule de synthèse. Cela ne veut pas dire qu’ils sont inoffensifs puisque le but est bel et bien d’éliminer les nuisibles mais ils se dégraderaient plus rapidement et sont souvent moins puissants que les pesticides de synthèse autorisés en agriculture conventionnelle.
En outre le dernier rapport de surveillance de l’EFSA (European Food Safety Authority) montre qu’il y a quand même une différence notable entre l’agriculture conventionnelle et l’agriculture biologique. En effet, les échantillons analysés en agriculture conventionnelle montrent que 51% des aliments sont exempts de tout résidu de pesticides quantifiable tandis qu’en agriculture biologique 83,1% en était exempts.
ÉVITER LES PRODUITS TRANSFORMÉS, PARTICULIÈREMENT LES PRODUITS INDUSTRIELS
Les procédés de transformation et de conservation augmentent le risque de présence de contaminants chimiques et les industriels sont rarement transparents à propos des méthodes qu’ils utilisent. Cela peut cependant aussi arriver à la maison, lors d’une cuisson au barbecue par exemple, si l’aliment est en contact avec des produits de combustion comme la fumée. De fait, plus les produits que vous mangez sont transformés de façon industrielle et stockés ou transportés de façon parfois inadéquate (pouvant entraîner la formation de mycotoxines) et plus le risque de contamination augmente.
En outre, les industriels ont des enjeux marketing et de stockage qui les incitent bien souvent à abuser des colorants, des exhausteurs de goûts, des arômes ou des conservateurs qui sont rarement naturels.
Devenir acteur de votre santé par l’alimentation et maîtriser ce que contient votre assiette passe donc principalement par le fait de cuisiner vous-même des produits bruts aussi souvent que possible.
LIRE LES ÉTIQUETTES POUR ÉVITER ADDITIFS ET CONSERVATEURS
Cuisiner tout de A à Z à partir de produits bruts est idéal pour éviter au maximum les contaminants chimiques dans son assiette, mais la réalité est que l’on est parfois contraint d’acheter des aliments transformés.
Le mieux est donc d’apprendre à décrypter les étiquettes et à reconnaître ce que cachent certains noms et codes barbares. Ainsi, les fameux additifs dont le code commence par un E ne sont pas forcément des produits de synthèse, bien qu’ils le soient souvent. Par exemple, l’agar-agar qui est une algue servant de gélifiant, donc tout à fait naturelle, peut aussi être indiqué sous le code E406. En revanche, l’acide citrique, que l’on imagine tout simplement être du citron, est en réalité la plupart du temps un dérivé de micro-organismes comme le champignon Aspergillus niger, qui est de surcroît parfois transgénique, ainsi que l’explique Corinne Gouget dans son livre Additifs Alimentaires Danger.
Avoir à porter de main des outils comme ce livre ou des applications mobiles est souvent bien pratique. Ainsi pour faire ses courses, il peut être utile de télécharger des applis, comme Yuka, Buy or Not ou FRC Additifs, qui vous proposent de scanner les code-barres des produits qui vous intéressent et vous indiquent s’ils contiennent ou pas des additifs ou des conservateurs et si ces derniers sont dangereux pour notre santé, en l’état actuel des connaissances en tout cas. En outre, encore une fois, certains additifs sont peut-être sans grand risque pris séparément les uns des autres mais ne sont pas forcément inoffensifs pour nos organismes, et particulièrement ceux de nos enfants, une fois accumulés à travers l’ingestion de divers produits industriels consommés plusieurs fois par jour, tout au long de l’année.
L’alimentation biologique ne permet pas forcément d’échapper aux additifs puisque 48 additifs dont 4 de synthèse sont autorisés dans le bio. Cependant, dans les produits alimentaires du circuit conventionnels, ce sont plus de 300 additifs qui sont autorisés dans l’Union européenne.
ATTENTION À LA VAISSELLE ET AUX CONTENANTS QUE VOUS UTILISEZ
On n’y pense pas toujours, mais il peut y avoir une contamination chimique des aliments par contact des matériaux sur et avec lesquels les aliments sont préparés, cuits ou conservés. Il peut s’agir des citernes, ou silos, des tapis roulants, machines diverses, des appareils de cuissons, des emballages, etc. Cela concerne autant le chemin parcouru jusqu’à la maison que la façon dont nous les cuisons et les conservons ensuite dans nos cuisines.
L’exemple du bisphénol A a particulièrement fait parler du sujet ces dernières années. Cette substance chimique de synthèse est désormais interdite dans la fabrication et la commercialisation des biberons depuis 2010 et cette interdiction a été élargie pour tous les contenants alimentaires en 2012. Malheureusement, nous ne sommes pas encore certains que les matériaux qui servent à remplacer le bisphénol A soient inoffensifs.
Ainsi, si vous en avez encore dans vos placards, et bien que cela ne soit pas un geste très écologique, il vaut mieux vous débarrasser de vos vieux contenants en plastique contenant du bisphénol A possiblement reconnaissables s’ils sont marqués par l’anneau de Möbius comportant le nombre 7.
Dans le doute, le mieux est d’utiliser des biberons et contenants en verre quand c’est possible et d’éviter surtout de réchauffer les aliments, particulièrement ceux pour les bébés, dans des contenants en plastique. À la place, vous pouvez utiliser des plats en verre ou en grès. Sur la question du réchauffage des aliments, l’ANSES a d’ailleurs émis ces recommandations : Emballages alimentaires : un réchauffage à puissance trop élevée augmente le risque de migration de substances.
Concernant la cuisson, les ustensiles à revêtements antiadhésifs sont également sujets à polémique, surtout lorsqu’ils sont chauffés à très haute température ou lorsque qu’ils sont usés et que le revêtement risque de migrer dans les aliments. Pour éviter tout risque, vous pouvez cuisiner dans des poêles et casseroles en fonte ou en inox.
TROP D’ALUMINIUM DANS NOS ASSIETTES !
Bien que l’on en trouve à l’état naturel dans certains aliments comme le thé, le cacao ou les épinards, notre corps n’a pas besoin de cet élément pour fonctionner et l’élimine en très grande partie.
Cependant, de nos jours, nous y sommes beaucoup exposés. Or on soupçonne qu’une consommation excessive d’aluminium puisse être un facteur de risques pour certaines maladies comme la myofasciite à macrophages, certains problèmes neurologiques, l’autisme, l’ostéoporose, le cancer du sein, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI), le syndrome de l’intestin irritable, etc.
Il est en fait très possible que vous consommiez trop d’aluminium sans vous en rendre compte, puisque l’aluminium rentre dans la composition des certains additifs alimentaires, que vous pouvez y être exposé si vous utilisez du papier ou des contenants en aluminium, que des traces peuvent couler à travers les capsules d’aluminium de votre café, etc.
À tout ceci s’ajoute aussi l’aluminium contenu dans de nombreux cosmétiques, notamment dans les déodorants. Il est donc sans doute temps d’être vigilant…
*Les 16 substances à surveiller d’après l’étude de l’ANSES : arsenic inorganique, plomb, nickel, PCDD/F, PCB, mycotoxines T-2 & HT-2, acrylamide, déoxynivalénol et ses dérivés et furane, aluminium, cobalt, strontium, méthylmercure, le sélénium, le cadmium et génistéine chez les consommateurs de soja.
Retrouvez notre série d’articles dans notre article introductif au DOSSIER Femmes enceintes et enfants en danger face aux produits chimiques du quotidien
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